Les fourgonnettes neuves se font rares sur les routes. De plus en plus rares? N'exagérons rien! Au Québec, les ventes de ces véhicules ont même augmenté l'année dernière. La catégorie des fourgonnettes est presque aussi importante - en matière de véhicules vendus - que celle des sous-compactes (Accent, Fiesta, Versa). Toutefois, contrairement à ces dernières, les possibilités de croissance sont à peu près nulles.

Cela n'a pas empêché Honda de revoir sa copie, Chrysler de retoucher la sienne et Nissan de faire un retour. Et, quel que soit la marque ou le modèle, la fourgonnette est toujours spacieuse, du fait de sa forme monovolume. La position de conduite surélevée est également un avantage. Enfin, la possibilité d'agencer les sièges à sa guise et le coffre extensible achèvent de convaincre certains sceptiques.

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Bref, pour transporter sa tribu ou les copains - avec tous leurs bagages -, on ne fait pas mieux que la fourgonnette. Encore faut-il convaincre les amateurs de conduite...

Beaucoup d'automobilistes ont en effet bien du mal à voir dans ce type de véhicule autre chose qu'un autobus aux dimensions humaines.

Le plaisir des occupants des deuxième et troisième rangées a toujours figuré au sommet du cahier des charges des concepteurs de ce type de véhicule. De la deuxième portière coulissante au système de divertissement à bord, en passant par la banquette qui s'efface sous le plancher, la fourgonnette a connu bien des évolutions au cours des 30 dernières années. Mais rarement ont-elles porté sur le dynamisme du comportement et sur le style.

Vie à bord

Les propriétaires de fourgonnette reconnaissent d'emblée les nombreux atouts de ce véhicule. Plusieurs se disent néanmoins fatigués de sa ligne cocon, tournée vers l'intérieur. Elle n'est plus aussi expressive à leurs yeux. Ils veulent le contenu astucieux de la fourgonnette dans un contenant qui ne lui ressemble pas. Ils se sont donc rués sur les multisegments lancés entre-temps, aux lignes plus tendues, plus sportives ou plus audacieuses.

Même s'il leur est impossible de prendre des formes plus libres et, du coup, de cultiver une certaine fantaisie de style, nos trois protagonistes s'imposent. Elles ont chacune une personnalité très définie.

Soucieux de lui donner un coup de jeune, les stylistes ont retouché l'habitacle de la Grand Caravan. Le style demeure le même, mais la qualité des matériaux, elle, progresse. On sent bien que les responsables de chez Dodge ont voulu offrir un tableau de bord agréable à l'oeil comme au toucher. Mais ils n'ont pas poussé leur raisonnement jusqu'au bout: dans la partie basse et les recoins apparaissent de nombreux plastiques durs qui, au fil des kilomètres, risquent de s'entrechoquer bruyamment.

Le commentaire s'applique aussi aux deux autres et plus particulièrement à l'Odyssey. Difficile de faire plus triste que cette Honda. Plus sombre aussi.

Quel contraste avec la Quest, la plus valorisante des trois fourgonnettes. La plus lumineuse aussi dans ses agencements de couleurs, et ce, même sans toit ouvrant.

L'ergonomie demeure la force de Honda et ça saute aux yeux. Toutes les commandes se trouvent sous la main et sont faciles à manipuler.

La Grand Caravan fait presque aussi bien.

La Quest termine ici dernière en raison notamment de ses commandes jugées trop petites et de la disposition de certains accessoires, comme ce lecteur de disques compacts positionné au pied de la console centrale. Presque inaccessible.

En matière de confort et d'habitabilité, l'Odyssey remporte la palme. À l'exception de la position centrale dans la deuxième rangée - plus pratique en tant qu'accoudoir -, toutes les places invitent aux longs déplacements. Même dans la troisième rangée, à la condition bien sûr de ne pas être trop grand...

À ce sujet, la Honda est la seule à offrir plus (deux) de points d'ancrage à bord pour fixer des sièges pour enfant que les deux autres. Bien vu.

Sur le plan de la modularité, la Quest fait cavalier seul. Contrairement aux deux autres, son hayon s'ouvre sur un plancher parfaitement plat. Pas de cavité qui exige un second effort pour y déposer de lourds objets, ni l'obligation de les retirer si l'envie vous prend de rabattre la troisième rangée. La surface de chargement se trouve ici à la hauteur du pare-chocs. Sous ce faux plancher, un espace de rangement. L'approche de Nissan a le mérite d'être originale, mais elle a un prix: un volume de chargement moindre que les deux autres. Si vous êtes un adepte des fêtes d'avant-match, la Grand Caravan est la seule à autoriser pareille configuration.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

L'Odyssey fait honneur à la réputation de son constructeur en offrant le comportement le plus dynamique de son groupe.

Souriez comme un enfant

Le comportement des trois véhicules à l'essai est assez séduisant. À condition, bien sûr, de partir du principe que l'on est au volant d'une fourgonnette.

Donc, c'est lourd et c'est encombrant. Dans l'ensemble, les mouvements de caisse sont bien maîtrisés, malgré un centre de gravité qui rend ce type de véhicule sensible au roulis.

L'Odyssey fait honneur à la réputation de son constructeur en offrant le comportement le plus dynamique de son groupe. Sans qualifier sa conduite d'amusante, disons qu'elle parvient à certaines occasions à nous faire oublier sa taille sumo et la sécheresse de ses éléments suspenseurs. L'assistance de la direction est bien dosée, mais communique de manière imprécise l'emplacement des roues directrices. De plus, elle est la plus bruyante des trois. Sur une note plus positive, l'Odyssey s'immobilise plus rapidement que les deux autres et accélère plus vite aussi. Pourtant, son rapport poids-puissance est le moins favorable de notre trio à l'essai. L'explication réside en partie dans la configuration singulière de ce V6 qui, contrairement aux deux autres, compte un simple arbre à cames (SACT). Plus économique à l'entretien, cette technique offre plus de couple à bas et moyen régime qu'un moteur à double arbre à cames en tête (DACT). Un peu plus rugueux, le moteur Honda est aussi le seul à offrir un dispositif de désactivation des cylindres. Le seul aussi à s'acoquiner à une boîte automatique à cinq rapports. Pour en obtenir un sixième, il faut prendre rendez-vous avec les versions les plus coûteuses du catalogue.

La Grand Caravan offre une meilleure sensation de la route à vive allure, mais sa lourdeur à basse vitesse ne fait qu'accentuer cette impression de se trouver aux commandes d'un véhicule maladroit. Cela se confirme au moment de la garer. Plus conciliante devant les imperfections de la chaussée, la suspension de la Dodge est sans doute celle offrant le meilleur compromis entre tenue de route et confort. Le nouveau V6 3,6 litres (Pentastar) offre des performances adéquates et une économie de carburant appréciable par rapport aux mécaniques autrefois implantées sous le capot de cette fourgonnette américaine. Pas rapport à ses concurrentes d'un jour, le Pentastar ne brille toutefois pas comme une étoile (voir tableau). Sa consommation est plus élevée malgré l'étagement un peu longuet de sa boîte semi-automatique à six rapports qui pénalise à la fois les accélérations et les reprises.

Encore une fois, la Quest évolue dans un monde à part. Suspension souple, insonorisation supérieure, direction légère et engourdie. Cette Nissan se laisse conduire du bout des doigts. Son faible rayon de braquage la rend étonnamment agile dans les stationnements et la circulation. En revanche, son comportement paraît moins assuré, nous met moins en confiance. Une illusion dissipée aussitôt que les dispositifs de sécurité (correcteur de stabilité électronique et antipatinage) entrent en jeu. Ceux-ci se révèlent d'une efficacité étonnante. Le V6 3,5 litres dont est dotée la Quest n'a plus besoin de présentation. On le retrouve pratiquement sous le capot de l'ensemble des créations de Nissan. Fiable et robuste, ce moteur s'acoquine exclusivement à la boîte automatique à variation continue (CVT).

Dommage, pensez-vous? Les bourdonnements généralement associés à cette transmission sont ici remarquablement étouffés par les matériaux isolants.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Il est possible de s'offrir une Grand Caravan très bien équipée à (très) bon prix et à des conditions avantageuses. Mais elle consomme davantage que les deux autres et sa valeur résiduelle est peu élevée.

À la caisse

Si, à vos yeux, toutes les fourgonnettes se ressemblent, alors optez pour la moins chère, c'est-à-dire la Dodge Grand Caravan. Simple, non?

Il est possible de s'en offrir une très bien équipée à (très) bon prix et à des conditions avantageuses. Mais la Grand Caravan consomme davantage que les deux autres, sa valeur résiduelle est peu élevée et certaines des garanties offertes par son constructeur sont moins généreuses. Pour ces raisons, elle a été recalée au deuxième rang de ce comparatif.

La Quest, pourtant toute fraîche, termine au troisième rang. Aussi décalée que toutes les générations qui l'ont précédée, cette Nissan explore une autre voie, sans offrir forcément une réelle plus-value par rapport aux deux autres.

Sa première place au classement, l'Odyssey la doit, comme bien des produits Honda, à sa très grande homogénéité. Elle n'est ni la plus confortable, ni la plus emballante et encore moins la plus accessible financièrement. En revanche, sa faible consommation jumelée à son habitacle astucieux en fait la fourgonnette la plus désirable. Et ce, peu importe la place que vous occupez à son bord.

L'auteur tient à remercier Jean-François Guay, François Quesnel et Robert Laplante pour la réalisation de ce match.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

La Quest se laisse conduire du bout des doigts. Son faible rayon de braquage la rend étonnamment agile dans les stationnements et la circulation. En revanche, son comportement paraît moins assuré, nous met moins en confiance.