La Jaguar XK n'est plus. Le dernier exemplaire de l'année modèle 2015 de cette sportive a vu le jour le 23 juin dernier. Aujourd'hui, les quelque 2000 ouvriers de l'usine de Castle Bromwich s'affairent uniquement à assembler des XF, des XJ et des F-type.

Apparue la première fois au Salon de Genève 1996, la XK était appelée à relayer la XJ-S au sein de la gamme du constructeur britannique. La XK a instantanément fait oublier sa devancière qui n'a jamais trouvé grâce aux yeux des amateurs. Il faut rappeler, à sa décharge, que la XJ-S prenait le relais de «la plus belle voiture jamais réalisée» (dixit Enzo Ferrari), la E-type.

Longue, basse, féline, cette carrosserie lisse comme un galet évoluera. Ian McCallum, designer de la seconde génération apparue en 2006 n'a jamais caché qu'il s'était alors inspiré des «courbes» de l'actrice Kate Winslet pour la remettre au goût du jour. Plusieurs versions se sont succédé à son catalogue, dont la XKR-S GT, la plus sauvage de toutes. Au final, 40 unités de celle-ci ont été produites dont 10 exclusivement pour la course.

Moins extrémiste, moins exclusive, mais tellement plus accessible, la XKR-S restera sans doute aux yeux de plusieurs la déclinaison la plus aboutie et la plus homogène de ce modèle. Offerte en coupé ou cabriolet, la XKR-S n'avait ni le raffinement ni le modernisme de l'actuelle F-type, mais son charme est, lui, demeuré intact jusqu'à la fin.

On ne s'assoyait pas dans cette Jaguar, on s'y glissait, car l'intérieur exigu et la faible garde au toit créent un univers intimiste. Le tableau de bord tatoué en loupe de noyer et l'odeur du cuir pleine fleur flattaient les sens.

Cependant, l'ergonomie approximative de ses commandes rappelait non seulement le pedigree britannique de la belle, mais aussi son âge. L'assise des baquets avant, par exemple, a toujours été trop courte pour être confortable. Mais il n'y avait pas lieu de s'en plaindre en jetant un oeil aux sièges qui se trouvaient derrière. Pas même un enfant ne rêvait de s'y asseoir.

Souple, mordant à tous les régimes, le V8 suralimenté chantaient faux. Les miaulements de sa mécanique étaient en effet couverts par le bruit d'aspirateur du compresseur.

Sur une route correctement pavée, la XKR-S restait étonnamment digne. Neutre, capable de virer à plat, ce coupé perdait de sa superbe dès que la chaussée se dégradait. Le train avant se mettait à regimber et incitait les plus nerveux à lever le pied, surtout s'il pleuvait avec un moteur vif comme celui-ci. il fallait savoir doser avec finesse la pédale des gaz, si vous souhaitiez conserver un certain équilibre. On aurait également apprécié, pour nous donner confiance, que la direction offre un toucher de la route plus précis et soit aussi moins démultipliée.

À sa vue, le coeur battait toujours la chamade et les yeux des badauds s'écarquillaient, mais force est de reconnaître que la F-type fait mieux encore. Et à meilleur prix. Alors, bye, mon minou!