Aujourd'hui, pour faire riche, un véhicule n'a plus besoin d'une carrure qui en impose comme en font foi les Acura ILX et Buick Verano. Deux compactes cossues, mais financièrement accessibles.

Le cartel de marques allemandes (Audi, BMW, Mercedes) a été le premier à mettre au point cette formule concentrée du luxe, en prenant le marché européen pour «laboratoire».

Au Canada, accordons le titre de pionnier du segment des compactes tirées à quatre épingles à Acura, ou plus précisément à la direction de sa filiale canadienne. En effet, ce sont les dirigeants d'Acura qui, les premiers, avaient eu l'idée d'endimancher une Civic pour en faire le modèle d'entrée de gamme d'Acura. Ainsi, des installations canadiennes de Honda, presque clandestinement, est née la EL.

Elle sera remodelée au fil des ans pour adopter un nouveau matricule (CSX) en 2006, qui n'a jamais traversé la frontière des États-Unis. Les temps ont changé. Après un hiatus de quelques mois, la CSX renaît de ses cendres et porte aujourd'hui le nom de ILX. Celle-ci partage toujours la plateforme de la Civic, mais voit désormais le jour au sud de la frontière, où elle est commercialisée pour la première fois.

Voilà pour la chronologie de ce modèle d'origine japonaise. La genèse de la Verano de Buick est moins compliquée. Celle-ci, également apparue cette année, est disponible sur l'ensemble du territoire nord-américain et repose, comme la ILX, sur une architecture roturière anoblie, en l'occurrence celle de la Chevrolet Cruze.

General Motors n'en est pas à sa première expérience dans le domaine. Dans les années 80 - donc bien avant Acura -, le constructeur américain avait maladroitement «déguisé» une Chevrolet Cavalier pour en faire une Cadillac Cimarron. L'ennui, c'est qu'il n'était pas nécessaire d'attendre jusqu'à minuit pour voir ce carrosse se transformer en citrouille...

La bonne cible?

Dans la ligne de mire de la ILX, la direction d'Acura voit les Audi A3, Mercedes Classe B et autres Lexus IS et CT.

La Verano? Pas un mot. Pourtant, la petite Buick n'a pratiquement rien à lui envier. Son blason n'a peut-être pas le prestige des grandes marques européennes, mais en toute honnêteté, Acura non plus.

À part quelques modèles très marquants (Integra et NSX), la filiale de Honda n'a pas un héritage aussi riche que celui de Buick, marque dont la légitimité procède de son ancrage dans l'histoire automobile.

Mais, au-delà de ces considérations purement académiques et discutables, reste que la Buick a des arguments à faire valoir face à la ILX. Hormis l'absence d'une motorisation hybride - qui ne saurait tarder -, la Verano compte à son catalogue des versions comparables à la ILX et ce, à bien meilleur prix. En apparence à tout le moins.

Naturellement, certains équipements manquent à l'appel sur l'américaine. Par exemple, l'Acura comporte de série la climatisation automatique, un toit ouvrant - des options sur la Buick -, des glaces conducteur et passager avant qui se referment d'un trait - luxe seulement offert au conducteur de la Verano -, ou encore la disponibilité de phares au xénon. Toutefois, même après un détour au rayon des accessoires, la Verano conserve l'avantage quant au prix de détail.

Le luxe, c'est aussi le confort. Dans ce domaine, la Verano creuse l'écart sur sa rivale d'un jour. Plus joufflue, il est vrai, la Verano offre globalement des places plus confortables que la ILX. Cette dernière en revanche, fait bien meilleur usage de l'espace disponible, une spécialité chez Honda (pardon Acura!).

Malgré son format plus ajusté, la berline japonaise offre plus de dégagement aux épaules et aux hanches que l'américaine. Dans tous les autres domaines de comparaison, la Buick la surpasse. Parfois de peu.

La différence la plus nette, c'est en soulevant le couvercle du coffre de nos protagonistes qu'elle se voit. Le volume utilitaire de la Verano offre l'équivalent de 55 litres - soit plus que la taille du réservoir de carburant de l'Acura - d'espace supplémentaire. Qui plus est, il est possible d'augmenter cette superficie en condamnant en tout ou en partie les places arrière. La ILX, c'est tout ou rien. Le dossier de la banquette bascule tout entier et ne se fragmente pas.

Puisqu'il est question de confort toujours, l'habitacle de la Verano profite d'un dispositif antibruit mis au point par Buick, appelé QuietTuning, particulièrement efficace. On connaît la recette - moquette double épaisseur, joints triples pour les portes et glaces plus épaisses -, mais Buick se garde bien de révéler l'impact de cette «technologie» sur le poids du véhicule.

Pour mouvoir sa berline, Buick a recours à un moteur de plus forte cylindrée (2,4 litres) qu'Acura (2 litres). L'avantage bascule cette fois du côté d'Acura. Malgré son déficit de puissance, le moteur japonais ne traîne pas. Le rapport poids/puissance est sensiblement voisin entre les deux véhicules, tout comme les performances d'ailleurs.

Et même si la boîte automatique de la ILX ne compte que 5 rapports (la Buick en a 6), ceux-ci sont parfaitement étagés et ne souffrent pas du manque de netteté observé sur celle de la Buick, notamment au moment des relances.

Et la cerise sur le sundae maintenant: la consommation. La ILX consomme près de 1 litre d'essence de moins aux 100 kilomètres. L'ennui, elle exige du super...

Sur la route, Verano et ILX procurent une expérience de conduite différente. La Verano gomme mieux les aspérités de la chaussée, mais l'Acura attaque avec plus de conviction les virages et propose plus de latitude à la personne qui aime conduire.

Toute la différence est là. Le luxe, c'est de conduire ou avoir l'impression de se laisser conduire?