Au détour d'une allée de l'un des pavillons du Kolnmesse, l'immense centre d'exposition de Cologne où se déroulait le salon Intermot (International Motorcycle, Scooter and Bicycle), notre regard se porte sur un objet familier. Un Spyder, de Can-Am. Avec tout autour des hôtesses et des représentants vêtus aux couleurs du constructeur de Valcourt. Mais tout ce beau monde parle allemand. Comme il se doit, bien évidemment. Mais le jaune de Bombardier est tellement associé au Québec qu'on est surpris, malgré nous, de voir cet imposant kiosque surgir à plus de 6000 km de chez nous.

«Nous avons une place de choix dans le marché des sports motorisés en Europe, indique Bernard Leblanc, vice-président et directeur général régional pour l'Europe de l'Ouest, le Moyen-Orient et l'Afrique. Il y a plusieurs enthousiastes, notamment en Allemagne et France, les plus gros marchés européens de sports motorisés.

«Nous possédons une bonne image de marque en Europe, celle d'un constructeur haut de gamme, poursuit M. Leblanc, absent à Intermot mais joint au téléphone alors qu'il était de passage à Montréal. Le marché européen est plus petit que celui de l'Amérique du Nord, mais notre part de marché y est plus grande en proportion que dans certains marchés nord-américains.»

Difficultés en Europe

Présent en Europe depuis la fin des années 90, Bombardier Produits Récréatifs a ses propres concessionnaires depuis 2005. Bien que 10 fois moins important qu'en Amérique du Nord, le marché européen est essentiel pour BRP, qui veut y assurer une présence à long terme, malgré les problèmes économiques vécus actuellement dans les vieux pays. «L'industrie s'en est ressentie, admet Bernard Leblanc. Que ce soit la moto, le VTT ou les sports nautiques, on a connu des baisses. La crise de 2008 a été le point de départ, et la crise de la dette souveraine européenne s'est avérée aussi problématique. Mais on y demeure investis avec la même ardeur. C'est un investissement à long terme, bien ancré dans la fibre européenne.»

Le client européen est néanmoins approché de la même façon que son homologue nord-américain. À quelques différences près: «Nous visons la même clientèle, explique M. Leblanc. Elle recherche les bénéfices associés au leader de l'industrie. On reprend donc nos meilleures pratiques. Avec des subtilités européennes, notamment quant aux zones d'utilisation, plus souvent urbaines et souvent beaucoup moins vastes qu'en Amérique du Nord.»

À court terme, BRP entend continuer de progresser dans ses parts de marché, après quoi on espère à moyen terme retrouver la croissance. «On a confiance que ça va revenir, les gens aiment leurs loisirs, ils vont se remettre à consommer comme par le passé, ce n'est qu'une question de temps.»

Le quad québécois: synonyme de qualité

Un peu plus loin, on arrive devant un kiosque qui claironne haut et fort son origine: Quad Canada et Quad Québec, fabricant d'accessoires de VTT et de «côte-à-côte» situé à Saint-Cyrille-de-Lessard, près de Montmagny, qui vise tout particulièrement les marchés européens.

«Le marché canadien des accessoires de quad a 25 ans d'avance, insiste Émilie Jacob, présidente de Quad Québec, filiale de Quad Canada qui se concentre sur le marché français. L'image des produits canadiens est gage de qualité pour les Européens, qui se méfient de plus en plus des produits bon marché fabriqués en Chine.»

Relativement peu connu chez nous, Quad Canada est en affaires depuis 1999 et vend annuellement 10 000 coffres de quad en France seulement. «Nous sommes l'un des plus importants acteurs sur le marché français», soutient Mme Jacob. À sa première présence en tant qu'exposant à Intermot, l'entreprise espère étendre ses activités à l'Allemagne et la Belgique, notamment.

Lito et sa moto électrique

Une autre entreprise québécoise qui a profité d'Intermot pour faire le plein de contacts en plus de se faire connaître du public européen est Lito Green Motion, constructeur de la Sora, moto 100% électrique haut de gamme de conception entièrement québécoise. «Jusqu'à maintenant, près de 45% des demandes pour notre moto nous sont venues d'Europe, explique Jean-Pierre Legris, président de la petite entreprise de Longueuil. On cherche donc à mettre un réseau en place de ce côté-ci de l'Atlantique.»

M. Legris espère vendre annuellement entre 50 et 100 Sora, qui a récemment reçu le Grand Prix d'innovation Rio Tinto Alcan, «une belle reconnaissance», se réjouit-il, tout en espérant que cela permettra de faire gonfler les ventes chez nous. Malgré les qualités de la Sora autant au niveau du design, de sa finition, de sa performance et de son autonomie, le carnet de commandes québécoises de la moto vendue à 43 000$ reste vierge. Comme quoi nul n'est prophète en son pays.

Photo Pierre-Marc Durivage, La Presse

Quad Canada et Quad Québec, fabricant d'accessoires de VTT et de «côte-à-côte» situé à Saint-Cyrille-de-Lessard, près de Montmagny, était bien présent à Cologne.