En novembre 1967, la NASA procéda au premier lancement du titan qu'était la fusée Saturn V du programme Apollo. Considérée encore aujourd'hui comme la machine la plus puissante jamais construite, elle disposait de 7,6 millions de livres de poussée, l'équivalent de 142 chasseurs CF-18 à pleine charge. On retrouve de cette folie, de cette Amérique qui bombe le torse, dans la Charger SRT Hellcat, la berline de production la plus rapide en vitesse de pointe de la planète.

SON DESIGN

«Mature» est probablement le terme que j'emploierais pour définir le design de cette Charger. Dodge a resculpté pratiquement tous les panneaux de carrosserie de cette livrée SRT pour lui donner une autre saveur, sans la rendre criarde. On reprend ainsi une recette chère aux Allemands, la discrétion autoritaire. Ça fonctionne particulièrement bien pour cette Hellcat, qui trahit son identité seulement sur les ailes avant en raison de l'écusson du chat désormais connu. Cela dit, on doit souligner la beauté du dessin complexe du capot, qui rappelle celui de la Viper avec ses trois prises d'air fonctionnelles.

PHOTO FOURNIE PAR DODGE

À BORD

On reste en terrain connu à bord de cette Charger SRT Hellcat. L'habitacle est donc tout aussi vaste que celui des variantes moins performantes et reprend pour l'essentiel la même disposition. La voiture conserve par conséquent son aspect pratique permettant d'accueillir quatre, voire cinq passagers confortablement. Les sièges sont drapés d'un tissu Alcantara beaucoup plus adhérent que le cuir, un choix qui est directement tributaire au potentiel extraordinaire de la berline. Le volant, plat sur le bas, est également découpé différemment et se prend bien en mains. L'assemblage n'a révélé aucune faille.

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SOUS LE CAPOT

La pièce de résistance s'expose à l'ouverture de l'énorme capot. Le V8 HEMI de 6,2 L aux couvercles de culasse orangés est coiffé d'un compresseur volumétrique à double vis de 2,4 L. De cette configuration, SRT extirpe une puissance colossale, 707 ch et 650 lb-pi de couple, dont 411 lb-pi sont accessibles dès 1200 tr/min. Sa transmission automatique à 8 rapports très rapide a été remaniée pour la tâche. Les accélérations sont évidemment brutales et interviennent sans délai grâce au compresseur, qui met une pression irrépressible sur le sternum. Et il y a le son, un grondement d'une profondeur prodigieuse accompagné du cillement irrésistible du compresseur.

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DERRIÈRE LE VOLANT

Étant clairement une voiture d'exception, elle exige une certaine humilité de la part du conducteur. On doit donc constamment moduler l'accélérateur afin d'éviter une danse du train arrière. On la sent certes lourde et encombrante en virage alors qu'elle exhibe un léger sous-virage, chose qu'on redresse facilement avec l'accélérateur. Elle se cramponne néanmoins de manière convaincante pour sa stature. La direction, lourde à basse vitesse, est un peu vague au centre, mais fait un boulot acceptable. Si la suspension adaptative en mode Track est d'une fermeté qui peut mener au chiropraticien, la voiture est d'une docilité fascinante en mode Street.

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LES TECHNOLOGIES EMBARQUÉES

La Charger SRT Hellcat est proposée avec un équipement très étoffé. Le système d'infodivertissement Uconnect avec écran de 8,4 po reste l'une des références en raison de sa facilité d'approche. Il dispose, dans cette livrée SRT, d'une application permettant de mesurer pratiquement tout, de la force d'accélération longitudinale et transversale à la mesure du «quart de mille» en passant par le 0-100 km/h. Pour les propriétaires stressés, un mode Valet permet de diminuer la puissance disponible de 200 ch, de forcer les changements de vitesse à bas régime et d'éviter la désactivation de l'antipatinage.

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VERDICT

Comme le titre du présent article l'indique, cette Charger SRT Hellcat joint deux éléments qui semblent a priori incompatibles: l'aspect pratique d'une grande berline et la puissance d'une Lamborghini Aventador. Évidemment, le chiffre de 707 ch fait frémir, mais c'est surtout la manière dont cette Charger se comporte qui impose le respect. À vitesse d'autoroute et à basse vitesse, le V8 ronronne paisiblement, sans convulsion. Une fois le rythme accéléré, l'auto ne semble jamais surmenée. De la vraie folie, certes, mais surtout une démonstration extraordinaire d'un savoir-faire technique.

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OBSERVATIONS

> Les freins

Les immenses étriers à 6 pistons Brembo mordent dans des disques de 15,4 po, les plus gros freins jamais construits par Chrysler.

> Vitesse de pointe

À 328 km/h, la Charger Hellcat est la berline de production la plus rapide de la planète en vitesse de pointe, c'est 8 km/h de plus que la Challenger SRT Hellcat, sa cousine à deux portières.

> Le châssis

Le châssis s'harmonise très bien avec la puissance, on constate sa très grande rigidité dans l'absence de craquements, malgré les 18 000 km éprouvants que la voiture d'essai affiche au compteur.

> La transmission

En mode Track, la transmission peut faire les changements de vitesse en 160 millisecondes, mais n'a pas la même poigne en rétrogradation.

> Gloutonne

À pleine charge, le V8 de 6,2 L ne prend que 13 minutes pour complètement vider le contenu de son réservoir d'essence.