Le paysage automobile québécois se compose majoritairement d'automobiles compactes. Étrangement, deux d'entre elles seulement nous font profiter de la marge de sécurité additionnelle que procure un rouage à quatre roues motrices: la Subaru Impreza et la Mitsubishi Lancer... Nous les avons opposées.

Contrairement à la croyance populaire, Subaru n'est pas la seule marque à compter une compacte - l'Impreza - à rouage intégral dans ses rangs. Mitsubishi en propose également une, la Lancer. Hélas, son constructeur en fait une promotion plutôt timide (lire inexistante) et consacre, à juste titre, ses maigres dollars publicitaires à ses créations les plus récentes. La sortie de la Lancer remonte à cinq ans déjà. Sa remplaçante ne saurait tarder.

Bien que vieillissante, la version actuelle est éprouvée techniquement et a atteint son stade de mise au point le plus avancé. Et pour ajouter à cette tranquillité d'esprit, la Lancer s'appuie sur l'une des garanties les plus généreuses de l'industrie. Un argument à considérer.

L'Impreza n'a plus besoin de présentation, même si elle brille faiblement dans la constellation de Subaru. Il s'agit ici de la quatrième génération de ce modèle qui, à l'instar de la Lancer, demeure abonné aux rôles de soutien dans la catégorie - ces deux berlines se sont écoulées à quelque 3000 unités chacune au Québec, l'année dernière. En effet, comme la Lancer (Evo et Raliart), l'Impreza se trouve éclipsée sur le plan de l'image par ses dérivés sportifs - les WRX et STi.

Vie à bord

La Lancer vieillit plutôt bien, même si elle présente des codes esthétiques délicieusement surannés. On pense notamment à l'agressivité de la partie avant que les stylistes de la marque s'efforcent aujourd'hui d'adoucir. On se désole toujours, en revanche, en contemplant cette carrosserie, de l'assemblage peu précis de certaines pièces, comme des interstices inégaux à la hauteur du capot ou encore du couvercle du coffre. Une tare observée lors de la présentation de presse de ce modèle et qui devait, nous a-t-on dit à l'époque, être corrigée au moment de la production en série. Une promesse que Mitsubishi a visiblement eu du mal à tenir.

Mitsubishi a du style et Subaru n'en a pas. La marque à la constellation d'étoiles se cherche toujours dans ce domaine. Le dessin de cette quatrième génération d'Impreza manque cruellement d'imagination. Elle habille une carrosserie que d'aucuns jugeront plutôt terne par rapport à l'étude conceptuelle qui l'a précédée. Refrain connu.

À bord de la Mitsubishi, la qualité des matériaux est correcte, sans plus. La finition inégale retient encore une fois l'attention - interstices entre certains panneaux -, tout comme la faible qualité de certains plastiques utilisés à l'intérieur. Parmi les points forts de cette Lancer, on trouve son volume habitable, toujours compétitif. La place n'est pas comptée, ni à l'avant ni à l'arrière. En fait, la Lancer offre globalement plus d'espace que l'Impreza, pourtant d'une conception plus récente. Idem pour le coffre, l'avantage revient - de peu - à la Lancer pour peu que son acheteur fasse l'impasse sur la chaîne audio haut de gamme - Rockford Fostgate de 710 W - dont le caisson de graves empiète sur l'espace du coffre.

À l'intérieur, on regrette pratiquement l'univers «Guerre des étoiles» que Mitsubishi avait l'habitude de créer. Deux cadrans regroupés derrière le volant, des boutons alignés comme à la parade, la Lancer est d'une simplicité d'utilisation désarmante. Ce n'est guère plus compliqué à bord de la Subaru, mais celle-ci est plus valorisante à l'oeil comme au toucher. L'Impreza présente en effet une finition plus soignée, une qualité d'assemblage supérieure et une présentation plus moderne.

Emmenez-en, de la neige

Selon les statistiques compilées par Subaru, 66% des acheteurs de l'Impreza se la procurent pour bénéficier de son rouage intégral. On ne peut en dire autant de la Mistubishi, qui réserve cette «aide à la conduite» à deux de ses versions (SE AWD et GT AWD) seulement.

Cette quatrième génération de l'Impreza fait de l'économie de carburant l'axe stratégique de sa refonte.

Elle promet de consommer aussi peu que ses concurrentes, tout en préservant ses quatre roues motrices, si précieuses aux yeux de sa fidèle clientèle. Pour y parvenir, les ingénieurs n'ont pas eu à se creuser les méninges. Il leur a suffi de suivre la voie tracée par bon nombre de constructeurs déjà: diminution de la cylindrée et ajout d'artifices reconnus et éprouvés pour minimiser les arrêts à la pompe.

Le moteur met toujours à plat ses quatre cylindres, mais le volume de ces derniers équivaut désormais à 2 L et non 2,5, comme c'est le cas de la génération actuelle. Signalons en outre que cette mécanique gagne un arbre à cames supplémentaire - cela lui en fait deux - et un échappement plus efficace grâce à un catalyseur qui monte plus rapidement en température. En gros, ce moteur produit moins de chevaux et de couple que son prédécesseur, mais promet, sur papier, d'intéressantes économies de carburant. Dans les faits, nous avons obtenu un peu plus de 9 L/100 km de moyenne. C'est légèrement mieux que le score enregistré au volant de la Mitsubishi Lancer. Celle-ci retient la plus puissante des mécaniques à sa disposition, à savoir un quatre-cylindres de 2,4 L (les modèles ordinaires adoptent un deux-litres). Ce dernier consomme davantage, mais ne manque pas d'allant. Il est malheureusement associé à une boîte à variation continue (CVT) obsolète. Bien que celle-ci se révèle globalement efficace, elle nous est apparue collante, comme si sa courroie tenait constamment le moteur en laisse.

La Subaru propose aussi une boîte CVT qui, sans être exceptionnelle elle non plus, offre un rendement plus soyeux. Chose certaine, celle-ci doit être préférée à la boîte manuelle à cinq rapports dont le guidage manque cruellement de précision et de souplesse.

Sur la route, la Lancer ne flageole pas sur ses vieux os. Remarquablement équilibrée, cette auto se laisse guider avec beaucoup d'aisance grâce à une direction qui a ce qu'il faut de fermeté pour procurer de bonnes sensations; la motricité ne fait jamais défaut et le train arrière «enroule» bien, ce qui permet d'inscrire facilement le nez de l'auto dans les virages serrés et contribue au sentiment de sécurité que l'on éprouve à son volant. Bien que suffisamment rigide, pour limiter les mouvements de caisse, la suspension ne sacrifie pas pour autant le confort. Si l'Impreza est bruyante, la Lancer l'est davantage.

L'Impreza offre des sensations différentes. Moins enjouée que la Lancer, elle se révèle pourtant plus efficace. Plus légère et bénéficiant d'un centre de gravité moins élevé, la Subaru se prend aisément en main et se veut très rassurante. Si la Mitsubishi s'avère la plus amusante à conduire, la belle homogénéité affichée par l'Impreza en fait une voiture plus agréable à vivre au quotidien.

On achète?

Le poids des années ne se fait pas trop sentir chez la Lancer, mais celle-ci demeure cependant moins compétitive que l'Impreza, qui remporte cet affrontement. Une victoire que la Subaru doit essentiellement à sa plus grande homogénéité, à sa gamme plus étoffée et à ses tarifs plus attractifs. Loin de démériter, la Mitsubishi demeure non seulement un brin plus logeable, mais aussi plus dynamique à conduire. Les principales causes de sa défaite sont intimement liées à sa qualité de fabrication inférieure, à sa consommation et à sa grille tarifaire plus élevée.

Fiche technique - Subaru Impreza

Prix : 19 995$ à 26 985$

Garantie de base : 3 ans/60 000 km

Consommation obtenue lors de l'essai : 9,1 L/100 km

Pour en savoir plus : subaru.ca

Moteur : H4 DACT 2,0 litres

Puissance : 148 ch à 6200 tr/min

Couple : 145 lb-pi à 4200 tr/min

Poids : 1380 kg

Rapport poids-puissance : 9,32 kg/ch

Mode: Intégral

Transmission de série : Manuelle 5 rapports

Transmission optionnelle : Semi-automatique CVT

Direction/diamètre de braquage: Crémaillère/10,6

Freins avant-arrière : Disque/disque

Pneus : 205/55R16

Capacité et type de carburant : 55 litres/ordinaire

Fiche technique - Mitsubishi Lancer 4RM

Prix : 14 998$ à 27 998$

Garantie de base : 5 ans/100 000 km

Consommation obtenue lors de l'essai : 9,3 L/100 km

Pour en savoir plus : mitsubishi-motors.ca

Moteur : L4 DACT 2,4 litres

Puissance : 168 ch à 6000 tr/min

Couple : 167 lb-pi à 4500 tr/min

Poids : 1425 kg

Rapport poids-puissance : 8,48 kg/ch

Mode: Intégral

Transmission de série : Semi-automatique CVT

Transmission optionnelle : Aucune

Direction/Diamètre de braquage: Crémaillère/10

Freins avant/arrière : Disque/disque

Pneus : 205/60R16

Capacité et type de carburant : 55 litres/ordinaire