Cela ressemble un peu au récit de la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le boeuf... Pour faire jeu égal avec une concurrence de plus en plus boursouflée, le Toyota Highlander n'avait apparemment d'autre choix que d'engraisser à son tour. L'histoire se terminera-t-elle comme la fable?

Un survol rapide de la fiche technique du Highlander 2014 ne rend pas justice aux nombreuses transformations apportées par Toyota à ce modèle. Visuellement, c'est une autre histoire. Sans même sortir le ruban à mesurer, le nouveau venu - il s'agit de la troisième génération - affiche une stature plus imposante qu'autrefois. Plus long, plus large et - hélas - plus lourd que son prédécesseur, le multisegment comporte des lignes plus acérées et une calandre dont la taille rivalise avec celle d'un camion semi-remorque de Kenworth. Est-ce suffisant pour intimider les adversaires de ce Toyota, parmi lesquels on trouve le Pathfinder de Nissan? Assurément pas, mais cet aspect témoigne bien des ambitions de Toyota.

Au Québec, ce dernier apparaît aujourd'hui comme son concurrent le plus sérieux. En effet, les deux constructeurs japonais immatriculent sensiblement le même nombre d'unités chaque année. Toyota souhaite bien évidemment se détacher de ce rival et voudrait - au Québec toujours - s'emparer de la tête du classement, occupée actuellement par le Ford Explorer. Ce dernier détient une avance confortable, mais loin d'être insurmontable.

Le sens de la famille

Longtemps, la fourgonnette a incarné le véhicule familial de référence. Aujourd'hui, papa et maman regardent ailleurs. Il leur faut quelque chose de plus dynamique, un modèle pratique et spacieux, mais avec un parfum de nouveauté et un zeste d'aventure.

Ainsi est né le multisegment, qui conjugue les attributs de plusieurs catégories sous un même toit. La recette a conquis le monde, et cela fait bien l'affaire de Toyota et de Nissan, qui nous proposent ici chacun leur vision transversale (ni camion ni auto) de l'automobile.

De cette refonte, le Highlander gagne non seulement en volume extérieur, mais aussi intérieur. Les dimensions accrues ont notamment permis d'enregistrer des gains appréciables, qui profitent tout particulièrement aux occupants de la deuxième et de la troisième rangée de sièges. Ces places s'avèrent non seulement plus spacieuses, mais il est aussi plus facile de les atteindre et de s'en extraire que par le passé. Cela ne fait pas du Highlander le champion dans ce domaine. En fait, la dernière création de Toyota s'y trouve toujours à la remorque du Pathfinder. Si les places du Nissan sont légèrement plus étriquées que celles du Toyota au niveau des épaules et des hanches, le Pathfinder offre globalement un volume habitable supérieur. Mais le Highlander propose deux configurations de sièges (rangée médiane) et peut asseoir jusqu'à huit personnes. Le Pathfinder limite à sept le nombre de places. C'est logeable, mais dans un cas comme dans l'autre, tous les occupants ne pourront apporter tous leurs bagages. Certains vont demeurer sur le trottoir. Les passagers ou les bagages? Il faut choisir.

Sur le plan de la présentation, le Toyota impressionne par sa créativité et le souci apporté aux détails. C'est parfois un peu trop - un design plus épuré aurait fait l'affaire - , mais les stylistes ont ordre maintenant de «lâcher leur fou». On note aussi avec plaisir l'ingéniosité des espaces destinés au rangement. Chez Nissan, la présentation est plus pragmatique, et l'essentiel des commandes tombe sous le sens. Rien de compliqué, ce que plusieurs automobilistes apprécieront.

Origine connue, gage de fiabilité?

Nos deux protagonistes reposent sur des architectures automobiles. Toyota fait appel à plusieurs composantes de la Camry pour concevoir le Highlander, tandis que l'Altima de Nissan prête plusieurs de ses organes pour donner forme au Pathfinder. Voilà, succinctement résumé, l'origine de ces deux modèles qui, rappelons-le, offrent deux types d'entraînement: traction ou intégral. Au sujet de ce dernier mode, soulignons que le dispositif proposé par Toyota est supérieur à celui de Nissan. En effet, dans le cadre de la refonte du Highlander, les ingénieurs ont procédé à une mise à niveau du système. Celui-ci comporte des capteurs plus sensibles doublés d'une commande électromagnétique logée dans le différentiel arrière, pour une transition plus rapide du couple entre les trains roulants.

On se retrouve donc en présence de véhicules dont la fiabilité ne devrait pas poser de graves problèmes, même si leur conception apparaît toute récente. Qu'à cela ne tienne, le Toyota conserve une longueur d'avance sur son rival dans ce domaine, si l'on prête foi aux différents sondages d'opinion et au courrier reçu des utilisateurs. Le problème le plus récurrent touche la boîte à variation continue (CVT), plus particulièrement sa programmation. Nissan a déjà corrigé la situation en procédant à un rappel. Qu'est-ce qui garantit que le Highlander sera plus fiable? Rien, si ce n'est que les principaux éléments mécaniques du modèle antérieur ont été reconduits.

Douceur ou fermeté

La cylindrée de deux moteurs est identique, mais leur rendement diffère tout de même un peu. Sur papier, le Toyota est le plus puissant des deux, mais ne vous laissez pas aveugler par ce chiffre. Le V6 de Nissan procure globalement une meilleure force de couple (à moyen régime surtout), et la boîte CVT s'assure de relayer le tout aux roues motrices avec plus de rapidité. À cela, il convient d'ajouter que le Pathfinder est également un brin plus léger que son rival. La transmission semi-automatique à six rapports du Highlander n'est pas vilaine, seulement somnolente (ou lente, si vous préférez) en mode tout automatique.

Relativisons un peu. La performance pure n'a ici guère d'importance, d'autant que l'écart entre les temps d'accélération et de reprises de ces deux véhicules tient dans un dé à coudre. Quant au ressenti, le V6 de Nissan donne l'impression d'être plus costaud et le V6 de Toyota, d'être plus silencieux. Chose certaine, l'un comme l'autre mériterait une visite des motoristes pour faire le plein de nouvelles technologies (injection directe, désactivation des cylindres ou coupure automatique à l'arrêt) pour diminuer leur soif en hydrocarbures. À ce sujet, le moteur Nissan fait preuve d'une plus grande sobriété à la pompe.

Plus fermement surélevé, le Pathfinder crée l'illusion d'être plus sportif qu'il ne l'est réellement. Considérant son gabarit, son poids et la taille de ses pneumatiques (20 pouces), ce Nissan manque d'agilité (le Highlander également) et réagit mal aux changements de trajectoires trop rapides, même si sa direction - faussement dure - donne l'impression contraire. Plus légère, la direction à assistance électrique du Toyota s'avère plus confortable, mais tout aussi imprécise et dénuée de sensation.

Au Pathfinder, on reprochera surtout le manque de souplesse des éléments suspenseurs, qui peinent à lisser les grosses imperfections. Dans ce domaine, le Highlander fait mieux. Sur le plan du freinage, le Toyota parvient à s'immobiliser plus rapidement, mais on retient surtout la meilleure endurance des freins à la suite d'arrêts répétés.

Enfin, pour ceux qui souhaitent les utiliser pour tracter, sachez que la capacité maximale des deux véhicules est fixée à 2268 kg (5000 lb).

À qui la victoire?

Si la victoire devait se jouer uniquement sur le prix, le Pathfinder gagnerait. Sa fourchette de prix est plus attractive et les conditions de financement, meilleures. Du moins, pour l'instant.

En ce qui concerne les accessoires, les deux font pratiquement jeu égal. Idem pour les différentes garanties. La différence se trouve alors ailleurs. Dans la valeur de revente plus élevée du Highlander, la qualité d'exécution, le silence de fonctionnement, la polyvalence et la présentation plus valorisante. Pour toutes ces raisons, le Toyota mérite de se retrouver devant, même s'il fait mentir la fable.



Fiche technique - Nissan Pathfinder

Prix : de 29 998 à 51 058$

Frais de transport et préparation: 1560$

Garantie de base : 3 ans/60 000 km

Consommation: 11,1 L/100 km

Pour en savoir plus : www.nissan.ca

Moteur : V6 DACT 3,5 litres

Puissance : 260 ch à 6400 tr/min

Couple : 240 lb-pi à 4400 tr/min

Poids : 1987 kg

Rapport poids-puissance : 7,64 kg/ch

Mode: Intégral

Transmission de série : Automatique CVT

Transmission optionnelle : Aucune

Direction/Diamètre de braquage (m) : Crémaillère/11,1

Freins avant/arrière : Disque/Disque

Pneus avant-arrière : 235/55R20

Capacité du réservoir de carburant : 73 litres

Essence recommandée: Ordinaire

Fiche technique - Toyota Highlander

Prix : de 33 595 à 52 695$

Frais de transport et préparation: 1690$

Garantie de base : 3 ans/60 000 km

Consommation : 11,3 L/100 km

Pour en savoir plus : www.toyota.ca

Moteur : V6 DACT 3,5 litres

Puissance : 270 ch à 6200 tr/min

Couple : 248 lb-pi à 4700 tr/min

Poids : 2045 kg

Rapport poids-puissance : 7,57 kg/ch

Mode: Traction

Transmission de série : Semi-automatique 6 rapports

Transmission optionnelle : Aucune

Direction/Diamètre de braquage(m) : Crémaillère/11,7

Freins avant/arrière : Disque/Disque

Pneus avant-arrière : 245/55R19

Capacité du réservoir de carburant : 72,5 litres

Essence recommandée: Ordinaire