Proposer une troisième voie entre Mercedes et BMW. Ce fut longtemps le dessein d'Audi. Plus maintenant. Cette neuvième génération de l'A4 (il faut remonter à l'époque où elle se faisait appeler Audi 80) attaque frontalement ses rivales de Stuttgart et de Munich.

L'avant-gardisme qui caractérisait autrefois les carrosseries d'Audi s'étiole, mais la silhouette plutôt mièvre de l'A4 ne traduit pas le travail de fond accompli. Sur le plan aérodynamique d'abord, mais aussi dans le soin apporté au détail - même insignifiant en apparence -, comme en fait foi le dessin épuré et ergonomique des poignées de porte, premier contact tactile entre l'auto et ses utilisateurs.

Le conservatisme des lignes de cette berline qui conserve sensiblement le même gabarit que le modèle qu'elle remplace masque également la présence d'une architecture nouvelle. Modulaire, donc évolutive, cette plateforme appelée MLB Evo (pour Modularer Längsbaukasten, Evolution) servira à terme de « fondation unique » à l'ensemble des produits de la marque allemande à l'exception - dans un avenir prévisible - des A3, TT et R8 et de certaines autres filiales du groupe Volkswagen (Bentley et Lamborghini).

Si les dimensions extérieures sont demeurées sensiblement les mêmes, le volume intérieur - talon d'Achille de la génération précédente - fait un remarquable bond en avant. Ce gain d'espace ne relève pas d'un coup de baguette magique ou d'un accroissement extraordinaire de l'empattement (celui-ci forcit de 12 mm). Il faut plutôt l'attribuer en grande partie à une meilleure organisation de l'espace disponible et à l'application de quelques « trucs » dont l'industrie de l'automobile a le secret. Par exemple, les dossiers des sièges avant ont été arqués pour ménager plus d'espace pour les genoux alors que le ciel de toit se voûte pour accentuer le dégagement pour la tête. Bref, de petites choses toutes simples qui font parfois toute la différence. Le coffre, pour sa part, ne profite en rien de cette refonte et son volume demeure inchangé. On se désole, sur le modèle essayé à tout le moins, de la finition sommaire de cette cavité et de l'absence de tirettes permettant de rabattre « à distance » les dossiers de la banquette.

Le conservatisme apparent qui a présidé au renouvellement du modèle d'Audi le plus vendu - 330 000 unités, seulement en 2014 - ne procède pas d'une réticence au changement, mais de la nécessité de le distiller avec tact et modération pour que les quatre anneaux conservent tout leur éclat.

Par conséquent, dès l'ouverture des portières, la qualité de la construction apparaît impeccable et le choix des matériaux, judicieux. Le tableau de bord à l'horizontale ajoute au sentiment d'espace évoqué un peu plus haut, tout comme le cerclage métallisé du rétroviseur central qui laisse croire qu'il flotte en apesanteur dans l'habitacle. Les concepteurs se sont donné du mal, mais pas assez, hélas, comme en fait foi le « téléviseur » grimpé dans la partie supérieure du tableau de bord. Cela manque d'élégance et, vu les multiples possibilités de configurations du bloc d'instrumentation - y compris celle d'y afficher une carte routière -, on se demande pourquoi il est impossible de soustraire cet écran central à nos yeux. Hormis cette lacune, les principales commandes s'alignent comme une parade et se révèlent agréables à manipuler.

Au chapitre des accessoires et des équipements, l'A4 fait le plein de nouveautés. De toutes les innovations présentées, retenons celle-ci : la présence d'un copilote virtuel qui, à l'aide des données recueillies par le GPS et par la caméra lisant les panneaux de signalisation, permet non seulement d'adapter automatiquement la vitesse en fonction du parcours tout en maintenant une distance de sécurité avec le véhicule qui le précède, mais aussi de ralentir à l'approche des virages, des descentes, des intersections, des ronds-points et autres feux rouges. Le conducteur est uniquement sollicité si le véhicule a besoin d'être immobilisé. Il s'agit d'une option offerte moyennant un supplément de 2600 $, mais rien n'indique encore si celle-ci sera proposée le printemps prochain, saison où cette A4 doit faire ses débuts de ce côté-ci de l'Atlantique. Le distributeur canadien n'a pas finalisé tous les détails de son offre et encore moins fixé les prix.



PHOTO FOURNIE PAR AUDI

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SILENCE, ON ROULE

À défaut de communiquer clairement la nomenclature de la gamme et de son contenu, il est clair qu'Audi Canada proposera deux mécaniques à l'acheteur éventuel. Sans surprise, le quatre-cylindres essence 2 L reprend du service, non sans avoir fait l'objet de menus raffinements. On ne s'en plaint pas, ce 2-litres affiche non seulement une belle rondeur, mais aussi des performances égales sinon supérieures à celles des moteurs de cylindrée équivalente offerts chez la concurrence.

Une version diesel s'inscrira également au catalogue, et ce, malgré le récent scandale, a-t-on appris.

Pour nous convaincre « que cette motorisation ne posera aucun souci », les motoristes de la marque présents lors du lancement ont beaucoup insisté sur le fait que ce moteur (nom de code EA288) n'a rien à voir avec la mécanique incriminée (code EA189) dans toute cette histoire. Satisfera-t-il aux normes américaines qui seront très vraisemblablement resserrées dans les mois qui viennent ? Là est toute la question.

Dans l'éventualité où Audi devrait trouver une solution de rechange au diesel, il y a l'Ultra. Cette déclinaison vendue en Europe comporte des motorisations plus sobres encore (notamment un 1,4-litre essence suralimenté de 150 ch) et plus légères, mais celles-ci ne sont pas homologuées pour l'Amérique du Nord (mais cela ne devrait pas poser problème) et, qui plus est, se limitent aux versions tractées de l'A4. Incohérent avec l'image que cherche à se donner le constructeur allemand de ce côté-ci de l'Atlantique. L'autre option, plus plausible celle-là, sera de devancer la commercialisation d'une hybride rechargeable, déjà prévue au cahier de charges de ce modèle.

Par ailleurs, le retour d'une version tractée (roues avant motrices) demeure d'actualité au Canada, ce mode permettant à Audi d'afficher l'A4 à un tarif plus attractif encore. Si tel devait être le cas, il est clair que cette déclinaison ne comportera plus la boîte à variation continue (CVT) de la précédente mouture. Celle-ci a été abandonnée. Audi mise sur une transmission à double embrayage à sept rapports (de série sur toutes les A4 2017 canadiennes).

Peu importe l'endroit dans le monde où elle posera ses roues, l'A4 promet - et offre - un confort acoustique impressionnant. Selon ses concepteurs, elle est tout aussi silencieuse qu'une A8, le haut de gamme de la marque, ce qui n'est pas peu dire. Et cela se confirme sur la route où seulement le roulement de pneus demeure encore audible sur certains revêtements.

Châssis tout neuf, suspensions toutes neuves. Révisés, les éléments suspenseurs gomment les lacunes observées sur la génération précédente grâce à la suspension pilotée, seule configuration offerte dans le cadre de cette prise en main. Sur le plan du confort, l'A4 fait aussi bien, sinon un peu mieux que l'actuelle Classe C de Mercedes. En revanche, l'Audi ne parvient toujours pas à s'élever au niveau de BMW (Série 3), voire de Jaguar (XE) sur le plan dynamique. Et c'est peut-être bien là la force de cette A4 : son homogénéité.

Les frais d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Audi Canada.

PHOTO FOURNIE PAR AUDI

L'essentielMarque/Modèle: Audi A4 

Fourchette de prix: 39 000 $ à 50 000 $ (estimation)

Coût de transport et de préparation: 2095 $

Garantie de base: 4 ans/80 000 km

Consommation réelle: 10,4 L/100 km (estimation)

Pour en savoir plus: www.audi.ca

TechniqueMoteur (essence): L4 2 L turbo 

Puissance: 252 ch à 4900 tr/min

Couple: 273 lb-pi à 1600 tr/min

Poids: 1510 kg (estimation)

Rapport poids-puissance: 5,99 kg/ch (estimation)

Mode: Intégral

Transmission de série: Automatique 7 rapports

Transmission optionnelle: Aucune

Direction/Diamètre de braquage (m): Crémaillère/11,6

Freins av-arr: Disque/Disque

Pneus (av-arr): 225/50R17

Capacité du réservoir/Essence recommandée: 54 litres/Super

On aime> Confort acoustique

> Places arrières plus spacieuses

> Finition soignée 

On aime moins> Finition et volume du coffre

> Comportement sûr, mais peu excitant 

> Moteur diesel

PHOTO FOURNIE PAR LE CONSTRUCTEUR

Le tableau de bord et l’écran d’infodivertissement à bord de l’Audi 2017

Photo fournie par le constructeur

Le moteur de l’Audi A4 2017