Personne n'a pleuré son départ à l'été 2009. Ni réclamé son retour. Quelle importance, Nissan refuse d'abdiquer. Il nous ramène la Quest - sa quatrième - dans l'espoir que celle-ci soulève la poussière sur nos routes et non qu'elle s'en recouvre sur les terrains des concessionnaires. Comme ce fut le cas pour les trois générations qui ont précédé ce nouveau modèle.

Nissan prétend avoir retenu la leçon. Cette fois, pas question d'offrir une fourgonnette aux accents futuristes comme sa précédente réalisation. Le constructeur opte plutôt pour un modèle que les acheteurs choisiront pour des raisons pratiques: obtenir un espace sur roues agréable pour la famille. Toute la famille! La maman n'étant plus d'humeur à passer pour une soccer mom et le papa à jouer les «chauffeurs d'autobus». Il a donc fallu rapprocher la fourgonnette de l'univers des «vraies» voitures, pour accrocher un sourire aux occupants des places avant.

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Pour ce faire, Nissan habille avec une certaine élégance la carcasse du gros monovolume. Dans la foulée de Toyota et de Honda, le constructeur offre un design dépouillé, mais expressif.

De profil, les lignes supérieures sont élancées. Le rembrunissement des montants (B, C et D) donne l'impression que la voiture est moins haute et que le toit se trouve en suspension. Cette simplicité du trait, que l'on trouve notamment dans le souci de limiter les surfaces vitrées, s'inscrit dans la démarche générale des stylistes japonais. Ils s'efforcent désormais de «nipponiser» leur style après s'être longtemps préoccupés de ne déplaire à personne.

Gadgets et autres attraits

La possibilité de configurer l'habitacle et la quantité des accessoires offerts sont appréciées des grands comme des tout-petits. Toutefois, dans ces deux domaines, la Quest n'innove guère. Le réceptacle permanent logé derrière la troisième banquette est du déjà vu. Celui conçu par Nissan s'avère toutefois nettement mieux intégré à l'ensemble que ce qui se voit chez les concurrents.

La qualité maîtresse de la Quest repose toutefois essentiellement sur la rapidité avec laquelle son habitacle se transforme pour le transport de passagers ou de marchandises. La Quest, selon la version, offre le choix de tirer sur une sangle ou d'appuyer sur un bouton pour abattre les dossiers de la banquette, comme une auto. Rien de compliqué, pas plus que d'effacer les deux fauteuils ancrés dans la portion médiane de l'habitacle pour augmenter le volume utilitaire.

Une fois rabattue, la banquette crée un «faux» plancher qui nuit toutefois à la Quest en regard de ses concurrentes. À titre d'exemple, l'Odyssey de Honda, autre nouveauté dans ce créneau en 2011, offre jusqu'à 35% plus d'espace utilitaire que la Quest. C'est énorme.

La Quest est-elle bien une fourgonnette? Elle en a la taille, pas la polyvalence.

Quatre modèles

Quatre versions (S, SV, SL et LE) se disputent votre entrée de garage. Naturellement, les enfants préféreront la LE (la plus chère!) pour l'abondance de ses accessoires. Votre banquier aura peut-être une autre opinion.

Tous se mettront sans doute d'accord pour éviter les versions d'entrée de gamme (S et SV), lesquelles comportent plusieurs carences au chapitre des équipements. Des exemples? Absence d'une caméra de recul, d'un dispositif téléphonique mains libres et d'un système de divertissement.

Il faut compter au bas mot 40 000$ pour prendre véritablement plaisir à voyager à bord de cette fourgonnette. Voilà qui pèse bien lourd sur le budget familial.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Une fois rabattue, la banquette crée un «faux» plancher qui nuit à la Quest en regard de ses concurrentes.

Inscrite dans la même fourchette que ses concurrentes japonaises (de 30 000$ à 50 000$), la Quest offre une seule configuration: sept places. Les autres en présentent également une autre (huit passagers), plus satisfaisante aux yeux des parents qui souhaitent garder toute leur marmaille à l'oeil et à proximité.

Pourquoi ne pas offrir huit places alors? Pas assez d'espace. La Quest est sans doute la plus haute des fourgonnettes, elle est aussi la plus étroite et loger une banquette pleine largeur dans la partie centrale du véhicule serait difficile.

De toutes les fourgonnettes actuellement sur le marché, la Quest figure parmi les championnes de la présentation et de la qualité de l'assemblage. À ce sujet, mentionnons que Nissan assemble cette quatrième génération de fourgonnette au Japon et non aux États-Unis, comme c'était le cas auparavant.

Passage obligé?

Devenue un peu conservatrice et, à la longue, moins excitante à conduire, la fourgonnette a perdu la cote des parents, moins enclins à conduire un véhicule choisi par leurs enfants...

Au Canada, elle n'est plus le succès de vente d'autrefois, pas plus qu'ailleurs dans le monde. Les affaires vont mal, mais la demande subsiste. D'ailleurs, ce segment de marché a connu l'année dernière sa première embellie en cinq ans. Voilà qui conforte Nissan dans son choix de réinvestir dans ce créneau perçu par de nombreuses familles (et familles nombreuses) comme un passage obligé.

Version améliorée

Remarquablement améliorée sur le plan technique mais maladroitement sculptée, la Quest lancée en 2004 n'est jamais parvenue à faire aussi bien que ses rivales. La nouvelle version vise mieux. Comme son aînée, elle reprend intégralement la plateforme des Altima, Maxima et Murano. Celle-ci (nom de code D) représente une évolution de la précédente (FF-L) et n'entraîne, dans ce cas-ci, que les roues avant.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

De toutes les fourgonnettes actuellement sur le marché, la Quest figure parmi les championnes de la présentation et de la qualité de l'assemblage.

Avec cette plateforme - naturellement modifiée pour asseoir une carrosserie aussi volumineuse - vient la quincaillerie mécanique habituelle, à savoir le V6 3,5 litres et la boîte à variation continue (CVT). Un groupe motopropulseur réputé fiable et suffisamment costaud pour parcourir des milliers de kilomètres sans panne. Ce moteur de 260 chevaux se révèle creux à bas régime et ne s'anime réellement que lorsque l'aiguille du compte-tours franchit le cap des 3000 tours-minute.

Conséquence: l'accélération manque d'entrain et les reprises, de mordant. Pourtant, l'effet de couple ressenti dans le volant (celui-ci tire dans une direction contraire aux souhaits du conducteur) donne plutôt l'impression contraire.

Sortez le chronomètre. La Quest met près de neuf secondes pour atteindre la vitesse maximale autorisée sur nos voies rapides...

Sur une note plus positive, la consommation a été réduite de 10% sur route et de 4% en ville, selon Nissan. Bravo! Cela n'en fait pas un modèle de sobriété pour autant.

Sur la route, les craquements de la génération antérieure ont disparu. La structure plus rigide associée à des voies avant et arrière plus larges - pour plus de stabilité - assure un toucher de route rassurant. Les mouvements de caisse sont bien contenus et les changements de cap se font précisément, sans avoir cette impression de balancer un navire dans la houle. Autre point positif: le diamètre de braquage étonnamment court permet de garer le véhicule aisément.

Le problème de la Quest - et de ses semblables japonaises -, c'est certes son encombrement et son prix. Mais aussi son côté un peu démodé.

Jadis, la fourgonnette faisait figure de véhicule familial poliment décalé. Elle était populaire auprès des conducteurs voulant exprimer leur statut social à travers un style de vie et un cocon protecteur plutôt qu'à travers les lignes d'une grosse berline anonyme. Aujourd'hui, la tendance est aux véhicules qui en imposent davantage: les multisegments. Ceux-ci, parfois un tantinet surdessinés, ont conquis les familles, plus soucieuses de leur image que de l'espace intérieur dont elles ont besoin. Pour les autres, il y a la Quest.

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Nissan Canada.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Le V6 3,5 litres, réputé fiable et suffisamment costaud pour parcourir des milliers de kilomètres sans panne, se révèle creux à bas régime. Conséquence: l'accélération manque d'entrain et les reprises, de mordant.

ON AIME

> La présentation - léchée

> Le confort et le silence de roulement

> L'espace utilitaire facile à configurer

ON AIME MOINS

> L'effet de couple dans le volant

> Le volume utilitaire en deçà de la moyenne

> Les versions de base restreignantes au chapitre des accessoires

CE QU'IL FAUT RETENIR

> Fourchette de prix: 30 000 $ à 45 000 $ (estimation)

> Frais de transport et préparation: n.d.

> Version essayée: LE

> Garantie de base: 36 mois/60 000 km

> Consommation obtenue dans le cadre de l'essai: 12,1 L/100 km

> Dans les concessions: d'ici quelques semaines

> Moteur: V6 DACT 3,5 litres

> Puissance: 260 ch à 5200 tr/min

> Couple: 240 lb-pi à 4800 tr/min

> Poids: 2063 kg (LE)

> Rapport poids-puissance: 7,93 kg/ch

> Mode: traction (roues avant motrices)

> Transmission de série: automatique CVT

> Transmission optionnelle: aucune

> Direction/Diamètre de braquage: crémaillère/11,1 mètres (roues de 18 pouces)

> Freins: disque/disque

> Pneus: 235/55R18 (LE)

> Capacité du réservoir (L)/essence recommandée: 76 litres/ordinaire

> Capacité de remorquage maximale: 1588 kg

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale