Invité à commenter la contre-performance de Jeep sur l'échiquier mondial au cours de la dernière année, Sergio Marchionne, président et chef de la direction de FCA (Fiat Chrysler Automobiles), reconnaît que son groupe a « bâclé le travail » et n'atteint pas les objectifs fixés (2 millions d'unités).

La marque américaine compte naturellement sur le renouvellement du Wrangler pour redresser la situation, mais aussi sur les multiples retouches dont fait l'objet le Cherokee. Celles-ci visent à faire taire certaines critiques (volume de chargement trop menu, moteur de base lymphatique, esthétique discutable, etc.), mais aussi, et ce, de manière beaucoup plus subtile, à revoir le positionnement ce véhicule en inscrivant à son catalogue une nouvelle et très chère (46 095 $) déclinaison appelée Overland que nous ne vous recommandons aucunement, à moins que votre concessionnaire ne consente à vous accorder une généreuse prime.

Le même jugement s'applique également à la Limited - également trop chère - et à la séduisante aventurière version Trailhawk, dont les prestations en tout-terrain méritent d'être saluées, même si l'on sait que, dans la pratique, rares sont ceux qui les mettent à profit. 

Il reste la Sport et la North. La première est sans doute la plus accessible financièrement, mais à moins de vouloir la mouvoir grâce au moteur V6 optionnel, vous serez privé de LA pièce de résistance de ce renouvellement : un quatre cylindres 2 L turbocompressé. Celui-ci, hélas, s'additionne à d'autres options que d'aucuns jugeront pratiquement incontournables. On pense par exemple au rouage intégral puisqu'à la base, seulement les roues avant tractent le Cherokee.

Ce mode d'entraînement procure non seulement une conduite plus sûre sur une chaussée à faible coefficient d'adhérence (sans oublier bien sûr les sentiers marécageux), mais facilite aussi grandement la revente de ce véhicule.

Des retouches bien senties

Puisqu'il est question du système à quatre roues motrices, il importe de rappeler que Jeep en propose trois. À moins de vouloir traverser un cours d'eau d'une profondeur de 51 cm (20 pouces) ou de tracter le véhicule derrière un motorisé, le « Jeep Active Drive I » débrayable offre des performances largement suffisantes pour atteindre les stations d'hiver ou se dégager des rues mal déblayées.

L'ajout d'une troisième mécanique (le V6 3,2 L et le L4 2,4 L demeurent en poste) ne dit pas tout sur les transformations apportées à ce modèle. Si l'architecture demeure la même, elle a tout de même fait l'objet d'une cure minceur. Quelque 70 kg (selon la déclinaison et les accessoires) ont été soustraits de la masse totale du véhicule en raffinant notamment certains mécanismes et composants.

Plus de 80 dispositifs actifs et passifs de sécurité sont rassemblés à bord du Cherokee. Nous n'allons pas tous les répertorier, l'offre de certains varie selon le choix de la livrée. L'important à retenir est que ce Jeep ne se trouve ici pas à la remorque de la concurrence dans ce domaine. Du régulateur intelligent qui permet d'immobiliser le véhicule en situation d'urgence sans la moindre intervention de votre part aux capteurs d'angles morts, tout y est. À la condition d'y mettre le prix. À quand la sécurité pour tous ?

Style revisé selon les codes de Jeep

Naturellement, les multiples corrections réalisées par les ingénieurs et les motoristes seront, à l'oeil, totalement éclipsées par le travail des stylistes. Ces derniers appliquent, sans surprise, les codes esthétiques de la marque pour effacer les traits effilés du visage du Cherokee et revoir la disposition autrefois insolite des clignotants. À l'acheteur ensuite de faire ses choix parmi les cinq jantes redessinées, le hayon à ouverture et fermeture automatique ou encore le toit panoramique en verre.

Ne remisez pas tout de suite votre chéquier. À l'intérieur, zébré de garnitures au fini satiné ou étincelant, Jeep propose le choix entre deux écrans tactiles. Un petit (7 po) et un gros (8,4 po). Préférez le plus gros, plus facile à consulter et aussi plus intuitif, pour surfer dans les menus proposés par le dispositif U-Connect de quatrième génération. À noter que l'un comme l'autre est compatible avec les applications CarPlay et Android Auto.

Selon la version retenue et la somme dont vous disposez, le mobilier intérieur se recouvre de matériaux plus ou moins nobles. On regrettera toutefois qu'à l'odorat, à la vue et au toucher, le cuir de la sellerie se confond aisément avec du vinyle. Cela dit, la position de conduite est confortable et les principales commandes tombent sous la main. À l'arrière, le dégagement est suffisant pour deux adultes, mais retenons surtout le volume accru du coffre, point faible du modèle original. Contraints de faire flèche de tout bois, les stylistes ont éliminé un rangement et aminci les parois intérieures pour faire en sorte que deux sacs de golf (mesure universelle, selon les Américains) puissent être déposés transversalement.

Funny, fun, fun

Sans totalement métamorphoser le Cherokee, la présence du 2 L suralimenté apporte une valeur ajoutée. En dépit d'un temps de réponse un peu lent, cette mécanique délivre les performances attendues. Plus « coupleux » que le V6, ce 2 L offre regrettablement une plage d'utilisation réduite, de sorte qu'il faut grimper dans les tours pour qu'il se manifeste. En outre, la boîte automatique à neuf rapports, quoique plus rapide pour masquer l'inertie ressentie lors des départs, ne parvient pas à gérer adéquatement les phases de rétrocontact (kickdown) lors des manoeuvres de dépassement. Une solution économique aurait sans doute été d'offrir la possibilité de passer manuellement les rapports à l'aide de palettes au volant. Hélas, il n'y en a aucune.

Dans le cadre de cette refonte partielle, le Cherokee a su préserver le dynamisme de son comportement. La direction à assistance électrique offre un ressenti supérieur à celui de bien de ses concurrents et permet une inscription franche et relativement directe dans les virages qui se dessinent sous ses roues. Les amateurs de conduite sportive trouveront à redire sur le comportement sous-vireur de cet utilitaire, mais celui-ci apparaît plus ténu que sur le modèle équipé du V6, plus oppressant sur le train avant. Quant à ceux et celles qui recherchent le confort, ce Jeep se situe dans la bonne moyenne, sans plus, avec quelques rebonds bien sentis du train arrière sur une chaussée dégradée.

Plaisir de conduire, incroyables aptitudes en hors-route, choix entre un V6 et un quatre-cylindres énergiques (merci d'oublier le ronchonneur 2,4 L) capables de tracter de lourdes charges (jusqu'à 2041 kg) représentent les qualités premières du Cherokee. En revanche, face à la concurrence, il peine à tirer son épingle du jeu en matière de volume (intérieur et utilitaire), de confort et de raffinement. Et peu importe le prix que vous consentirez, cela n'y changera rien.

Les frais d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par FCA Canada.

Trois fleurs, trois tomates

On aime

Tenue de route étonnante

Utilisation hors route

Polyvalence accrue

On aime moins



Version Overland hors prix

Gestion confuse de la boîte

Qualité de certains matériaux

La facture

Marque/Modèle : Jeep Cherokee

Fourchette de prix : de 29 995 $ à 46 095 $

Frais de transport et de préparation : 1795 $

Garantie de base : 36 mois/60 000 km

Consommation réelle : 10,1 L/100 km

Chez les concessionnaires : dans quelques semaines

Concurrentes à surveiller : Ford Escape, Mazda CX-5, Mitsubishi Eclipse Cross

Pour en savoir plus : www.jeep.ca

Fiche technique

Moteur : L4 DACT 2 L turbocompressé

Puissance : 270 ch à 5250 tr/min

Couple : 295 lb-pi entre 3000 et 4500 tr/min

Poids : ND

Rapport poids/puissance : ND

Mode : intégral

Transmission de série : automatique 9 rapports

Transmission optionnelle : aucune

Diamètre de braquage : 11,6 m

Freins (av.-arr.) : disque-disque

Pneus (av.-arr.) : 245/65R17

Capacité du réservoir : 60 L

Essence recommandée : super (ordinaire acceptée)

Capacité maximale de remorquage : 1800 kg (2 L turbo)