Née près de six ans après la Ford Mustang, la Dodge Challenger était en 1970 la réponse, un peu tardive, de Chrysler à l'avènement des pony cars, ces voitures sportives plus petites, abordables et maniables que les muscle cars, cette race taillée pour l'accélération brute. Sa renaissance en 2008 a quelque peu changé son mandat, devenant un vrai muscle car en version SRT8. Dodge nous revient en 2015 avec une importante mise à jour de celle qu'on pourrait qualifier de dernier vrai muscle car.

SON DESIGN

Impossible à sa vue de ne pas se projeter dans une scène du film Vanishing Point, le road movie de 1971 mettant en vedette une Dodge Challenger blanche conduite par Kowalski (Barry Newman). Cette Challenger a la capacité, en une fraction de seconde, de nous transporter dans une autre époque. C'est une véritable ode à l'exubérance avec ses dimensions totalement déraisonnables. C'est aussi l'une des rares voitures qui réussissent à arracher un sourire à pratiquement n'importe qui. Avec les modifications apportées autant à l'avant qu'à l'arrière, la mouture 2015 manie le néo-rétro avec conviction.

PHOTO FOURNIE PAR DODGE

À BORD

Dodge a également fait du beau travail en remaniant complètement l'habitacle de cette Challenger pour 2015. La finition est rigoureuse et les matériaux sont de qualité. La présentation est aussi beaucoup plus moderne sans négliger certains clins d'oeil au passé. L'accessibilité et l'espace à l'avant en font une voiture qu'on peut facilement utiliser au quotidien. Malgré sa taille, les places arrière sont étriquées, mais on gagne sur le volume du coffre, vraiment impressionnant à 459 L.

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SOUS LE CAPOT

On ne peut contourner le V8 si l'on veut baigner dans l'expérience complète d'un muscle car. Dodge offre trois versions de la voiture. Celle mise à l'essai, la R/T Scat Pack Shaker, se situe au milieu, avec son V8 de 6,4 L et 485 ch. Très élastique, il détone dès que l'on effleure l'accélérateur, et ce, jusqu'à ce qu'on touche le rupteur. La symphonie, caverneuse à souhait, fait monter l'exaltation avec l'aiguille du compte-tours... tout en faisant baisser le niveau de carburant. La boîte manuelle, la même que sur la Viper, offre un rendement sans reproche.

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DERRIÈRE LE VOLANT

La Challenger pèse près de 1900 kg. On ne peut donc pas s'attendre à une performance olympique sur tracé sinueux. Malgré les mouvements de caisse qui rendent l'expérience divertissante à défaut d'inspirer une confiance complète, le gros coupé s'agrippe avec insistance. La direction n'est pas parfaite, mais appuie l'étonnante agilité qui pourrait être bonifiée par des pneus à la semelle plus large. Bon, on n'est pas au niveau de la Mustang pour l'équilibre, mais cette Challenger ne prétend pas jouer à la sportive, c'est un muscle car et elle offre l'expérience qu'on attend d'un tel véhicule.

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LES TECHNOLOGIES EMBARQUÉES

On retrouve sans surprise le système Uconnect de dernière génération à bord de cette Challenger. Comme souligné lors de plusieurs de mes derniers essais des produits Chrysler, c'est, à mon avis, l'un des meilleurs systèmes offerts. Il est intuitif et propose une présentation aérée et agréable à regarder. Cette version Scat Pack Shaker intègre une application qui permet de mesurer la performance du véhicule, autant en virage qu'en accélération ou au freinage. Harman Kardon fournit le son en option avec 18 haut-parleurs et 2 haut-parleurs d'extrêmes graves, ce qui plaira aux audiophiles.

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VERDICT

En opposition aux Mustang et Camaro qui s'embourgeoisent pour séduire une clientèle attirée par les sportives, la Challenger reste fidèle à son public. Elle est crue, encombrante, tout sauf discrète, et elle soigne une civilité qui en fait une excellente routière. C'est un hommage coloré et senti à une époque certes révolue, mais marquée par une grande passion pour l'automobile. Quoique coûteuse, la livrée Scat Pack est probablement le meilleur choix, alors qu'elle retranche plusieurs milliers de dollars à la SRT tout en ayant le même moteur. Pour le plaisir, avant tout.

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OBSERVATIONS

> Le son

La version Scat Pack dispose de clapets dans les échappements qui s'ouvrent à haut régime pour faire échapper un son carrément démoniaque.

> Faire respirer le moteur

La livrée Scat Pack Shaker a une entrée d'air fonctionnelle visible au milieu du capot pour envoyer de l'air frais au moteur.

> Conduite urbaine

Lorsque équipée du différentiel arrière à rapport final de pont 3,90 (boîte manuelle), la Challenger nous force à la retenue si l'on veut démarrer doucement en conduite urbaine.

> Dimensions

La Challenger 2015 est 17 cm plus longue et 308 kg plus lourde que la Dodge Challenger R/T 1970.

> Suspension

Le groupe Super Track Pak abaisse légèrement la caisse pour un centre de gravité plus bas, mais aussi une plus belle signature visuelle.