Son image très "Paris-Dakar", l'épreuve de rallye-raid dans laquelle le constructeur a souvent brillé, contribue au succès de l'Outlander. Y compris sur notre territoire. Voilà un modèle pratique, assaisonné d'un zeste d'esprit aventurier et d'une pincée de dynamisme. Parfait? Hélas, non!

Fort du crédit accumulé par Mitsubishi sur le marché du tout-terrain, l'Outlander au capot proéminent sort de la norme. Elle associe les avantages de la fourgonnette (certaines versions sont équipées d'une troisième banquette) et les sensations de conduite d'une berline.

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La silhouette est élancée, avec une ceinture de caisse haute et une ligne de toit légèrement fuyante. Mais la face avant est massive à la faveur d'une refonte opérée l'an dernier. La calandre triangulaire s'inspire de l'univers aéronautique - thème récurrent dans l'automobile - et plus précisément des avions de chasse F-2 fabriqués par la société soeur, Mitsubishi Heavy Industries. L'ensemble conserve néanmoins de la cohérence et une certaine prestance. Dommage que l'habitacle n'ait pas autant évolué que l'allure extérieure. Il manque d'imagination et se satisfait d'un style passe-partout avec lequel la plupart des autres constructeurs japonais s'efforcent pourtant de rompre. Le tout s'habille de matériaux de qualité moyenne. Trop moyenne, si l'on considère le prix demandé, surtout pour la version haut de gamme - XLS - la plus intéressante techniquement. Nous y reviendrons plus en détail. Demeurons à bord pour le moment.

La présentation intérieure, que certains jugeront simpliste, comporte un avantage. Les principales commandes sont faciles à identifier et correctement disposées dans l'environnement du conducteur. La grosse robinetterie qui commande la climatisation et l'aération de l'habitacle sont nettement plus agréables à utiliser que les touches «piano» de la navigation - dont l'écran mériterait de se faire coiffer d'une casquette pour faciliter sa consultation lors des journées ensoleillées - et de la sono.

Les baquets avant offrent un confort acceptable, tout comme la banquette ancrée juste derrière. C'est derrière celle-ci que cela se gâte. La troisième rangée de sièges, qui s'invite à bord de certaines versions, est difficile à atteindre et il est encore plus compliqué de s'en extraire. Cette troisième banquette sert uniquement au dépannage. Et encore.

En outre, sa présence réduit considérablement le volume de chargement. Par chance, on peut la ranger sous le plancher pour gagner de l'espace. Beaucoup d'espace.

Puisque nous y sommes - dans le coffre -, abordons une autre originalité de ce multisegment: son hayon à double ouverture. La partie supérieure s'ouvre de manière classique (bas en haut) alors que pour sa portion inférieure, c'est l'inverse. Comme le battant d'une camionnette. Capable de supporter le poids d'un lutteur sumo, ce panneau peut servir de banc pour le ciné-parc ou un tailgate party.

Une Evo montée sur des échasses?

Malgré sa masse, cet Outlander surprend agréablement par sa maniabilité sur route comme lors des manoeuvres de stationnement, pour peu que l'on opte pour la version XLS - oui, la plus chère -, la seule à disposer de l'un des rouages à quatre roues motrices les plus sophistiqués mis au point par Mitsubishi: le S-AWC. Celui-ci diffère de «l'autre» mode intégral (AWD tout court, c'est inscrit sur le hayon) offert sur les Outlander les plus économiques. Mais là n'est pas le seul attribut de cette version XLS qui peut également compter sur une monte pneumatique plus agressive pour s'agrafer au bitume.

Mais revenons un instant sur le système S-AWC. Celui-ci distribue puissance et couple aux quatre roues en permanence - et pas juste quand le véhicule détecte une perte de motricité - et comporte un différentiel avant actif. En outre, on retrouve sur la console centrale une molette qui permet notamment de verrouiller les trains roulants, autre caractéristique propre à ce modèle.

Extrêmement productif, ce dispositif figure parmi les plus efficaces et les plus sûrs offerts dans l'industrie automobile. Rien de moins. Il contribue grandement au dynamisme du véhicule. Une question demeure: en avez-vous réellement besoin? Sans doute pas.

À moins d'être un mordu de la conduite dans des conditions routières difficiles (pluie, neige, glace), peut-être n'apprécierez-vous jamais ce bijou de technologie à sa pleine valeur. Bijou? Oui, puisque le fait de se retrouver sur la seule version XLS, force le consommateur à payer plus cher encore, autour de 5000$ supplémentaires. Bien entendu, cette somme n'implique pas seulement ce rouage intégral. Il intègre aussi d'autres équipements, dont des phares au xénon, la climatisation automatique et les essuie-glaces à détecteur de pluie.

En optant pour la XLS cependant, il faut composer avec le V6 3 litres (230 chevaux), seule mécanique disponible. Ce moteur réputé robuste n'en beurre pas épais sur le plan technique. Son rendement volumétrique modeste laisse penser que son développement s'est arrêté il y a quelques années déjà. Certaines mécaniques quatre cylindres suralimentés par turbocompresseur affichent des performances autrement plus convaincantes que ce brave 3 litres dont la robustesse est la qualité première. D'une douceur appréciable et d'un fonctionnement sans histoire, ce 3 litres consomme trop et exige, pour donner son plein rendement, qu'on l'abreuve de super. En revanche, il file le parfait bonheur avec la boîte semi-automatique à six rapports qui l'accompagne. Celle-ci permet une sélection manuelle par des palettes au volant.

Malgré certaines lacunes - la consommation surtout -, cette combinaison moteur-boîte demeure la mieux adaptée à l'Outlander. Plus encore que le quatre cylindres 2,4 litres (168 chevaux) qui s'époumone dès que la route commence à grimper. Et ce moteur est uniquement associé à une boîte à variation continue (type CVT) à la fois criarde et déplaisante. De plus, il réduit la capacité de remorquage du véhicule qui passe de 1588 (V6) à 907 kg. En revanche, sa consommation en hydrocarbures est moindre.

Pratique, équilibré et généreusement garanti, l'Outlander mérite une place sur votre liste d'achats, mais nous doutons qu'il doive occuper la première. Ses mécaniques méritent un bon coup de plumeau. Son habitacle aussi.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

La présentation intérieure, que certains jugeront simpliste, comporte un avantage. Les principales commandes sont faciles à identifier et correctement disposées dans l'environnement du conducteur.

CE QU'IL FAUT RETENIR

Fourchette de prix: 25 498$ à 34 498$

Transport et préparation: 1459 $

Version essayée: XLS

Garantie de base: 5 ans/100 000 km

Consommation obtenue lors de l'essai: 11,8 L/100 km

Pour en savoir plus: www.mitsubishicars.ca

SURVOL TECHNIQUE

Moteur: V6 SACT 3 litres

Puissance: 230 ch à 6259 tr/min

Couple: 215 lb-pi à 3750 tr/min

Poids: 1715 kg

Rapport poids-puissance: 7,4 kg/ch

Mode: Intégral (4 roues motrices)

Transmission (série): Semi-automatique 6 rapports

Transmission (optionnelle): Aucune

Direction/braquage: Crémaillère/10,6 mètres

Freins (av-arr): Disque/disque

Pneus: 225/55R18 (XLS)

Capacité de remorquage: 1588 kg

Capacité/type de carburant: 60 litres/super

ON AIME

Garantie alléchante

Rouage intégral efficace

Comportement routier

ON AIME MOINS

Finition perfectible

Troisième banquette de dépannage

Consommation élevée (V6)

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Le V6 3 litres du Outlander, réputé robuste, n'en beurre pas épais sur le plan technique. Son rendement volumétrique modeste laisse penser que son développement s'est arrêté il y a quelques années déjà.