Ça paraît que GM vient d'euthanasier Pontiac. Jadis, GM se vantait du nombre de pouces cubes des gros V8 455 HO (7,5 litres!) qu'elle mettait dans ses «muscle cars» comme la GTO et la Firebird. Aujourd'hui, GM se pique d'avoir «le cerveau électronique le plus rapide de toute l'industrie» pour gérer l'injection d'essence de ses quatre-cylindres Buick... de deux litres.

«Un processeur intégré de 32 bits doté d'une mémoire flash de trois mégaoctets donne au microcontrôleur du moteur Ecotec 2.0 litres de la Buick Regal le débit de traitement le plus rapide de toute l'industrie automobile», claironne General Motors. Le constructeur de Detroit dit que cette matière grise permet une combustion optimale de l'essence dans chaque cylindre, donc un moteur aussi frugal, propre et vif que possible.

Donc, OUT les gros bras et les pouces cubes. IN les neurones et les mégaoctets.

Le microcontrôleur permet d'ajuster l'entrée d'air et l'allumage bien plus souvent, à chaque explosion dans chaque cylindre, même quand le moteur tourne à plein régime, soit 6350 tours/minute.

Le microcontrôleur du moteur Écotec a un peu les mêmes fonctions que l'unité centrale (le CPU, comme on dit...) d'un ordinateur personnel. Trois megs de mémoire flash à 128 MHz, ce n'est pas énorme: un coup d'oeil sur internet permet de trouver des PC de poche (comme le Dell X51v) qui ont une mémoire flash de 256 megs. Et certains gros ordis puissants (mais faits en série, rien de fait sur mesure), viennent avec une mémoire flash de 4000 megs.

«Trois megs de capacité, ça n'a pas l'air impressionnant, comme ça, mais il faut considérer l'environnement dans lequel on met ces contrôleurs, répond l'ingénieure Karla Wallace, la patronne de l'électronique des groupes motopropulseurs chez GM. Contrairement à un ordi ou un appareil domestique, les contrôleurs qu'on a mis dans nos moteurs sont construits pour être aussi fiables à une chaleur de 127 degrés celsius qu'à un froid de -40, durant toute la vie du véhicule.»

Autre différence, dit-elle, il a fallu les sceller à l'épreuve de l'air, de l'eau, du cambouis et des interférences électromagnétiques. «C'est ça, les paramètres de design», dit-elle, rappelant que GM a fait subir à son système des tests «du four au congélateur» et vice-versa, à répétition, tout en le bombardant d'ondes magnétiques pour vérifier que les cellulaires et autres gadgets embarqués ne confondraient pas le cerveau électronique du nouveau moteur.

Photo fournie par GM

Le microprocesseur monté à bord de la Buicjk Regal 2011 à moteur 2.0 litres.

En fait, GM a peut-être raison de se péter les bretelles, peut-être que c'est effectivement un bon coup. La compagnie dit (à la fin de sa communication à ce sujet) être allée chercher de l'expertise chez un sous-traitant spécialisé, Freescale Semiconductors, d'Austin, au Texas, pour obtenir la pièce-clef utilisée dans son microcontrôleur, une puce électronique censée être le nec plus ultra dans le domaine automobile.

«On a travaillé avec GM pour lui fournir le microcontrôleur le plus puissant parmi tous ceux qui sont actuellement en production», a dit Ray Cornyn, le directeur des microcontrôleurs automobiles chez Freescale Semiconductor. À l'intérieur, Freescale a mis une puce électronique, qui porte le nom de Qorivva MPC5566. Mais GM a donné à cette puce électronique un nom un peu moins impersonnel (et un peu plus destroy) de «Viper».

Andy North, de Freescale, a dit à La Presse que la puce électronique utilisée par GM dans son microcontrôleur est en production depuis mai 2006 et qu'elle utilisée par d'autres constructeurs automobiles. Mais GM a conçu elle-même le produit final, son propre microcontrôleur.

Progrès énormes

Les autres constructeurs ont sûrement des gadgets du même genre, mais l'innovation dont GM se félicite permet de mesurer le chemin parcouru dans l'informatique automobile. En 1980, le premier module de contrôle électronique mis dans un moteur de GM avait une mémoire de 4 kilo-octets (0,00391 meg!) et exécutait un million d'opérations par seconde. «Aujourd'hui, les nombreux modules de contrôle électronique dans une voiture GM calculent 125 millions d'opérations par seconde», dit GM, qui ajoute que le module de contrôle électronique de la Buick Régal interagit avec 12 microcontrôleurs distincts, qui gèrent la température du moteur et de l'habitacle, ainsi que le fonctionnement de la transmission, des freins et même de la carrosserie.

Illustration fournie par GM

Le quatre cylindres 2,0 litres qui équipe la Buick Regal 2011.