La Ford Fusion hybride a récemment fait les manchettes à la suite d'une dénonciation de Consumer Reports stipulant que les 4,1 litres aux 100 kilomètres (47 milles au gallon américain) promis par la publicité étaient un mensonge ou, du moins, une grossière exagération. Pour juger de la consommation de la voiture et pour savoir si elle est coupable ou non de fausses représentations, nous avons demandé à Ford Canada de nous prêter un exemplaire de cette nouvelle Fusion 2013 à double motorisation à des fins de vérification.

Avant de vous livrer le verdict, permettez que l'on fasse les présentations. Le modèle qui fait l'objet de cette controverse est d'abord animé par un petit moteur thermique, un 4 cylindres Ecoboost de 141 chevaux jumelé à un moteur électrique à piles lithium-ion qui vient ajouter 47 chevaux à la puissance initiale, pour un total de 188. Une transmission automatique à variation continue (CVT) contribue aussi à bonifier légèrement le rendement de la Fusion hybride. Ford aurait toutefois mieux fait de s'abstenir d'utiliser cette boîte de vitesses qui est à l'origine d'un temps mort important au moment de la mise en route et de cet allongement des rapports agaçants en phase de pleine accélération. C'est ce qui fait par exemple que l'on met près de 9 secondes à atteindre une vitesse de 100 km/h.  Par contre, à part l'absence de bruit à la mise en route, le passage d'une motorisation à l'autre se fait imperceptiblement.

De fausses prétentions

Venons-en maintenant à la consommation réelle de la Ford Fusion hybride en notant d'abord que nos vérifications ont été faites en ce début d'hiver par temps froid.  Sur la route, je ne vois pas comment un conducteur peut dupliquer le chiffre de 4,1 litres aux 100 km annoncé par le constructeur. En roulant mollo, en faisant très attention, la consommation du modèle d'essai s'est affichée à 5,5 litres aux 100 km sur l'ordinateur de bord après une centaine de kilomètres sur l'autoroute 10, ce qui est environ 30% de plus que les prétentions de Ford. Je ne vois absolument pas comment on pourrait abaisser cette consommation tout en conduisant de façon sécuritaire.  Peut-être qu'en été, en ne dépassant pas 90 km/h et par une journée sans vent, il est possible de descendre à 5 litres aux 100 km, mais certes pas moins.

On prétend aussi que la voiture peut atteindre les 100 km/h sans que le moteur à essence démarre. Encore là, avec un pied aussi léger qu'une plume, je n'ai pu faire mieux que 70 km/h avant que le moteur électrique crie au secours.

Pour en finir avec le volet consommation, la moyenne obtenue après une semaine de conduite normale s'est avérée de 6,4 litres aux 100 km, un chiffre enviable, mais assez loin des affirmations du constructeur.

Une belle gueule

Il serait dommage que cette anicroche nuise à la Ford Fusion qui est, somme toute, une superbe réussite se dirigeant allègrement vers le titre de « Voiture de l'année ». Au plan du design d'abord,  il y a un bail que je n'avais pas entendu autant d'éloges pour un nouveau modèle. Sa calandre mimant celle des Aston Martin a un effet boeuf sur les gens pour qui c'est le coup de coeur immédiat. On souhaiterait cependant en dire autant de la présentation intérieure beaucoup moins relevée avec une console cernée d'une imitation d'aluminium et un tableau de bord sans grande recherche.

Le volant gagnerait à être plus vertical, ce qui n'est qu'un menu détail comparativement à l'écran à tout faire qui ne fait rien simplement. En bas de celui-ci, des commandes sensibles au toucher sont faciles à activer sans le vouloir tandis qu'elles refusent systématiquement de répondre à vos impulsions si vous portez des gants. Je comprends maintenant pourquoi l'on vend désormais des gants dont l'index droit est fait d'un tissu différent qui permet l'usage d'un écran tactile.

Les sièges avant sont un peu trop bombés pour plaire à la majorité. On se trouve même mieux assis sur la banquette arrière, qui est facile d'accès et où l'espace est généreux.

Un aileron: pour quoi faire?

À voir les quatre poignées de maintien à chacune des quatre places et le becquet arrière, on en vient à se demander si la Fusion hybride ne se prend pas pour une sportive de grand cru. Il n'en est rien bien sûr, mais la présence de cet aileron est inutile tout en empêchant le couvercle du coffre de se soulever à l'appel de la télécommande.  Le volume réservé aux bagages n'est que de 340 litres (contre 453 pour une Fusion à essence) en raison de la présence des batteries lithium-ion qui ont remplacé les précédentes nickel-hybride.

Si la finition paraît soignée, on doit tout de même souligner que la voiture d'essai était affligée d'une sorte de crépitement ennuyeux du côté de la portière droite.

Un atout de la Fusion est son excellence visibilité, surtout que l'on semble traverser une époque où le design a préséance sur les lunettes arrière de plus en plus occultées.

Bien que l'on ait toujours la conviction d'être au volant d'une voiture américaine, la Ford Fusion peut être créditée d'un comportement routier très louable. Malgré la présence de pneus à neige, les virages s'enfilent sans crier gare avec peu de roulis et des réactions plutôt neutres. Les quatre freins à disques sont une denrée rare dans des modèles de cette catégorie, assurant des décélérations sans histoire. La traction avant de la  Fusion fait sentir sa présence par un léger effet de couple, mais elle propose néanmoins une bonne sensation de la route. On éliminera ce léger inconvénient en optant pour une Fusion à traction intégrale.

Sans le rabais gouvernemental de 1000$, une Ford Fusion hybride comme celle ici décrite vous coûtera 35 279$, un prix qui serait intéressant si l'économie de carburant annoncée était au rendez-vous. À la lumière de cet essai et par rapport à une voiture conventionnelle du même format consommant en moyenne 9 litres aux 100 km, on réalisera plus ou moins une économie de 2,5 litres par 100 km parcourus. À vous de décider si le jeu en vaut la chandelle. Chose certaine, la Ford Fusion a bien d'autres qualités que l'économie pour se faire apprécier, même si, en version hybride elle s'avoue coupable de trop d'optimisme.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Le tableau de bord de la Ford Fusion hybride contredit les données du constructeur. Aux 4,1 litres aux 100 km promis, on doit se satisfaire de 6,4 litres aux 100.