Même si Ford a cédé une bonne partie de ses actifs dans le constructeur nippon Mazda, il existe encore des liens étroits entre les deux firmes.

À preuve, la Mazda 2 qui est en réalité un clone de la Ford Fiesta. On me demande souvent lequel de ces deux modèles constitue le meilleur achat. Rien de mieux qu'un essai prolongé en plein hiver pour aider à répondre à cette question. Car, à voir les chiffres de ventes, il est permis de croire que la Fiesta connaît plus de succès que sa petite soeur japonaise.

Il y a évidemment plusieurs explications à la popularité de la Fiesta. Elle bénéficie d'abord du moulin compresseur qu'est le programme publicitaire de Ford et il est certain que le plus grand nombre de concessionnaires du constructeur américain a joué un grand rôle dans la carrière de ces deux voitures de petit format. On ne peut oublier non plus le look qui fait clairement pencher la balance du côté de la Fiesta.





Face à l'hiver

Qui dit petit format dit légèreté et, sous cet aspect, l'hiver au volant peut être pénible pour des conducteurs non avertis. Ainsi, la voiture est si légère qu'elle a du mal à composer avec la neige épaisse souvent accumulée sur l'accotement. Il suffit de mettre une roue dans cet amas de neige pour que la voiture soit automatiquement entraînée en dehors de la route selon un phénomène que l'on pourrait baptiser de «snowplaning». En revanche, je me suis beaucoup amusé au volant de la Mazda 2 qui est d'une agilité sans nom sur des routes glissantes. Si l'on se présente trop vite dans un virage, il suffira, une fois à l'orée de celui-ci, de tirer sur le levier du frein à main tout en donnant un coup de volant dans la direction du virage pour que l'arrière vienne se placer dans le bon axe. Amusant et sûr à la fois.

J'en conclus que cet agrément de conduite se perpétuera sur des routes dégagées en été, garantissant à la Mazda 2 son statut de berline sportive. Avec ses 100 chevaux (contre 120 pour la Ford Fiesta), le moteur 4 cylindres de 1,6 litre ne risque pas de vous plaquer dans votre siège, surtout avec la transmission automatique à 4 rapports seulement. Vous mettrez au moins 10 secondes pour rattraper ceux qui roulent à 100 km/h. Et vous pourrez les doubler en 7,8 secondes, une performance parfaitement acceptable. Le niveau sonore est étonnamment bien contrôlé, ce qui permet d'entretenir une conversation sans s'égosiller. Est-ce la discrétion du moteur ou l'insonorisation qui est à l'origine de cette qualité de la Mazda 2?  Peu importe, l'important c'est que l'on n'ait pas à élever la voix pour s'entendre parler.

Question de consommation

Si ce modèle se rend attrayant par son prix très léger (de 14 395$ à 19 345$ selon votre attirance pour les options), la consommation est moins tendre pour le portefeuille et ne correspond pas aux attentes d'une sous-compacte. Il est vrai que l'hiver ne se prête pas à des concours d'économie, mais le fait demeure que je n'ai pu rouler sans investir un bon 8 litres pour chaque 100 km parcourus. Si l'on tient compte du fait que les températures hivernales jouent contre la consommation d'essence, on peut espérer, sous des cieux plus cléments, une moyenne d'environ 7 litres aux 100, soit une cote comparable à celle de la Fiesta avec son moteur de 120 chevaux. La Mazda 2 se moque toutefois de sa consoeur américaine, dont la transmission automatique est d'un fonctionnement pour le moins erratique. Même avec seulement 4 rapports, la boîte de Mazda n'a pas hérité des constantes hésitations de celle de la Fiesta. Par contre, il est certain qu'un moteur qui tourne à 3000tr/min à 100 km/h se trouve pénalisé à la pompe.





Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

La Mazda 2 est moins souriante que la Ford Fiesta dont le style est de loin plus original.

Laquelle choisir?

Par leur format, les deux voitures sont d'une maniabilité notable, quoique l'Américaine possède un diamètre de braquage désarmant pour une si petite voiture. Bien qu'il soit difficile d'évaluer la tenue de route et le confort d'une auto chaussée de pneus à neige sur des routes glissantes, la Mazda 2 accuse peu de roulis et repousse assez loin la perte d'adhérence. Pour le confort, la voiture m'est apparue un peu sautillante, ce qui ne surprend nullement étant donné l'empattement court de ce modèle quatre portières.

À l'intérieur, la banquette arrière est interdite aux ventripotents qui s'y trouveront très à l'étroit alors que des personnes de taille moyenne pourront y séjourner à la condition que le trajet soit plutôt court. D'ailleurs, le coffre à bagages assez peu volumineux vient mettre un terme à toute tentative de voyage au long cours à 3 ou 4 personnes.

Rien à redire en ce qui concerne les sièges ou la visibilité. En revanche, le tableau de bord est avare de renseignements et la jauge de température a été remplacée par un voyant lumineux bleu qui s'éteint quand le moteur devient assez chaud. On trouve aussi une minuscule fenêtre à affichage numérique qui permet de lire la position du levier de vitesse, le kilométrage parcouru, la jauge à essence et diverses autres données calculées par l'ordinateur de bord.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Le tableau de bord de la Mazda 2 est un peu avare de renseignements.

La jauge à essence est cependant si minuscule qu'il est facile de l'oublier.

Mazda 2 ou Fiesta? Au moment de faire les comptes, on se rend compte que ces deux sous-compactes ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients. Ordinairement, la meilleure façon de prendre une décision est d'essayer les deux modèles afin de savoir dans lequel on se sent le plus à l'aise. Le prix et les conditions de crédit doivent aussi entrer en ligne de compte. Mais le facteur le plus important demeure encore et toujours la silhouette de nos deux concurrentes. Quoi que l'on dise, une belle voiture aura toujours plus de succès qu'un modèle rébarbatif sous ce rapport. Et comme les goûts et les couleurs ne se discutent pas, vous ne ferez pas une mauvaise affaire avec l'une ou l'autre.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Le tableau de bord de la Ford Fiesta ne manque pas d'originalité.