Précurseur et longtemps chouchou des acheteurs de VUS doux, le RAV4 de Toyota est aujourd'hui attaqué de toutes parts. Après les Escape et CR-V, au tour du Nissan Rogue d'afficher sa prétention de le déloger de la troisième place qu'occupe le RAV4 sur le podium des ventes. Véritable menace pour Toyota ou excès d'optimisme de la part de Nissan?

Il y a un an, les positions étaient claires. Au Québec, le RAV4 occupait une confortable troisième place au classement des ventes de son segment, loin devant le Rogue. Mais ce dernier a fait l'objet d'une refonte majeure depuis et Nissan mène une campagne très offensive. D'ailleurs, la marque, pour la première fois de son histoire, a écoulé plus de 100 000 unités au Canada.

Étonnamment, l'approche de Nissan ressemble ici étrangement à celle retenue par Toyota. Aussi bien le Rogue que le RAV4 adoptent aujourd'hui des carrosseries aux formes plus recherchées, plus tranchantes aussi. Des deux, c'est le Nissan qui, globalement, occupe le plus d'espace dans la rue. Il est plus long, plus haut, mais moins large que son adversaire. Et plus lourd.

Vie à bord

Cette carrosserie plus ample enveloppe un habitacle plus spacieux. À l'exception de la largeur aux épaules à l'arrière, le Nissan avance des cotes d'habitabilité supérieures au Toyota. Le Rogue va plus loin encore et va jusqu'à proposer, en option, deux places supplémentaires, ce qui porte à sept le nombre de places assises. L'offre est séduisante, mais ces deux places additionnelles sont destinées à de jeunes enfants et pour dépanner seulement. Mais oublions un moment cette configuration sept places pour souligner que la modularité de l'espace intérieur représente une autre victoire pour le Rogue. Le coussin de la banquette arrière coulisse et les dossiers s'inclinent pour maximiser le confort de ses occupants. Même le dossier du siège passager avant se plie pour faciliter le transport de longs objets. Ce Nissan propose par ailleurs un système novateur appelé Divide-N-Hide. Celui-ci autorise 18 réglages possibles, dont un compartiment à l'abri des regards et une plateforme plus basse pour embarquer les articles de grandes dimensions. Le dossier de la banquette se rabat en trois sections (40-20-40). La proposition de Toyota est plus classique: 60/40. Mais la modularité n'est pas synonyme de volume, et dans ce domaine, le RAV4 prend l'ascendant sur son compétiteur.

Dans sa version Limited, la plus chère, le RAV4 est assez appréciable. Plus en tout cas que les versions d'entrée et de milieu de gamme dont la décoration ressemble à un sapin de Noël. La présentation y est plus soignée, plus complexe aussi, que celle du Rogue. En revanche, nos duellistes présentent une ergonomie perfectible. Les deux éparpillent les commandes et parfois certaines d'entre elles sont difficilement accessibles sans quitter la route des yeux.

Sur le plan des technologies et de la connectivité, le Rogue reprend l'avantage. Plusieurs technologies s'invitent à bord, dont un dispositif de visualisation du périmètre, que l'on ne retrouve pas chez Toyota. En revanche, Toyota et Nissan offrent le système de surveillance des angles morts, essentiels en raison de l'épaisseur des piliers arrière, et un autre de détection de sortie de voie, mais hélas seulement sur les versions les plus huppées.

Banales en apparence, les technologies de connectivité et d'intégration des téléphones intelligents et la navigation avec écran tactile demeurent plus efficaces et plus conviviales chez Nissan que chez Toyota.

Performances et conduite

Le RAV4 est assemblé à Woodstock, en Ontario, et le Rogue à Smyrna, au Tennessee. Les deux véhicules proposent un moteur de même cylindrée (2,5 litres) et légèrement en retard sur le plan technique. En effet, aussi bien Toyota que Nissan demeurent fidèles à l'injection multipoint séquentielle. La concurrence, elle, s'est tournée vers l'injection directe, laquelle permet d'enregistrer des gains appréciables sur le plan de la consommation.

Peu sophistiquées sans doute, ces mécaniques ont le mérite cependant d'être robustes, fiables et éprouvées. Deux mécaniques aux rendements très proches, mais accordons un léger avantage à celle du RAV4, un brin plus souple et plus discrète. Ce gain est toutefois assombri par une consommation plus élevée, donc en fin de compte, la proposition de Nissan est plus homogène.

Au chapitre des boîtes de vitesses, le RAV4 propose une boîte automatique conventionnelle, alors que Nissan s'en remet à une CVT (variation continue) plus efficace au rendement plus naturel que par le passé.

Sur la route, le Rogue s'avère plus facile à vivre au quotidien. Sa suspension offre un meilleur débattement que le RAV4 qui «sautille» ou «cogne» trop aisément au passage des bosses et autres déformations de la chaussée. En revanche, lorsque la chaussée est lisse, le Toyota affiche un comportement plus dynamique et minimise mieux les mouvements de caisse que le Nissan. De plus, la direction du RAV4 communique mieux que celle du Nissan.

Autant chez Nissan que chez Toyota, les modèles les plus économiques entraînent uniquement les roues avant. Pour bénéficier du rouage intégral, il faut monter en gamme, et en prix. Dans pareil cas, le dispositif offert par Nissan nous est apparu supérieur, plus réactif que celui proposé par Toyota. Ce dernier comporte également des aides à la conduite plus chatouilleuses qui se déclenchent un peu trop aisément, ce qui nuit à l'agrément général. En revanche, la puissance du freinage du RAV4 est supérieure et elle est plus facile à moduler.

Et le gagnant?

En raison de son sens pratique, son économie de carburant et sa polyvalence, le Rogue termine en première position devant un RAV4 qui ne démérite pas pour autant. Ses inconditionnels apprécieront sa plus grande sophistication et les principaux atouts liés à la marque qu'il défend (valeur résiduelle, promesse de durabilité). Qui plus est, en dépit de sa plus petite taille, sa capacité de remorquage est plus importante que celle du Rogue. Pour certains consommateurs, ce seul détail vaut une victoire.

CLASSEMENT

1. Nissan Rogue

2. Toyota RAV4