Apparue en 2010, la Chrysler 200 n'a jamais déchaîné les passions. Jusqu'à tout récemment, sa carrière a été celle d'une berline familiale sans souci n'offrant aucun charisme particulier, mais affichée à un prix plutôt avantageux. Cet honnête bilan, Chrysler ne veut plus s'en satisfaire. La nouvelle 200 est devenue ambitieuse. Elle inaugure une ligne renouvelée, une architecture moderne et des équipements inédits. Malheureusement, jusqu'ici, le public ne s'est pas laissé émouvoir par cette offre.

Au départ, il convient de rappeler que l'offensive de la 200 se déploie sur un terrain de plus en plus étroit. Au cours des dernières années, le marché des intermédiaires s'est érodé tout doucement. À cette problématique s'en ajoute une autre: il y a peu de mouvement. Les modèles populaires d'hier le sont encore aujourd'hui.

Par conséquent, il est extrêmement difficile de percer pour un constructeur qui n'a pas une longue tradition de succès. Parlez-en avec les représentants de Volkswagen (Passat), de Mazda (6) ou encore de Subaru (Legacy), qui tentent de briser l'hégémonie des Nissan Altima, Honda Acccord et Toyota Camry.

Bien qu'un constructeur «populaire» ait jeté l'éponge (Mitsubishi), tous les autres inscrivent une représentante dans cette catégorie qui, en Amérique du Nord surtout, conserve un statut particulier: celui de faire pratiquement tourner à elle seule toute une usine.

Dans l'air du temps

Épanouie, cette seconde génération de la 200 a perdu toute timidité, y compris dans le style. La partie avant dégage une certaine puissance et ne lésine pas sur les chromes (à l'exception de la version S) pour la faire briller davantage. De profil, le traitement de la carrosserie confirme la volonté de séduire, avec une chute de pavillon très fluide, digne d'un coupé. Joliment tournée, la partie arrière très ramassée ne laisse jamais deviner qu'il s'agit d'un produit Chrysler, à en juger les réactions entendues au cours de cet essai.

Cette Chrysler peut disposer en option d'un GPS intégré ou d'une installation Bluetooth pour téléphone portable des plus efficaces, mais aussi de versions dotées d'équipements plus sophistiqués - mais rien de véritablement innovant dans la catégorie - qui font grimper la facture de manière affolante.

Ainsi, on peut notamment enrichir la 200 d'un rouage intégral, d'une aide au stationnement, de capteurs d'angles morts ou d'un régulateur de vitesse «intelligent» capable d'ajuster la distance avec le véhicule qui précède. Hélas, la grande majorité de ces accessoires refusent de monter à bord des versions les plus accessibles financièrement (LX et Limited). Même en option.

Preuve que la forme n'épouse pas toujours la fonction, le profil fuyant du toit pénalise les places arrière. D'abord, l'accès et la sortie posent problème en raison de l'étroitesse des portières. Et, même si les passagers sont installés un peu plus bas que de coutume, le dégagement pour la tête demeure compté. Puisqu'il est question d'espace, le coffre offre un volume très concurrentiel, mais sa faible hauteur rend difficile le chargement de certains objets encombrants.

Pour se démarquer de la concurrence, la 200 adopte un sélecteur à bouton rotatif pour ménager plus d'espace de rangement et réorganiser l'emplacement de certaines commandes. C'est plutôt réussi.

La console centrale est ingénieuse comme tout et l'ergonomie des principales commandes, sans reproche. Le bloc d'instrumentation offre une polyvalence encore rare dans ce segment et permet de configurer l'information selon ses besoins et ses goûts. Bien vu également.

Pneumatiques montrés du doigt

La 200 propose un choix de deux motorisations, dont un V6 de 3,6 litres. Une cylindrée de moins en moins répandue (et prisée aussi) dans la catégorie, sans doute, mais qui permet, encore une fois, de se démarquer. Cette mécanique n'est offerte que moyennant supplément (2000 $) sur les versions S et C et est indispensable pour bénéficier du rouage à quatre roues motrices (2500 $ additionnels). Ne vous a-t-on pas déjà dit que la facture pouvait grimper de manière affolante?

La douceur de ce V6 ne fait aucun doute, mais ses prestations sont malheureusement étouffées par une boîte automatique peu réactive, comme si elle demandait à réfléchir une fraction de seconde de trop avant de sélectionner le bon rapport. Elle en compte neuf. En déplaçant la commande rotative sur la fonction S (pour Sport), le temps de réaction s'améliore légèrement.

Autre déception, le niveau sonore. Insuffisamment insonorisé, le plancher du coffre à bagages filtre insuffisamment les vibrations et le son émis par les échappements nuit au confort acoustique des passagers.

La 200 aurait sans doute été plus dynamique si elle avait été moins lourde. Malgré son embonpoint, la 200 freine néanmoins avec efficacité, pour peu qu'on n'en abuse pas trop; elle braque généralement bien, sauf dans les manoeuvres; et elle fait preuve d'une certaine aisance sur les petites routes grâce à une suspension correctement réglée. Il faut cependant faire avec la persistante sensation d'une trop grande légèreté du train avant. Un ressenti sans doute accentué par les pneus d'hiver montés sur la voiture - de véritables savonnettes dont le comportement n'aidait en rien à bâtir une confiance au volant.

Au-delà de la piètre performance des pneumatiques, il n'en demeure pas moins que la 200 a, pour reprendre une expression populaire, «encore des croûtes à manger» avant de se mesurer aux ténors de la catégorie.

D'ailleurs, Chrysler n'est sans doute pas sans le savoir. La marque multiplie depuis l'automne les promotions et accorde ces jours-ci, par exemple, un rabais de 2000 $ à l'achat de sa berline.

Une bonne affaire, alors? Oui, à la condition de s'en tenir à la version Limited avec le groupe Confort (975 $).

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On aime

> Habitacle astucieux

> Volume du coffre appréciable

> Silhouette aussi attrayante que sa fourchette de prix

On aime moins

> Niveau sonore élevé

> Boîte peu réactive

> Accès/sortie et dégagement à l'arrière

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Ce qu'il faut retenir

> Marque/Modèle : Chrysler 200

> Version à l'essai : 200 S

> Fourchette de prix : 22 495 $ à 33 195 $

> Coût de transport et préparation : 1695 $

> Garantie de base : 3 ans/60 000 km

> Consommation réelle : 12,3 L/100 km

> Pour en savoir plus : www.chrysler.ca

> Moteur : V6 DACT 3,6 litres

> Puissance : 295 ch à 6350 tr/min

> Couple : 262 lb-pi à 4250 tr/min

> Rapport poids-puissance : 5,83 kg/ch

> Poids : 1721 kg

> Mode : Intégral

> Transmission de série : Automatique 9 rapports

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction/Diamètre de braquage (m) : Crémaillère/12,1

> Freins (av-arr) : Disque/Disque

> Pneus (av-arr) : 235/45R18

> Capacité du réservoir/Essence recommandée : 60 litres/Ordinaire