Dès le premier regard, le design extérieur de la Volvo S60, fraîchement renouvelée, est gagnant comparé à celui de l'Audi A4 à laquelle nous avons décidé de la confronter dans le cadre de notre match du mois. La présentation de l'habitacle séduit tout autant. Les garnitures moussées et de cuir sont de grande qualité; les baquets, impeccables. Ni trop durs ni trop mous. Juste parfaits. La suédoise est non seulement la plus conviviale, la plus agréable à vivre, mais aussi la mieux équipée des deux.

Pour nous séduire, la S60 adopte en effet des proportions légèrement différentes de celles du modèle précédent. Et par rapport à l'A4 d'Audi? La S60 est plus haute (+57 mm), plus large (+38 mm) et, hélas, aussi plus lourde (+130 kg) que sa rivale. L'empattement de la S60, pourtant allongé depuis sa refonte l'automne dernier, demeure en retrait cependant face à l'A4 (-32 mm). En revanche, les voies conservent des valeurs importantes, toujours plus larges que celles de sa rivale d'un jour. Tout cela, marié à une esthétique de coupé à quatre portes aux flancs bien épaulés, produit une voiture fort attrayante.

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La S60 se trouve à la fine pointe du progrès en matière de protection des occupants avec son dispositif de sécurité «Détection piéton». Celui-ci, capable de détecter, d'alerter et d'assurer un freinage automatique pour éviter des piétons, se compose d'un radar, d'une caméra et d'une unité centrale. Le radar a pour fonction de détecter tout objet dans le champ du véhicule et d'en mesurer la distance relative. La caméra détermine la nature de l'objet. Le système est programmé pour prendre en compte les véhicules, qu'ils soient à l'arrêt ou circulant à contresens. Le système détecte aussi les enfants, et demeure actif jusqu'à une vitesse maximale de 35 km/h.

À bord de la S60, on reconnaît le savoir-faire et le bon goût Volvo.

Audi cultive de son côté une certaine austérité. Le sérieux de la construction ne fait aucun doute, mais un zeste de fantaisie n'aurait déplu à personne.

La S60 offre également, à l'avant comme à l'arrière, des assises plus confortables. En revanche, le dégagement est plus compté qu'à bord de l'A4, pourtant loin d'être une référence dans ce domaine.

Cela dit, quatre adultes seulement trouveront plaisir à voyager à bord de ces deux véhicules. Pas un de plus. Et leurs bagages? Volvo et Audi font ici presque jeu égal. En revanche, lorsqu'il s'agit de trouver une place pour le portable, l'iPod et tous ces accessoires de la vie moderne, la S60 s'avère la plus accueillante avec ses nombreux rangements.

Au terme de ce premier round, la S60 l'emporte face à l'A4. Celle-ci doit s'incliner en raison du manque de moelleux de ses sièges, de ses rangements peu pratiques et son très faible nombre d'accessoires de série, étant donné le prix affiché par sa concurrente.

 

Classe de neige

Le rouage intégral n'est plus l'apanage d'Audi. Ce dernier veut nous faire croire que son expertise dans ce domaine demeure inégalée. Est-ce bien la vérité? Oui. Mais encore faut-il apporter certaines nuances. Au quotidien, très peu d'automobilistes apprécieront la différence entre le dispositif imaginé par Audi et celui offert par Volvo. Par contre, dans le cadre d'une utilisation sportive, le rouage intégral d'Audi est sans contredit l'un des plus performants et ce, que les dispositifs électroniques (antipatinage, correcteur de stabilité, etc.) soient actifs ou non. Grâce à sa gestion électronique très progressive qui autorise une plus grande latitude au volant, l'allemande s'avère plus agile et plus équilibrée.

Le rouage intégral de la suédoise est du genre «à ne prendre aucun risque». La moindre dérive est immédiatement corrigée. Si vous aimez conduire, ce système vous paraîtra (beaucoup) trop contraignant. En revanche, si la conduite hivernale vous donne des boutons, alors là vous apprécierez son empressement à se mettre en action.

La comparaison entre les dispositifs de nos deux protagonistes confirme si besoin est que les rouages à quatre roues motrices ne naissent pas tous égaux. Nos essayeurs ont tranché en faveur du système Quattro d'Audi qui, unanimement, a été reconnu comme le meilleur compromis entre agrément de conduite et sécurité active.

Sur le plan des performances pures, le six-cylindres en ligne de la Volvo s'est révélé - êtes-vous surpris? - le plus vif. Le plus gourmand aussi. Si cette mécanique a du coeur, il lui manque une âme, une voix plus mélodieuse et un estomac plus grand pour lui assurer une meilleure autonomie.

Le moteur suralimenté de la Volvo s'arrime uniquement à une transmission semi-automatique à six rapports. Dans le cadre d'une utilisation normale, celle-ci se révèle exquise et file le parfait bonheur avec le moteur qui l'accompagne. Cependant, dès que le conducteur sort le fouet, elle s'affole. Elle manque alors de vivacité et tire mollement sur ses rapports.

Malgré sa cylindrée moindre (2 litres), le quatre-cylindres suralimenté de l'A4 se tire bien d'affaire grâce à un rapport poids/puissance avantageux et à une consommation nettement moindre. Solide et coupleux, ce moteur ne nous fait aucunement regretter le V6 offert par Audi sur certaines des versions de l'A4. Le 2-litres suffit amplement à la tâche, même s'il s'avère moins soyeux. Cela dit, comme la Volvo, l'Audi ne s'alimente que d'essence super.

Audi propose, moyennant supplément, une boîte semi-automatique à huit rapports, parfaitement étagée. De série, on trouve une transmission manuelle à six rapports. Celle-ci offre un rendement sans histoire, mais nous lui préférons tout de même l'automatique, mieux adaptée à la courbe de puissance du moteur suralimenté.

 

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Sur le plan des performances pures, le six-cylindres en ligne de la Volvo s'est révélé le plus vif. Le plus gourmand aussi. Si cette mécanique a du coeur, il lui manque toutefois une âme.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Malgré sa cylindrée moindre (2 litres), le quatre-cylindres suralimenté de l'A4 se tire bien d'affaire grâce à un rapport poids/puissance avantageux et à une consommation nettement moindre.

Sur la route, la S60 devance sa rivale au chapitre du confort. Cependant, dès le premier virage, la S60 montre qu'il s'agit bien d'une Volvo nouvelle génération. Sur le plan dynamique, elle n'aura aucune peine à vous faire oublier la génération précédente, mais reconnaissons tout de même qu'elle suinte à grosses gouttes en cherchant à suivre le rythme de l'Audi sur un parcours tourmenté. La faute incombe notamment à une répartition de poids moins équitable entre les essieux et à une direction - au demeurant d'une belle précision - qui manque de linéarité. L'autre talon d'Achille de cette Volvo réside dans son fort rayon de braquage qui rend l'exécution de certaines manoeuvres parfois très pénible. En d'autres mots, elle braque mal.

Cela dit, le meilleur compromis est atteint par l'A4, mais à la condition de cocher au moment de l'achat l'option Drive Select. Elle permet d'optimiser son efficacité sur une route tortueuse. Ce dispositif agit en simultanée sur plusieurs paramètres (amortissement, assistance de direction, rapidité des changements de vitesse, etc.). A priori, on serait tenté de croire qu'il s'agit là d'un - autre - gadget, mais le mode individuel (il y en a trois autres) chasse cette impression. Comme son nom l'indique, il permet de personnaliser les réglages en fonction du terrain ou de votre coup de volant. Puisque nous vous incitons à la dépense, nous vous recommandons, chez Volvo, la suspension pilotée Four-C (NDLR: offerte à bien meilleur prix que le Drive-Select). Celle-ci, à l'instar du système offert par Audi, permet de régler le châssis à partir de paramètres précis et pimente, du coup, la conduite.

L'addition, s'il vous plaît!

Des deux, l'A4 est la plus chère. Par chance, sa valeur de revente est conséquente et elle offre même le luxe de ne pas nous faire payer les révisions pendant la première année. Volvo fait mieux? Pas du tout, chacune de vos visites à l'atelier vous sera facturée. Par contre, son coût d'acquisition est, faut-il le rappeler, le moins élevé.

Cela dit, dans des conditions hivernales, l'A4 mérite pleinement sa première place et ce, en dépit de son prix élevé. À ce sujet, nous vous suggérons (histoire d'économiser plusieurs milliers de dollars à l'achat et quelques centaines de billets à la pompe) de prendre rendez-vous avec la version mue par le moteur quatre cylindres suralimenté par turbocompresseur.

La S60 ne démérite pas, comme en fait foi notre tableau de pointage final. Elle représentera sans doute une surprise pour plusieurs. Mais force est de reconnaître la ténacité de Volvo à vouloir figurer dans ce créneau sous domination allemande. Le prix parfaitement raisonnable et les nombreuses innovations au chapitre de la sécurité active font de la S60 un choix à considérer et non alternatif.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

À bord de la S60, on reconnaît le savoir-faire et le bon goût Volvo.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Audi cultive de son côté une certaine austérité. Le sérieux de la construction ne fait aucun doute, mais un zeste de fantaisie n'aurait déplu à personne.