Il y a deux ans à peine, la TT figurait au sommet du palmarès québécois des ventes du minuscule (-1000 immatriculations par année) segment des coupés de luxe avec 144 unités... C'est peu, mais à l'échelle mondiale, le succès de ce modèle (près d'un demi-million d'acheteurs) ne se dément pas et incite Audi à le renouveler. Cette fois, la tâche de revisiter ce modèle a été confiée en partie au styliste québécois Dany Garant et certaines idées avancées risquent de faire école.

On peut ou non s'émouvoir des clins d'oeil nostalgiques que distribue la TT, mais tout le monde s'accordera pour dire que la firme allemande joue son va-tout sur la présentation intérieure, notamment dans les domaines de l'ergonomie et de la communication de l'information. Une approche innovante et qui, en cas de succès, pourrait changer l'allure - souvent grotesque - des tableaux de bord actuels.

La démarche du constructeur aux anneaux vise à enchâsser l'ensemble des informations, y compris la navigation par GPS, à l'intérieur du bloc d'instrumentation de

12,3 pouces de longueur. Fini la petite lucarne (ou le grand écran) plantée au milieu du tableau de bord. Désormais, la route à parcourir serpente au milieu du tachymètre, du compte-tours, de la jauge à essence et de la plage audio. Bien entendu, le conducteur a le loisir d'organiser l'information comme bon lui semble.

Tels des réacteurs suspendus à son aile, le tableau de bord aligne une série de buses de ventilation. Celles-ci intègrent de manière ingénieuse les commandes de climatisation, débit d'air, température de l'habitacle et sièges avant chauffants. Intuitif et génial, cet arrangement permet de libérer beaucoup d'espace en éliminant plusieurs commandes, donnant du coup plus de liberté à la créativité des stylistes.

Les sièges offrent un confort adéquat, mais la position de conduite, quoique agréable, n'est pas celle d'une voiture sport pur jus. Même en ajustant l'assise au plus bas, personne n'aura le sentiment, comme dans une Porsche Cayman ou une BMW Z4, d'être « assis par terre ».

En contrepartie, la visibilité n'en est que meilleure, d'autant que les glaces latérales n'ont plus tout à fait la taille d'un timbre-poste. Une particularité dont se plaignaient bien des claustrophobes ventripotents par le passé, craignant de ne pas être en mesure de s'extraire par une fenêtre en cas d'accident ou d'immersion. À chacun ses phobies.

L'empattement s'allonge, mais les places arrière demeurent aussi inutilisables. D'ailleurs, le constructeur allemand s'empresse de rappeler que celles-ci sont homologuées pour de (petits) enfants. Mieux vaut les condamner et profiter de l'espace pour accroître le volume de chargement, qui atteint alors l'équivalent de 712 litres.

Merci, VW

Vous rappelez-vous l'architecture de la Golf essayée la semaine dernière dans le cadre de notre duel du mois ? Eh bien, c'est la même. Modulaire, cette plateforme MQB ? À qui le dites-vous !

Naturellement, celle-ci a fait l'objet d'une mise à niveau pour lui donner un peu plus de noblesse. Pour ce faire, la firme aux anneaux met à profit ses connaissances pour alléger la structure en ayant recours à une plus grande quantité de matériaux légers. Cela dit, la partie avant et le plancher sont composés de pièces en acier à haute et très haute résistance, tandis que la carrosserie est assemblée - toujours en Hongrie - à partir de pièces moulées, de profilés extrudés et de panneaux en aluminium. Cette mixité des matières a permis, selon Audi, d'abaisser le centre de gravité de 10 millimètres sur la version TTS, la plus puissante.

Sans surprise, la TT puise dans la vaste banque d'organes du groupe Volkswagen pour se mouvoir. En première monte, on retrouve le quatre-cylindres turbo 2 litres qui se retrouve également sous le capot de la GTi de Volkswagen.

Pour plus de piment, il y a la TTS qui, elle, a droit à une évolution de ce même moteur, mais dont la puissance est portée à 292 chevaux (nord-américains). Pour entraîner les roues, la direction d'Audi Canada recourt à une boîte automatique à double embrayage à six rapports, la seule offerte. Pas de manuelle, et considérant l'image et la vocation de ce modèle, on ne peut que maudire cette décision.

Bien sûr, la DSG est plus puissante, plus efficace, moins énergivore et, qui plus est, dotée d'un démarrage rapide (launch control). C'est tout bon, mais les palettes au volant, que voulez-vous, ce n'est pas pareil au levier qu'on baratte de haut en bas, de droite à gauche. Personne ne trouvera cependant à redire à la décision de laisser la version tractée (roues avant motrices) en Europe pour n'offrir qu'une TT dotée d'un rouage intégral faussement baptisé Quattro. Ce dispositif n'est pas à prise constante dans le sens pur du terme, mais il a la particularité d'être beaucoup plus actif (donc moins réactif) qu'autrefois.

L'assistance de la direction est assurée par la fée électrique, tandis que de gros disques veillent à l'immobiliser. Quant à la suspension, il y en a deux. L'une est pilotée (magnetic drive), l'autre pas.

Efficacité rime avec facilité

Sur les voies publiques, la TT rappelle la TT...

Facile à prendre en main, agréable et peu sèche - suspension de base - dans ses réactions. La direction se veut précise, mais la qualité du freinage - en regard des performances - apparaît un peu juste.

Par rapport à la génération antérieure, elle est en revanche plus silencieuse et se prête sans doute mieux à des voyages au long cours. Le

2-litres qui l'anime se veut très présent et suffisamment puissant pour faire la nique à bien des rivales plus musclées. Le poids réduit, combiné à une boîte qui dégaine vite, procure de belles sensations.

La TTS, c'est autre chose. Plus puissante d'accord, cette déclinaison profite notamment d'une suspension magnétique (en option sur le modèle de base), de roues plus grandes et d'un moteur nettement plus costaud. Ce cocktail permet à la TT de faire étalage de tout son talent. Elle en a beaucoup.

Plus vive, plus alerte que la génération précédente, la nouvelle est également plus stable et offre une motricité supérieure, comme nous avons eu le loisir de l'expérimenter sur le circuit d'Ascari. Plus efficace, plus rapide, mais tout de même un peu trop sage dans l'art de partager le plaisir.

La TT cherche d'abord à rassurer, à nous conforter. Bien qu'elle soit aussi véloce qu'une Cayman, la TT offre une expérience différente. Son train avant est moins incisif, ses réactions, moins vives, son toucher de route, un peu plus artificiel, ses freins, moins endurants, sans oublier ce filet de sous-virage qui (m')agace parfois, surtout en entrée de virage. Ces sensations sont ressenties sur un circuit. Sur la route, on n'y voit que du feu. Enfin, presque. À (re)voir l'été prochain, période de son lancement qui coïncidera peut-être avec la mise en marché d'une RS encore plus puissante.

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Audi Canada.

L'ESSENTIEL

> Marque/Modèle: Audi TT

> Fourchette de prix : 51 600 $ à 60 800 $ (prix 2015)

> Garantie de base : 4 ans / 80 000 km

> Consommation réelle : 8,9 L/100 km (observation au cours de l'essai)

> Pour en savoir plus : www.audi.ca

> Concurrentes à surveiller : BMW Z4, Nissan 370Z, Porsche Cayman

TECHNIQUE

> Moteur : L4 DACT 2 litres

> Puissance : 220 ch à 6 200 tr/min

> Couple : 258 lb-pi entre 1600 et 4300 tr/min

> Rapport poids-puissance : 6,06 kg

> Poids : 1335 kg (donnée européenne)

> Mode : Intégral

> Transmission de série : Semi-automatique 6 rapports

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction / Diamètre de braquage (m): Crémaillère / 10,96

> Freins avant/arrière : Disque / Disque

> Pneus avant/arrière : 225/50R17 (de série)

> Capacité du réservoir / Essence recommandée: 55 litres /Super

ON AIME

> Audace intérieure

> Châssis équilibré

> TTS mordante

ON AIME MOINS



> Places arrière ridicule

> Pas de boîte manuelle au Canada

> Sensations évanescentes