À peine quelques semaines après sa sortie, la Mazda6 croulait déjà sous les prix. «Voiture de l'année» pour les uns, «meilleure intermédiaire de sa catégorie» pour les autres, la japonaise a marqué les esprits des critiques. Les années passent, les louanges restent-elles? Hyundai, son concurrent sud-coréen, est pourtant convaincu que la septième mouture de la Sonata, présentée cette année, peut faire mieux.

La critique est unanime, la Mazda6 est la plus douée de sa génération. Alors pourquoi ne caracole-t-elle pas en tête des ventes de sa catégorie? Au Québec, par exemple, la japonaise ne figurait toujours pas dans le top 5 des intermédiaires les plus prisées l'année dernière. Au contraire de sa rivale d'un jour, la Hyundai Sonata, qui, elle, se trouvait en lutte pour arracher la première place à la Honda Accord (3574 unités contre 3552 pour la sud-coréenne).

La domination de la berline sud-coréenne quant aux ventes tient à plusieurs facteurs. Bref, rappelons que l'offre de Mazda repose sur un modèle unique à motorisation unique, alors que sa concurrente offre une gamme plus complète où figure même une motorisation hybride (de la génération antérieure pour le moment). En clair, Hyundai ratisse plus large.

Vie à bord

Longues et basses, ces deux berlines ont été dessinées avec le souci d'éviter toute sensation de fadeur. La ligne générale de nos deux protagonistes est élancée et les panneaux de carrosserie, assez peu travaillés, comme les surfaces vitrées restreintes, donnent de la puissance à la silhouette.

Dans un cas comme dans l'autre, l'insonorisation est particulièrement réussie et l'habitacle est traité avec soin et délicatesse, aucune faute de goût dans les assemblages de matériaux ne venant choquer le regard ou le toucher. Les sièges à l'avant procurent un support adéquat - légèrement supérieur sur la 6 - et la position de conduite est facile à trouver grâce à de multiples réglages. À l'arrière, la Sonata offre un meilleur confort et plus de dégagement, mais surtout un accès et une sortie plus faciles. En effet, la ligne du pavillon de la 6, plus que la Sonata encore, exige certaines précautions pour ne pas se cogner la tête contre le rebord du toit pour accéder ou s'extraire des places arrière. Puisque nous sommes tout près, un mot sur le coffre. Encore là, la Sonata offre un volume plus important et la possibilité, comme la Mazda, de moduler l'espace en rabattant en tout ou en partie les dossiers de la banquette.

Sur le plan de la connectivité et des nouvelles technologies, la Hyundai fait mieux encore, là aussi. Le système de navigation de la Mazda se trouve franchement à la remorque de celui offert à bord de la Sonata. Non seulement l'écran est trop petit, mais son fonctionnement n'est pas un modèle du genre. Avantage Hyundai qui offre un écran plus facile à consulter, des graphiques à la fois plus clairs et plus modernes et une utilisation sans tracas.

Sur la route

Attendue au tournant, la Sonata efface habilement les tares de la génération précédente. Mieux suspendue, la sud-coréenne amortit mieux les (nombreuses) déformations rencontrées sur nos chaussées. Plus confortable dans le sens général du terme, la Hyundai se veut également plus dynamique, sans inquiéter la 6 pour autant. En effet, la japonaise brille de mille feux dans ce domaine. Elle se révèle à la fois plus agile et plus vive à conduire que sa concurrente. Les mouvements de caisse de la 6 sont mieux contenus et l'équilibre dont fait preuve la 6 demeure à ce jour la référence dans le segment des intermédiaires. Malgré des efforts louables, la Sonata ne parvient pas à donner autant de confiance au volant. Sa direction assistance électrique n'a pas la même finesse et la monte pneumatique, la même adhérence. La nature sous-vireuse de la Hyundai se manifeste plus promptement que sur la 6.

Quant aux aides à la conduite, celles offertes à bord de la Mazda entrent en fonction avec plus de souplesse et moins d'agressivité. Hyundai propose notamment au conducteur de revoir certains paramètres de conduite à l'aide de son dispositif «Drive Mode», mais cela ne la rend qu'artificiellement plus efficace.

Pour comparer des pommes avec des pommes, la Sonata prend part à ce duel animée de sa motorisation quatre cylindres 2,4 litres. Ce moteur est opposé au 2,5 litres de la 6. Ces deux mécaniques s'arriment à une boîte semi-automatique à six rapports. Mentionnons que seule Mazda propose toujours une transmission manuelle, une rareté dans ce segment.

Sur papier, le 2,5 litres de Mazda prend l'ascendant sur son homologue sud-coréen. En pratique aussi. La motorisation développée par le constructeur japonais arrache la 6 de sa position statique plus promptement et lui permet également de signer de meilleurs temps de reprise. Plus étonnant encore, elle consomme moins à la pompe. La présence d'un système de récupération d'énergie au freinage (i-ELOOP), offert à bord de la livrée GT, n'y est pas étrangère. Cette «trouvaille technologique» a la particularité d'utiliser un condensateur pour fournir de l'électricité à tous les accessoires électriques du véhicule. Le i-ELOOP ne nécessite pas de moteur électrique ni de batterie. Cela permet d'obtenir un système plus efficace, compact et plus léger. À cette technologie singulière, il importe d'en ajouter une autre: SCBS. Il s'agit d'un système intelligent d'aide au freinage en ville conçu pour aider le conducteur à prévenir les collisions frontales lorsque le véhicule roule à des vitesses inférieures à 30 km/h.

Le secret de la 6 ne repose pas seulement sur ces dispositifs, mais aussi sur sa construction plus légère. Il suffit de jeter un coup d'oeil à nos fiches techniques pour apprécier les efforts de Mazda à réduire le poids de sa berline.

Conduire ou se faire conduire?

Si le caractère «familial» est le critère numéro 1 d'une berline de taille intermédiaire, alors la Sonata remporte ce duel. Sa gamme est plus complète, ses prix, plus attractifs, sa garantie, plus généreuse et sa conduite, sans histoire.

En revanche, si l'agrément de conduite occupe le premier rang de votre échelle d'évaluation, la 6 demeure le meilleur choix. Ce modèle offre un comportement plus sportif, en plus de technologies d'avant-garde. Les places arrière sont moins spacieuses (le coffre itou) et le système de navigation, désuet.

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Une première mise à niveau pour la 6

Mazda ne chôme pas. Le constructeur japonais procédera dans les prochains mois à trois lancements majeurs (2, MX-5 et CX-3), en plus d'annoncer la mise à niveau de deux de ses produits existants, dont la 6. Cette dernière bénéficiera pour 2016 de transformations extérieures minimes et presque essentiellement visibles sur la version GT, la plus chère. En effet, seule cette déclinaison aura droit aux feux DEL, à une calandre partiellement redessinée et à des jantes (19 pouces) repeintes d'une couleur plus foncée.

À l'intérieur, on remarque l'apparition d'un frein d'urgence électrique - moins encombrant -, d'un bloc d'instrumentation plus moderne et surtout d'un écran de navigation plus grand et aux commandes plus conviviales. On note également l'offre - de série - de deux ports USB ainsi que d'une banquette arrière chauffante.

Sur le plan technique, la 6 adopte, comme la Hyundai, un dispositif électronique qui permet de paramétrer certaines composantes pour offrir un comportement plus confortable ou plus sportif. Mazda dit avoir aussi abaissé le niveau sonore à bord et amélioré la structure des sièges. Le petit constructeur d'Hiroshima ne dit mot cependant sur la mécanique diesel qui devait animer son intermédiaire peu de temps après sa sortie en 2012. Selon nos informations, Mazda fera l'annonce officielle de sa présence au cours des prochains mois.

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La Sonata ratisse large

La force de la Sonata repose en grande partie sur la diversité de sa gamme. En effet, outre les déclinaisons animées du moteur quatre cylindres 2,4 litres, Hyundai propose une variante à moteur suralimenté par turbocompresseur ainsi qu'une hybride. Cette dernière, incidemment, est une reconduction du modèle de l'année dernière.

En clair, elle ne bénéficie pas de l'ensemble des avancées techniques du modèle 2015. Le constructeur sud-coréen promet cependant de remédier à cette situation en 2016 avec l'arrivée d'une version «mi-essence, mi-électrique» plus sophistiquée encore qui, pour la première fois, sera de type rechargeable (plug-in), selon nos informations. Pour sa part, Hyundai Canada pourrait également être tenté d'intégrer au catalogue de la Sonata une version Eco (actuellement offerte aux États-Unis). Celle-ci se distingue par sa motorisation suralimentée de 1,6 litre (177 chevaux) et sa boîte automatique 7 rapports à double embrayage.