Le salon automobile biennal de Tokyo s'est ouvert mercredi, déserté par la quasi-totalité des constructeurs étrangers pour cause de difficultés économiques et de perte d'intérêt pour le marché nippon.

À l'exception des constructeurs de voitures sport allemand Alpina et britannique Lotus, du spécialiste américain des motos Harley-Davidson et d'une poignée d'équipementiers, aucun groupe étranger n'a daigné cette année faire le déplacement jusqu'au Salon de Tokyo, jadis considéré comme l'un des cinq ou six rendez-vous majeurs de l'industrie automobile mondiale.

 

Le salon a réduit de plus de la moitié sa surface d'exposition par rapport à la présentation de 2007, et n'accueille que 109 exposants, contre 241 il y a deux ans. Seuls 39 modèles sont dévoilés en première mondiale, contre 71 en 2007.

 

La dégringolade vertigineuse du marché automobile mondial en raison de la crise économique a amené la plupart des constructeurs à resserrer considérablement leurs dépenses promotionnelles.

 

«Il y a peut-être trop de salons automobiles. Ce genre de manifestation coûte beaucoup d'argent aux constructeurs, pour des retombées moins grandes que par le passé», explique l'analyste automobile indépendant Tatsuya Mizuno.

 

La désaffection du salon de Tokyo contraste, toutefois, avec le succès international de celui de Shanghai, en avril, où étaient présents pratiquement tous les grands constructeurs étrangers. «La Chine devient un marché de plus en plus important, à la fois pour la fabrication et la consommation. Le marché japonais n'est pas si attrayant», poursuit M. Mizuno.

 

Le Japon est en effet un terrain de chasse difficile pour les marques automobiles étrangères, qui n'ont représenté que 4,3% des immatriculations de véhicules neufs en 2008. Le marché nippon dans son ensemble est lui-même sur le déclin à cause, notamment, de la contraction démographique. Les immatriculations ont chuté de 5,1% sur un an en 2008, à 5,08 millions de véhicules, selon l'Association japonaise des constructeurs automobiles (JAMA).

 

Alors qu'ils se retrouvent presque exclusivement entre eux, les constructeurs japonais sont toutefois déterminés à prouver, à l'occasion du Tokyo Motor Show, que leur imagination reste intacte. Une industrie automobile créative et dynamique est vitale pour le Japon, où elle emploie près d'un habitant sur dix.

 

Les technologies respectueuses de l'environnement sont une fois de plus à l'honneur, avec deux camps bien marqués: ceux qui misent gros sur les voitures électriques, comme Nissan et Mitsubishi Motors, et ceux qui ont préféré mettre l'accent sur les motorisations hybrides, comme Toyota et Honda.