Dire que le diesel a mauvaise presse par les temps qui courent serait le plus beau des euphémismes. Le scandale des moteurs truqués dans lequel s'est plongé le groupe Volkswagen a fait de ce carburant une cible de choix, plusieurs clamant que son abolition pure et simple des grandes villes est nécessaire. Certains constructeurs croient néanmoins toujours au gazole, comme Jaguar qui a récemment outillé trois de ses modèles de moteurs diesel en Amérique du Nord. L'intermédiaire XF est l'un de ceux-là. Voyons voir si l'option est pertinente.

Son design

La virtuosité du designer Ian Callum est une fois de plus confirmée avec cette XF. La berline intermédiaire revêt une magnifique robe, un souffle de fraîcheur dans une catégorie qui est plus souvent reconnue pour sa prudence que ses bons coups esthétiques. Cette beauté, la XF la doit à sa simplicité, un mélange de modestie et de panache, d'équilibre et de substance. Son visage, composé d'une calandre rectangulaire aux angles arrondis pas trop imposante, une posture en opposition aux calandres de grosseur caricaturale de bien des rivales. Sur le côté, les designers ont également exploité cette continuité, tissant une ligne sur le haut de la ceinture de caisse.

Photo fournie par le constructeur

À bord

La XF nous accueille avec une planche de bord très dépouillée en apparence. Ce n'est cependant qu'un subterfuge. Lorsqu'on enfonce le bouton-poussoir du démarreur, les buses de ventilation font leur apparition tout comme la molette de contrôle de la transmission, un ballet élégant, mais probablement fort coûteux lorsqu'il s'enrayera. Qu'à cela ne tienne, cette XF étale une élégance tout aussi maîtrisée que pour sa carrosserie, mariant le tout à une bonne ergonomie et à de bons matériaux, sans être excellents. L'assemblage est néanmoins sans faille. La berline n'est évidemment pas sans imperfections. Les places arrière sont justes et les espaces de rangement peu généreux.

Photo fournie par le constructeur

Sous le capot

C'est ici sa nouveauté la plus importante: l'ajout d'une toute nouvelle mécanique turbodiesel de série, un quatre-cylindres de 2 L entièrement conçue par le groupe Jaguar Land Rover. Au démarrage, nul doute qu'il s'agit d'une mécanique diesel, le bruit de cliquetis assez présent en témoigne, tout comme ses grelottements insistants. Cela dit, lorsqu'il s'échauffe, ce moteur devient moins grognon, même discret. Une fois en rythme, on goûte à son couple de 318 lb-pi et à sa transmission ZF à huit rapports, une référence. Malgré son physique athlétique, cette XF diesel n'est pas particulièrement véloce, bouclant le 0-100 km/h au chrono en près de 9 s. Ce sont les 180 ch du moulin qui limitent ses ardeurs.

Photo fournie par le constructeur

Derrière le volant

Malgré un certain manque de souffle de son petit moulin, cette XF s'apprécie énormément derrière le volant. Loin de moi l'idée de noyer cet essai routier dans d'innombrables analogies félines, mais cette Jaguar est le prolongement logique de l'ADN du constructeur. Agile, dotée d'une excellente direction communiquant de belle façon la manière dont le châssis se comporte, elle réagit harmonieusement aux requêtes du conducteur. Le constructeur reprend ici en quelque sorte la niche construite sur l'agrément de conduite qu'occupait BMW durant plusieurs années. Notons par ailleurs que la XF est apprêtée uniquement avec une transmission intégrale, un système qui ne gomme en rien les sensations en raison de son penchant pour les roues arrière.

Photo fournie par le constructeur

Les technologies embarquées

Côté technologie, la XF bénéficie évidemment de la dernière génération du système d'infodivertissement de la marque. Sans être un exemple à suivre sur la facilité d'approche, il constitue néanmoins un immense pas vers l'avant par rapport à son prédécesseur. Dans la XF, il est offert en deux livrées, l'une composée d'un écran de 8 po et une chaîne audio de 380 W et l'autre misant sur un écran de 10 po et 825 W de puissance sur le plan sonore. Si vous êtes audiophile, cette dernière est l'avenue la plus intéressante pour 3600 $ en plus d'ajouter des fonctionnalités. Le rendement du système de série étant un peu fade.



Photo fournie par le constructeur

Le verdict

Il ne fait pas de doute que la XF est une voiture bien née, reposant sur des assises solides. L'ajout du moteur diesel à son attirail, le seul de son segment, permet de marier ses qualités dynamiques avec une consommation de carburant très basse, oscillant près des 6,5 L/100 km en conduite réelle. La berline doit cependant composer avec l'arrivée d'une petite soeur, la XE, une voiture moins chère, basée sur son châssis et proche sur le plan des dimensions. Il y a également la fiabilité qui pose encore certains doutes. Bref, ce n'est pas une première de classe, mais une option plus «exotique» et expressive que celles proposées par les rivaux.

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Photo fournie par le constructeur

Le carnet de notes

Les émissions polluantes

Pour valoriser son adoption, Jaguar précise que ce nouveau moteur diesel satisfait les normes américaines et européennes grâce, entres autres, à son système antipollution à injection d'urée.

Comportement sur mesure

Comme chez toutes les voitures de son segment, Jaguar propose la personnalisation du comportement de la voiture en option, de l'amortissement en passant par la sensibilité de l'accélérateur et la direction.

Du renfort sous le capot pour l'année-modèle 2018

La mécanique diesel est proposée de série sur l'année-modèle 2017, mais deviendra optionnelle dès 2018 avec l'arrivée d'un nouveau quatre-cylindres turbo de 2 L (247 ch) animant la version de base.

Équipement de sécurité en optionnel

Malgré son prix de départ assez élevé, la XF peut être servie avec le régulateur de vitesse adaptatif, le système de surveillance des angles morts et l'aide au freinage d'urgence seulement en option.

Beaucoup d'aluminium

L'architecture de la XF est composée à 75% d'aluminium pour assurer la rigidité et la légèreté de la berline.

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Fiche technique

Version à l'essai: 20d R-Sport

Prix (avec options, transport et préparation): 76 900 $

Moteur: L4 DACT 2 L turbodiesel

Puissance: 180 ch à 4000 tr/min

Couple: 318 lb-pi de 1750 à 2500 tr/min

Transmission: automatique à huit rapports avec mode manuel

Architecture motrice: moteur avant longitudinal, transmission intégrale

Consommation (ÉnerGuide): 6,9 L/100 km

Concurrentes directes (avec moteur diesel): aucune

Du nouveau en 2017?: ajout du moteur diesel à la gamme

Pour en savoir plus: www.jaguar.ca