Bombardier Produits Récréatifs et TM4, deux fleurons de l'industrie des transports du Québec, s'unissent pour développer la motorisation électrique du Spyder hybride.

Le projet du roadster écolo avait été lancé l'an dernier par BRP, mais le développement du moteur vient d'être confié à TM4, une filiale d'Hydro-Québec qui collabore déjà avec les constructeurs automobiles Tata et PSA Peugeot Citröen.

«Le développement du moteur électrique du Spyder hybride nécessite une vaste expertise, a expliqué Denis Morin, vice-président Ingénierie de produits chez Bombardier Produits récréatifs. TM4 nous permettra ainsi de bénéficier d'un important soutien en ingénierie. Nous aurions pu faire affaire avec un autre partenaire, mais TM4 nous offre la proximité, le soutien et la coopération qui en fait l'associé idéal.»

Le gouvernement du Québec, en vertu du programme de démonstration des technologies vertes visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre, donne quant à lui un coup de pouce à BRP et TM4 en investissant 1,3 million de dollars au projet. La ministre des Ressources naturelles Martine Ouellet en a fait l'annonce elle-même jeudi à la Conférence canadienne sur les véhicules électriques, au Palais des Congrès de Montréal.

Le développement du Spyder hybride est particulièrement complexe, car il faut y installer à la fois un moteur conventionnel thermique et un moteur électrique. «C'est un exercice d'ingénierie extrêmement poussé. C'est notre mandat le plus exigeant», a soutenu Pascal Ranger, directeur général du Centre de technologies avancées BRP-Université de Sherbrooke, qui est responsable de l'intégration des systèmes et composantes de la motorisation électrique du Spyder hybride.

Pas question non plus de modifier de fond en comble le Spyder pour faire place au moteur électrique. «Si on devait repartir à zéro avec un nouveau moteur à essence, ça ne finirait plus, a averti M. Morin. On a tout de même un plan d'affaires à respecter. C'est pourquoi on a choisi de travailler à partir d'une mécanique existante.» On parle ici du bicylindre Rotax 600cc ACE à quatre temps, qui équipe les motoneiges les plus écoénergétiques de BRP mais qui serait ajusté pour le roadster. Par contre, BRP ne rejette pas l'idée de proposer à terme un Spyder 100% électrique.

Selon Denis Morin, le partenariat avec TM4 permettra d'accélérer le rythme de développement du Spyder hybride. On est actuellement à l'an 2 d'un plan étalé sur quatre ans, après quoi BRP décidera si le projet mérite d'être commercialisé.

On est optimiste chez BRP, mais pas question de brûler les étapes: «Nous voulons arriver avec un produit fini haut de gamme, en fonction de nos standards, a soutenu M. Morin. Nous ne pouvons pas précipiter le lancement du produit. On ne doit rien laisser au hasard. Même la signature sonore du véhicule doit être pensée et développée.»

Le moteur développé par TM4 pourrait éventuellement se retrouver ailleurs dans la gamme BRP. «Il est permis de penser que d'autres applications pourraient découler du développement du Spyder hybride, même s'il n'y a rien sur la table actuellement, a reconnu M. Morin. Une motomarine hybride est un bon exemple; elle pourrait utiliser son seul moteur électrique quand vient le temps de naviguer à basse vitesse dans une marina.»

Tout comme le eCommander, véhicule côte-à-côte 100% électrique actuellement vendu par BRP, le Spyder hybride est développé par l'équipe du Special Vehicle Group, dans les bureaux de BRP à Sherbrooke, qui emploie jusqu'à 20 employés, selon les besoins. Ce groupe pourra d'ailleurs être appelé à développer en faible volume des véhicules à usage particulier.

La moto électrique, géant du 21e siècle

Le développement d'un Spyder hybride ou électrique pourrait par ailleurs profiter de l'engouement de la moto électrique, identifiée comme l'un des secteurs les mieux adaptés à la motorisation électrique des véhicules. L'un des ateliers de la Conférence canadienne sur les véhicules électriques était justement intitulé «La moto électrique, le géant des véhicules électriques du 21e siècle». Les études dévoilées, notamment réalisées par les consultants de Pikes Research, ont révélé qu'il y aura en 2016 plus de 50 millions de véhicules électriques à deux roues en Chine seulement, et 100 000 aux États-Unis. L'an dernier, il y en avait 21 millions en Chine et seulement 8000 chez nos voisins du sud.

Le Spyder a beau avoir trois roues, il n'y a pas de doute que la logique s'applique ici aussi. Il faut donc souhaiter que le projet de BRP et de TM4 ne se retrouve pas sur une tablette...