Mise à mal par une concurrence plus douée, la Rio passe le témoin à une mouture qui entend bien la venger des moqueries dont elle fait l'objet depuis sa naissance. La sous-compacte terne et sans saveur cède sa place à une autre qui, plutôt que de se satisfaire de quadriller le terrain, vise le juste milieu. Cette Kia prend l'initiative d'offrir une panoplie d'accessoires et d'innovations souvent réservés aux modèles des catégories supérieures.

Même si, dans cette catégorie, l'acte d'achat repose pour l'essentiel sur des motivations plus rationnelles que passionnelles, rouler coréen n'est plus un choix par défaut, ni dicté par la seule recherche du meilleur prix.

Pour sortir de son exotisme, Kia a beaucoup misé sur le renouvellement du style en recrutant notamment Peter Schreyer, ancien d'Audi, mais aussi consenti de gros investissements pour offrir des moteurs au diapason de la concurrence étrangère. La Rio concentre justement tous les atouts de cette offensive très méthodique. Conséquence, la Rio n'est plus l'aubaine qu'elle était. Ses prix calquent désormais ceux pratiqués par ses concurrents.

Joliment tournée, la Rio commence sa carrière sous les traits d'une pratique cinq portes. Deux autres carrosseries - une classique berline avec coffre et un coupé trois portes - viendront compléter la gamme d'ici le retour du printemps.

Fidèle à son habitude, Kia multiplie les variantes pour satisfaire tout son monde. Pour l'heure, on en comptabilise cinq, mais deux d'entre elles (LX et LX ") réaliseront l'essentiel des ventes. Dommage, ce sont les autres qui mettent des paillettes dans les yeux. Tenez par exemple la version LX Eco, la seule à offrir le dispositif de coupure automatique à l'arrêt; ou encore la EX Luxe qui «vous récompense» (dixit Kia) d'un volant chauffant et autres petites douceurs généralement associées à des autos beaucoup plus coûteuses. Plusieurs en rêveront, mais la LX " demeure la version offrant le meilleur rapport qualité-prix. Vendue à compter de 15 595$, celle-ci comporte tout le nécessaire pour rouler.

Déposée sur une toute nouvelle architecture, la Rio est plus longue et plus large que la génération antérieure. Le refrain habituel quoi! Ce faisant, elle transgresse - comme bien d'autres - la règle voulant qu'une sous-compacte, une vraie, mesure moins de 4 mètres de long. Elle n'est pas la première à le faire et personne ne lui en tiendra rigueur vu les gains réalisés en habitabilité, notamment aux places arrière. Celles-ci se révèlent suffisamment spacieuses pour voyager sans devoir consulter d'urgence un massothérapeute à l'arrivée. L'assise est courte, le support presque inexistant, mais le dégagement pour les jambes et les genoux demeure plus que satisfaisant par rapport à d'autres véhicules inscrits dans cette catégorie.

À l'avant, les sièges offrent un confort raisonnable, sans plus. Le passager aurait sans doute aimé bénéficier lui aussi d'un accoudoir, comme le conducteur, ou encore d'un coussin réglable en hauteur, mais, bon, on ne peut visiblement pas tout avoir. Les espaces de rangement sont nombreux, mais pas tous pratiques et la qualité des matériaux varie selon la livrée. En d'autres mots, plus vous payez, moins vous retrouverez de plastiques durs.

En revanche, peu importe la somme consentie, la Rio 5 compte sur une colonne de direction inclinable. La fonction télescopique est réservée uniquement aux versions les mieux nanties, tout le coffre à gants climatisé ou le système d'infodivertissement UVO (l'équivalent du Sync de Ford) qui permet notamment de converser au téléphone sans quitter des mains le volant.

 

Égalité pour tous?

Coupons court. Hormis le dispositif de coupure à l'arrêt (LX Eco) et la dimension des pneumatiques, rien ne permet véritablement de distinguer techniquement une Rio 5 de base d'une Rio 5 enguirlandée. Toutes reçoivent le même moteur 4 cylindres 1,6 litre à injection directe, l'un des plus puissants de la catégorie. Pour bénéficier de cette puissance, il faut conduire debout sur la pédale d'accélérateur puisque celle-ci se manifeste tardivement. L'étagement de la boîte de vitesses automatique à six rapports - la seule disponible dans le cadre de cet essai - favorise naturellement l'économie énergétique plus que les performances. Avec la manuelle, vous n'irez pas plus vite, mais à en croire les tests réalisés par les motoristes sud-coréens, cette boîte permet une meilleure économie de carburant (0,2 L/100 km) encore que l'automatique sur un parcours urbain.

Les routes bétonnées - et très mal entretenues - de l'Oregon ont fait mal paraître la Rio 5. Elles ont mis en exergue sa faiblesse à isoler la cabine des bruits extérieurs et sa vulnérabilité face aux nids-de-poule. En toute franchise, sur pareil revêtement, la Rio 5 ne fait pas pire ni mieux que ses concurrentes. Tout rentre dans l'ordre aussitôt que ses roues rencontrent une route un tant soit peu bien pavée. Dès lors, le niveau de décibels tombe et la Kia lisse les petites imperfections sans secouer les occupants comme des pruniers.

Sur un parcours plus sinueux, la Rio 5 n'a pas la sportivité que sa ligne suggère. Sa direction à assistance électrique manque de précision. Une partie du blâme revient aux pneumatiques, de véritables savonnettes, et aux suspensions. La version EX Luxe (la plus chère) corrige en partie ces lacunes avec une suspension plus sportive qui maîtrise mieux les mouvements de caisse et de pneus de 17 pouces de meilleure qualité. Ces derniers améliorent non seulement le comportement dynamique du véhicule, mais font aussi un bien meilleur usage des quatre disques - au demeurant plus larges - chargés de l'immobiliser.

Peu de consommateurs consentiront à payer les quelque 5000$ supplémentaires exigés par Kia pour rouler à bord de cette version. Ils préféreront les versions plus modestes qui demeurent aussi sinon plus spacieuses (et confortables) que la concurrence et assurément couvertes par l'une des garanties les généreuses de l'industrie. L'essentiel quoi et même un tout petit plus!

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été défrayés par Kia Canada.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Déposée sur une toute nouvelle architecture, la Rio est plus longue et plus large que la génération antérieure. Cela lui permet de faire des gains en habitabilité, notamment aux places arrière.

ON AIME

Les accessoires inédits pour la catégorie

Le dispositif de coupure automatique

La présentation flatteuse

ON AIME MOINS

Le niveau sonore élevé

Le comportement moins sportif qu'il n'y parait

Les pneus savonnettes

CE QU'IL FAUT RETENIR

Fourchette de prix: 14 095$ à 20 795$

Transport et préparation: 1455$

Garantie de base: 5 ans/100 000 km

Consommation obtenue lors de L'essai: 6,6 L/100 km (estimation)

Dans les concessions: Maintenant

Pour en savoir plus: www.kia.ca

Moteur: L4 DACT 1,6 litre

Puissance: 138 ch à 6 300 tr/mn

Couple: 123 lbs-pi à 4 850 tr/mn

Poids: 1179 kg (avec boîte manuelle)

Rapport poids-puissance: 8,54 kg/ch

Mode: Traction (roues avant motrices)

Transmission (série): Manuelle 6 rapports

Transmission (optionnelle): Semi-automatique 6 rapports

Direction / braquage: Crémaillère / 10,5 mètres

Freins avant/arrière: Disque/disque

Pneus: 195/55R16 (EX Luxe: 205/45R17)

Capacité / type de carburant: 43 litres / Ordinaire

 

 

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Kia Rio 5 2012.