Si la voiture électrique, attendue à l'automne, doit encore faire ses preuves, la motorisation hybride (moteur thermique associé à un moteur électrique) progresse. Avec de plus en plus de modèles offerts, des tarifs enfin un peu moins élitistes, l'avenir de ce type de véhicule semble assuré, même si les ventes restent modestes.

La technologie hybride qui permet à la fois de rouler dans un silence total à faible vitesse, de réduire considérablement les émissions de CO2 et de consommer très modérément en conduite urbaine ne cesse de gagner des (petites) parts de marché. Actuellement, les ventes de véhicules hybrides - toutes catégories confondues - accaparent 2,4% du marché nord-américain. D'ici 2020, les analystes estiment que cette proportion atteindra 10% soit 1,63 million de véhicules.

La flambée des prix du pétrole, le raidissement de la fiscalité écologique et des normes antipollution, mais aussi l'obligation d'afficher un engagement «ecofriendly», comme disent les Anglais, ont finalement eu raison des réticences d'à peu près tous les constructeurs.

Impossible, désormais, de tenir son rang dans certains créneaux du marché sans mettre en exergue des modèles hybrides. Y compris dans la catégorie des berlines intermédiaires, où l'Optima Hybrid fait son entrée ces jours-ci. Selon les données officielles, 1108 des 142 125 intermédiaires écoulées sur le territoire canadien l'an dernier étaient des hybrides. Et puisque vous êtes curieux, la Camry Hybrid (45%) et la Ford Fusion (35%) représentent les deux principales têtes de série de cette catégorie. La direction de Kia estime avoir une carte à jouer avec son Optima «verte». D'autant plus que Hyundai, propriétaire de la marque, a réalisé une percée importante dans ce secteur avec la version hybride de sa Sonata introduite cette année. Celle-ci détient déjà 16% de parts de marché. Encouragée par cette progression et sachant que cette technologie (celle de la Sonata) est à portée de main, Kia se lance.

À l'instar de la Sonata Hybrid, mais contrairement à toutes les autres motorisations doubles sur le marché, la Kia Optima Hybrid ne mise pas sur une boîte de vitesse à variation continue (CVT), souvent décriée pour son rendement artificiel, mais plutôt sur une transmission «conventionnelle» à six rapports. D'une puissance équivalente à 40 chevaux, ce moteur puise notamment son énergie d'un bloc de batteries lithium polymère, et non lithium-ion comme le font ses concurrents. Pourquoi? Selon les ingénieurs du constructeur sud-coréen, cette solution se révèle plus légère (elle ne pèse que 43 kilos) et plus compacte.

Au-delà de la technique, il faut retenir que l'Optima Hybrid atteint 100 km/h en mode tout électrique, soit 25 km/h de plus que la Fusion Hybrid. En revanche, à ce rythme, cette Kia ne demeure pas muette bien longtemps. «Quelques secondes, une minute tout au plus», confesse un des représentants de la marque. Une fois les batteries épuisées, le moteur à essence prend le relais avec ses 166 chevaux.

Photo: Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Malgré son poids et ses deux moteurs, cette Kia offre des performances acceptables, sans plus. Le couple accru du moteur électrique procure assurément une sensation de poussée franche qui peut surprendre au départ. Mais l'illusion est de courte durée. Plus dégourdie, certes, que le modèle éponyme à essence, la version hybride n'a pas le zeste de la Turbo essence également inscrite au catalogue de ce constructeur. En revanche, elle s'arrête moins souvent à la pompe. Malgré un réservoir plus petit que les deux autres modèles mentionnés, la Hybrid peut parcourir plus de 900 kilomètres d'autoroute sans ravitaillement. Pour ce faire, il faut savoir «caresser» une pédale d'accélérateur, actionner la touche Eco (placée sur le volant) et s'assurer d'illuminer le sigle EV (Electric Vehicle) enchâssé dans l'un des compteurs du tableau de bord. En d'autres mots: faites sommeiller le moteur à essence le plus longtemps possible. Ces conditions réunies vous permettront de vous approcher des cotes de consommation réalisées par Transports Canada établies à 5,6 L/100 km en ville et 4,9 L/100 km sur route. Bonne chance!

Sur la route, le comportement général de cette hybride diffère très peu des autres Optima vendues chez Kia. Dans le détail, il y a cependant quelques différences appréciables. D'abord, la transmission. L'absence d'un convertisseur de couple hache les passages de vitesses plus que d'ordinaire, et la présence d'un système de freinage à récupération d'énergie rend la modulation délicate, comme si les étriers lâchaient momentanément prise sur les disques. Rien de menaçant pour la sécurité, mais parions que les distances d'arrêt seront plus longues que pour les Optima «normales».

Une foule de détails

Ne nous leurrons pas, la motorisation hybride ne peut expliquer, à elle seule, la sobriété de cette Optima. Celle-ci compte aussi sur une foule d'autres détails - en apparence anodins - pour maximiser sa consommation et, par le fait même, ses émissions polluantes. Outre la présence de pneus à faible résistance de roulement et d'un dispositif d'arrêt automatique, cette Kia tatouée d'un logo vert fluo avance un coefficient de traînée aérodynamique réduit grâce à des jantes au dessin exclusif, des bas de caisse retravaillés et un volet mécanique érigé derrière la calandre mimant le nez d'un tigre. Ce volet mécanisé se ferme à haute vitesse, réduisant le flux d'air dirigé vers le radiateur pour une meilleure efficacité à fendre l'air. Aucune intervention du conducteur n'est nécessaire.

Photo: Éric LeFrançois, collaboration spéciale

À bord, cette Optima ressemble à une autre Optima... Hormis l'écran ancré au centre du bloc d'instrumentation permettant entre autres de visualiser le sens de circulation des énergies (essence ou électrique), du bouton Eco qui reprogramme la cartographie de la boîte de vitesses et le débit de la soufflerie de la climatisation, l'aménagement est identique. Euh, jusqu'au moment de soulever le couvercle du coffre. La capacité de ce dernier passe de 437 à 280 litres. Désolé, «la batterie prend de la place» s'excuse presque Kia dans son communiqué officiel de présentation.

Gardons la bonne nouvelle pour la fin. En plus de promettre de belles économies à la pompe et de vous attirer le doux regard des environnementalistes, cette Optima Hybrid est offerte à prix concurrentiels. Considérant la quantité d'accessoires installés à bord, l'écart de prix avec une Optima à essence est d'un peu plus de 2000 $, une somme à peine supérieure au coût d'un système de navigation monté à l'usine. Maintenant, à vous de choisir!

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Kia Canada.

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CE QU'IL FAUT RETENIR


> Fourchette de prix : 30 595 $ à 35 495 $

> Frais de transport : 1455 $

> Version essayée : Hybrid

> Garantie de base : 60 mois/100 000 km

> Consommation obtenue dans le cadre de l'essai : 6,9 L/100 km

> Pour en savoir plus : www.kia.ca

SURVOL TECHNIQUE

> Moteur : L4 DACT 2,4 litres Hybrid

> Puissance (en incluant motorisation électrique) : 206 ch à 6000 tr/min

> Couple (en incluant motorisation électrique) : 195 lb-pi (estimation)

> Poids : 1583 kg

> Rapport poids-puissance : 7,68 kg/ch

> Mode : Traction (roues avant motrices)

> Transmission de série : semi-automatique à 6 rapports

> Transmission optionnelle : aucune

> Direction/diamètre de braquage : Crémaillère/10,9 mètres

> Freins : Disque/disque

> Pneus : 215/55R17

> Capacité du réservoir/essence recommandée : 65 litres/ordinaire

NOUS AIMONS

> Présentation flatteuse

> Prix concurrentiels

> Économie de carburant



NOUS AIMONS MOINS


> Freinage délicat

> Coffre amputé

> Performances à la traîne

Photo: Éric LeFrançois, collaboration spéciale