D'ordinaire, le prix d'entrée pour asseoir ses fesses dans un Range Rover est deux fois plus élevé que celui exigé par cet étrange Evoque. Qui s'en plaindra? Cherchant une synthèse de genres opposés, l'utilitaire pur jus et le coupé sportif, ce Range Rover procure un agrément de conduite élevé sans pour autant devenir une référence. Elle réunit presque le meilleur de deux mondes. Presque.

D'abord présenté sous la forme de prototype (LRX), l'Evoque descend maintenant dans la rue. Sur son passage, les têtes se tournent comme des tournesols face au soleil. Joli? À vous d'en décider. Différent, ça oui, avec une ligne de toit qui aplatit la surface vitrée dans sa chute; une ceinture de caisse très haute et des puits de roues très marqués capables d'héberger des jantes de 20 pouces. L'effet de surprise est garanti et l'esprit du concept, préservé. En revanche, le conducteur devra composer avec une visibilité périphérique médiocre que certaines aides (capteurs d'angles morts et caméra de recul) veillent à atténuer.

L'Evoque est proposé en modèle cinq portes ou trois portes. C'est cette version, à la fois plus exclusive et plus chère, que nous avons essayée. Celle-ci devrait représenter 1/10 des ventes, selon les premières estimations d'un concessionnaire montréalais. Plus court et plus bas, le «coupé» conserve cependant la même garde au sol pour préserver - en apparence à tout le moins - de bonnes aptitudes en tout-terrain.

Le style moderne se retrouve aussi à l'intérieur où le côté raffiné associé aux produits Range Rover est toujours présent. Mais cela n'exclut pas un zeste de modernité et de mode, avec de nombreux choix de personnalisation. Placage de bois vernis ou aluminium brossé. La sélection est vaste, au client - et à son banquier - d'en décider. Prenez garde cependant, la facture grimpe vite. Très vite. Comme bon nombre de ses concurrents d'ailleurs.

Peu importe l'ambiance créée, l'Evoque respecte la tradition de la marque en utilisant des matériaux recherchés. Le tableau de bord, très sobre dans sa forme, offre à la fois une parfaite lisibilité des instruments et une bonne ergonomie. Inspirée par Jaguar, une molette rotative chasse le traditionnel levier de vitesse alors que celle du «Terrain Response», ordinateur permettant d'adapter le travail des quatre roues motrices aux conditions du terrain, est remplacée par des touches.

Les places avant sont confortables. Celles de l'arrière aussi. Seulement pour en attester, cela exige certaines contorsions et un ventre bien plat pour se glisser entre le dossier et le pilier central. On peut toujours appuyer sur une commande électrique pour avancer le siège du passager avant. Mais celle-ci est lente et n'a pas la politesse de remettre automatiquement le baquet à sa position initiale.

Une fois assis à l'arrière, on s'étonne du bon dégagement réservé aux jambes et aux genoux. À la tête aussi, à la condition de ne pas être trop grand. Le sentiment de confinement appréhendé en raison des petites vitres de côté disparaît si l'on rétracte le store du toit. L'habitacle est alors innondé de lumière via l'immense toit vitré panoramique.

Les dossiers de la banquette se basculent pour allonger la surface de chargement, mais celle-ci demeure inférieure à celle offerte sur le modèle à cinq portes.

Des aptitudes inexploitées

Sur le plan technique, les ingénieurs de l'Evoque n'ont pas eu le syndrome de la page blanche. Ils n'ont eu qu'à puiser dans le réservoir de pièces laissé derrière par Ford, l'ancien propriétaire.

L'architecture émane de la Focus européenne et le moteur, un 4 cylindres suralimenté par turbocompresseur, dérive de la famille Eco-Boost du constructeur américain. Voilà de quoi nous rassurer un peu sur la fiabilité de ce modèle.

Contrairement au marché européen, pas de diesel, pas de coupure automatique à l'arrêt et pas de modèle à deux roues motrices au catalogue. Seulement quatre roues motrices. Si ce rouage à prise permanente affecte le poids et la consommation, il permet à l'Evoque de jouer les passe-partout et de ne salir que sa carrosserie. Pas la réputation de la marque reconnue pour ses fantastiques aptitudes de franchissement. Correctement chaussé - en d'autres mots oubliez les pneus de 20 pouces -, l'Evoque peut grimper aux arbres et enjamber un ruisseau dont la profondeur n'excède pas 50 centimètres. Qui le vérifiera? Sans doute aucun de ses propriétaires.

Totalement géré électroniquement, le «Terrain Response», une innovation de la marque, permet de contrôler les interventions de toutes les béquilles électroniques sans quitter son fauteuil. Suffit d'appuyer sur un bouton pour adapter le véhicule aux conditions du terrain. Une pente trop abrupte, il y a un autre bouton aussi: le HDC (Hill Descent Control) qui prévient de transformer l'Evoque en luge.

De retour sur la route. La direction se révèle rapide, mais aseptisée par moments. Aurait-elle été plus ferme, plus précise encore que nous l'aurions aimé davantage. Le moteur 4 cylindres répond instantanément aux oscillations de notre pied droit et la boîte semi-automatique - avec palettes au volant - s'empresse, sans hésitation, à sélectionner le rapport adéquat. Les accélérations et les reprises sont solides et l'Evoque n'a pas à rougir de la comparaison devant l'Audi Q5 2 litres turbo, l'une de ses cibles avouées.

Si les résonances mécaniques sont admirablement bien étouffées, les bruits de roulement demeurent, eux, bien présents. Sans doute une monte pneumatique moins agressive - les 19 pouces offerts de série? - permettrait d'abaisser le volume. Ce faisant, cela atténuerait aussi les trépidations des suspensions sur les passages déformés.

À la fois amusant et agile, l'Evoque propose une expérience de conduite fort différente de tout ce que Range Rover a su créer jusqu'ici. Le dernier né trace avec panache sa propre route. Reste à voir maintenant combien d'automobilistes voudront bien le suivre?

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Correctement chaussé, l'Evoque peut grimper aux arbres et enjamber un ruisseau dont la profondeur n'excède pas 50 centimètres. Qui le vérifiera? Sans doute aucun de ses propriétaires.

ON AIME

> Les lignes décalées

> Les aptitudes en tout-terrain

> L'agilité de son comportement

ON AIME MOINS

> Son prix peu compétitif

> Le sentiment de confinement à l'arrière (coupé)

> La piètre visibilité

CE QU'IL FAUT RETENIR

> Fourchette de prix: 46 995$ à 61 195$

> Frais de transport: 1270$ (préparation en sus)

> Garantie de base: 48 mois/80 000 km

> Consommation obtenue dans le cadre de l'essai: 11,1 L/100 km

> Pour en savoir plus : www.decarie.com www.landrover.ca

FICHE TECHNIQUE

> Moteur: L4 DACT 2 litres suralimenté par turbocompresseur

> Puissance: 240 ch à 5500 tr/ mn

> Couple: 251 lb-pi à 1750 tr/ mn

> Poids: 1640 kg

> Rapport poids-puissance: 6,83 kg/ ch

> Mode: Intégral (4 roues motrices)

> Transmission de série: Semi-automatique 6 rapports

> Transmission optionnelle: Aucune

> Direction/Diamètre de braquage: Crémaillère/11,3 mètres

> Freins: Disque

> Pneus: 245/45R20 (option)

> Capacité du réservoir/essence recommandée: 70 litres/Super

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Le côté raffiné associé aux produits Range Rover est toujours présent. Mais cela n'exclut pas un zeste de modernité et de mode, avec de nombreux choix de personnalisation.