On est immédiatement impressionné. Dès le premier regard. Voire terrorisé par sa silhouette athlétique. On devine qu'elle est dotée d'un caractère inflexible et un tempérament brutal. Ses lignes, tendues à l'extrême, tordront bien des cous et encorneront aussi le vent, se dit-on en détaillant la bête.

Ce n'est pas sans une petite hésitation qu'on prend place à bord de ce pur-sang, après avoir tiré la gâchette qui ouvre la porte.

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Se glisser dans l'habitacle exige un peu de souplesse et des fesses bien serrées, tant les sièges de carbone sont étroits. Une fois allongé à quelques centimètres du sol, les jambes projetées en avant, avec suffisamment d'espace pour y trouver ses repères, on saisit le volant à trois branches. Il faut l'ajuster manuellement dans les deux sens. À bord, tout est bien fixé, ajusté, le ciel de toit en Alcantara superbement tendu et les commandes correctement disposées. On regrettera seulement que certaines jauges soient masquées par la jante du volant ou encore les mains qui s'y posent. Les espaces de rangement sont rares, les pare-soleil peu efficaces et la visibilité aussi bien latérale qu'arrière est pratiquement nulle.

Aussi, ne comptez pas faire votre épicerie avec elle. Son coffre, réduit à la plus simple expression, peine à avaler une toute petite valise.

Des décibels plein les oreilles

La LP 570-4 Superleggera est le modèle d'entrée de gamme de la maison, à 260 000$.

Pour la concevoir, Lamborghini a fait un régime. Elle bénéficie par exemple d'une lunette et de vitres latérales en polycarbonate, d'un capot moteur et de contre-portes en carbone ainsi que des jantes en alliage très léger. Au final, lorsqu'on compare ce modèle avec la LP 560-4 dont elle est dérivée, la réduction de poids atteint 70 kg.

Cela dit, 562 chevaux et une boîte séquentielle avec commandes au volant ne se traitent pas à la légère. Pourtant, dès le moment où nous sommes installés à bord, nous avons enclenché le programme «Corsa», qui diminue l'intervention de l'antipatinage.

Le programme d'essai concocté par Lamborghini étant court, il fallait brûler les étapes. Partagé entre la prudence que nécessite l'humble découverte d'un tel engin et l'obligation de procéder à un véritable essai, nous lâchons sans tarder toute la cavalerie qui délivre une clameur sauvage.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

À bord, tout est bien fixé, ajusté, le ciel de toit en Alcantara superbement tendu et les commandes correctement disposées.

Le son strident de cette mécanique, implantée juste derrière les baquets, résonne encore dans nos oreilles, des semaines après l'essai.

La réponse du V10 est instantanée à l'appel du pied droit. Elle décolle instantanément, mais sans pour autant vous plaquer les omoplates contre le dossier. Les vitesses s'enchaînent en cascade à un rythme diabolique jusqu'à ce que la première courbe serrée se présente.

Abordant la difficulté à une vitesse que la Sûreté du Québec jugerait «complètement folle», cette Lambo semble instantanément stoppée par les quatre énormes disques. Et l'option «céramique», aussi coûteuse qu'inimaginable d'efficacité et de résistance à l'effort, décuple cette performance. Cette incroyable efficacité nous met en confiance, d'autant plus que nous avons opté pour le réglage sportif du châssis. Dès lors, la gestion centrale durcit l'amortissement et déconnecte partiellement le contrôle de stabilité électronique pour autoriser une certaine dérive de la voiture.

Les sensations de pilotage sont enivrantes. Et là, tout devient magique pour peu que l'on se ménage une zone de sécurité.

La précision et la légèreté de la direction autorisent un placement au millimètre, avec une adhérence déconcertante des pneus Pirelli qui la chaussent. La Gallardo trace des trajectoires au scalpel.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Le son strident du V10, implanté juste derrière les baquets, résonne encore dans nos oreilles, des semaines après l'essai.

Après quelques kilomètres, on se rend bien compte que cette mécanique, qui peut se montrer sauvage par moments, se plie aisément à la circulation à petite vitesse. Elle vire court étant donné ses dimensions et l'embrayage de la boîte manuelle est d'une très grande progressivité vu le couple déployé par ce moteur. Cependant, plusieurs lui préféreront la boîte séquentielle E-gear. Normal, elle est gratuite. Et diablement efficace aussi, cette boîte à six vitesses qui s'accompagne de - trop petites - manettes fixes disposées derrière les branches du volant. Une pichenette permet de rétrograder à gauche, de monter les vitesses à droite. La descente des rapports relance automatiquement le régime entre chaque vitesse, dispensant du talon-pointe, le tout souligné par quelques vocalises de l'échappement. Si cette boîte autorise des passages de vitesse éclair, elle veille toutefois à ce que nous ressentions bien la brutalité de chaque passage des rapports.

Au final, cette Gallardo n'a peut-être pas la nature sauvage des productions antérieures de la maison, mais le président Stephan Winkelman guide ses ingénieurs dans une autre direction: «Dans l'ADN des nouvelles Lamborghini, le comportement dynamique l'emporte sur la vitesse de pointe, a-t-il dit au Mondial de l'auto de Paris, l'automne dernier. Celle-ci passe désormais après les accélérations. Mais le design reste le premier critère d'une Lamborghini.» Et ça se voit très bien.

Les frais de transport et d'hébergement pour la réalisation de ce reportage ont été payés par Lamborghini SPA.

ON AIME

Tempérament volcanique

Direction aiguisée

Côté exubérant

ON AIME MOINS

La sécheresse de la suspension

Le budget d'exploitation conséquent

La piètre visibilité

CE QU'IL FAUT RETENIR

Fourchette de prix: 260 000 $ à 290 000 $

Prix du modèle essayé: 268 860 $

Frais de transport et préparation: variable

Garantie de base: 36 mois/kilométrage illimité

Consommation obtenue dans le cadre de l'essai: 17,9 L/100 km

Pour en savoir plus: www.lamborghinimontreal.com

SURVOL TECHNIQUE

Moteur: V10 DACT 5,2 litres

Puissance: 562 ch à 8000 tr/min

Couple: 398 lb-pi à 6500 tr/min

Poids: 1340 kg

Rapport poids-puissance: 2,38 kg/ch

Mode: Intégral (4 roues motrices)

Transmission de série: Manuelle 6 rapports

Transmission optionnelle: Séquentielle 6 rapports

Direction/Diamètre de braquage: Crémaillère/11,5 mètres

Freins: Disque/Disque

Pneus avant - arrière: 235/35 ZR 19 - 295/30 ZR 19

Capacité du réservoir/essence recommandée: 90 litres/Super

Photo Paolo Fazzi, collaboration spéciale

Après quelques kilomètres, on se rend bien compte que cette mécanique, qui peut se montrer sauvage par moments, se plie aisément à la circulation à petite vitesse.