Tout n'est pas encore rodé à bord de la Soul EV. Il y a beaucoup à revoir. Mais au cours de l'été, saison où elle fera son entrée sur le marché, tout ou presque sera au point, promet-on chez Kia. Dans le cas contraire, le consommateur pourra toujours se rabattre sur la version « essence », laquelle fait l'objet cette année d'une refonte plus importante qu'il n'y paraît.

De tous les constructeurs automobiles, Kia est sans doute le plus sensible aux hommages de toutes sortes. La valeur du prix ou de l'organisation qui le lui décerne lui importe peu. Un prix, c'est un prix et Kia les publicise tous. Petits et grands. Ainsi, son entrée dans le club des 50 entreprises les plus vertes (1) l'incite à croire qu'elle se retrouvera encore plus près de la position de tête cette année avec la commercialisation d'une version électrique de la Soul.

Kia promet donc de faire rouler son véhicule électrique sur tous les continents où elle est représentée, sans préciser toutefois si celui-ci serait offert aux gestionnaires de parcs automobiles (privés et gouvernementaux) ou au grand public.

À ses distributeurs d'en faire le choix. Longtemps hésitante entre ces deux possibilités, la filiale canadienne de Kia a récemment tranché en faveur des consommateurs, mais plusieurs questions demeurent encore sans réponse.

Pas une première

La Soul EV n'est pas la première incursion de ce constructeur dans l'univers du tout électrique. Depuis 2012, la firme commercialise à l'intention des agences gouvernementales sud-coréennes la Ray EV, un utilitaire de forme cubique capable d'une autonomie de 139 km. La Soul EV ambitionne de faire beaucoup mieux et se fixe pour objectif d'atteindre le cap des 200 km.

Sur le plan technique, les informations dévoilées par Kia comptent quelques lignes. On y apprend que la Soul EV retient les services d'un moteur délivrant l'équivalent de 110 chevaux.

Ceci permet à la Soul EV d'atteindre une vitesse de pointe de 145 km/h et d'abattre le 0-100 km/h en 12 secondes. Ce moteur est relié à un bloc de batteries de 27 kW, soit une puissance légèrement supérieure à celle des autres véhicules électriques de la catégorie.

Contrairement à Nissan ou Tesla, Kia n'a pas élaboré ce véhicule électrique autour d'une plateforme spécifiquement destinée à recevoir un groupe propulseur autre que fonctionnant à l'essence. En revanche, la refonte de ce modèle a permis une réingénierie des composantes pour y intégrer plus adéquatement le moteur électrique et sa quincaillerie sans (trop) sacrifier sur l'espace intérieur.

Ainsi, en positionnant la batterie sous le véhicule, la version électrique entraîne seulement une réduction équivalente à 24 L du volume habitable et utilitaire.

En clair, il y a moins de dégagement pour les occupants de places arrière en raison d'un plancher légèrement surélevé.

En contrepartie, cette implantation a permis d'améliorer de façon draconienne la tenue de route de ce véhicule en abaissant son centre de gravité de précieux millimètres.

On apprend aussi que la batterie pèse 282 kg et sa puissance équivaut à celle de 3400 piles de téléphone portable. Kia estime que sa durée de vie sera de 10 ans, mais ne dit pas pour l'instant si elle sera garantie pour la même période.

Tout comme elle garde secrète l'identité du fournisseur de cette composante essentielle, se limitant à indiquer qu'il s'agit «de l'un des leaders mondiaux dans le domaine». Néanmoins, les concepteurs de ce véhicule consentent à révéler qu'ils utilisent une pompe externe pour dégivrer et climatiser l'habitacle pour éviter de drainer la batterie.

Vous aimez le turquoise?

La Soul EV conserve la physionomie générale du modèle éponyme à essence, mais pour klaxonner son appartenance au monde des véhicules propres, elle se colore de teintes très Barbie, ou girlie, si vous préférez cette expression.

En effet, l'acheteur n'a pas véritablement le choix des couleurs. Ou bien elle est turquoise avec un pavillon blanc ou bien c'est l'inverse. Comment expliquer que ses formes se dissimulent toujours derrière des toiles? Je n'en sais rien, car hormis le traitement bicolore, des jantes dessinées comme des enjoliveurs (visibles sur la photo) et une calandre Playmobil, il n'y a rien à cacher.

Installé aux commandes, on ne ressent pas vraiment le frisson de l'innovation technologique. L'aménagement intérieur n'a rien de spectaculaire ni d'affriolant. Le bloc d'instrumentation fait dans le classique, hormis un indicateur de charge et un discret économètre. Contrairement à d'autres modèles, l'ordinateur de bord évite d'afficher de trop brutales variations du calcul de l'autonomie afin de ne pas perturber le conducteur. Ces honorables prestations peuvent paraître limitées par rapport à une automobile à moteur thermique, mais elles sont suffisantes pour réaliser de petits déplacements.

Aux fins de cet essai hors-norme, Kia nous invitait à comparer les performances de la Soul EV à la Ray EV, dans le but de mesurer les progrès qu'elle a accomplis, notamment sur le plan du freinage. Un comparatif «improvisé» et gagné d'avance par la Soul EV. Le freinage de cette dernière s'avère beaucoup plus facile à moduler, par rapport à celui de la Ray EV qui vous fait avoir l'air d'un débutant.

Pour démarrer, appuyer sur la pédale de frein et tourner la clé, puis basculer le levier de vitesses vers l'avant ou vers l'arrière.

Silencieuse, la Soul EV se mène sans difficulté. La direction précise - doublée d'un dispositif faisant varier sa vitesse d'exécution - et la vivacité de ses accélérations la rendent presque plus facile à conduire qu'une auto classique. Cette quatre places est assez compacte pour se garer sans mal. Dommage que le confort ne soit pas son fort.

En revanche, conduire une voiture électrique demeure un exercice qui échappe à la banalité. On apprécie le silence de fonctionnement et l'agrément qu'elle procure en dépit de son poids. Tout incite à rouler en souplesse en mettant à profit l'extrême élasticité du groupe électrique.

En pratique, on sollicite à peine la pédale de frein - l'inertie du moteur est suffisante -, à condition d'anticiper les aléas du trafic. Et puis, de temps en temps, il n'est pas interdit de s'autoriser un petit plaisir. En accélérant franchement lorsque le feu passe au vert, on laisse tout le monde sur place... Avec son couple constant, le moteur électrique la fait instantanément bondir.

Hélas, l'itinéraire tracé par Kia se limitait à 110 km, impossible donc de vérifier les assertions du constructeur qui prétend que son produit peut parcourir pratiquement le double de cette distance. Une autre fois peut-être?

Kia estime que la Soul EV servira de levier pour la marque, mais surtout, d'un autre élément différenciateur face à son partenaire (et propriétaire) Hyundai. Ce dernier, on le sait, entend exploiter la filière de l'hydrogène. Reste à voir quelle technologie l'emportera.

(1) Kia a été reconnue au mois de juillet dernier comme étant la 37e entreprise mondiale, selon l'agence Interbrands.

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Kia Canada.

Ce qu'il faut retenir

> Marque/Modèle : Kia Soul EV

> Prix de base : nd

> Garantie de base : 5 ans/100 000 km

> Temps de recharge: 5 heures sur 240 V/23 heures sur 110 V

> Visible dans les concessions : Été 2014

> Pour en savoir plus : www.kia.

> Moteur : Électrique

> Puissance : 110 ch

> Couple : 210 lb-pi à 0 tr/min

> Batteries : 27kW/heure (lithium-ion)

> Poids : 1600 kg (estimation)

> Mode : Traction

> Transmission de série : Automatique

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction/Diamètre de braquage (m) : Crémaillère/10,7

> Freins av-arr : Disque/Disque

> Pneus (av-arr) : 205/65R16

> Autonomie présumée : 200 kilomètres

On aime

> Promesse d'une autonomie supérieure

> Conduite agréable

> Position de conduite surélevée

On aime moins

> La rudesse des suspensions

> Le choix de coloris

> Dégagement à l'arrière