L'accueil (très) favorable réservé au Range Rover Sport depuis sa sortie en 2005 a étonné bien du monde, ses concepteurs les premiers. Ces derniers ne s'en plaignent pas, mais cela pose tout de même une difficulté supplémentaire: comment rééditer, avec une deuxième mouture, pareil succès pour demeurer au sommet de la vague?

Tout avait pourtant mal débuté pour le Range Rover Sport en 2005. Greenpeace avait fait de ce 4x4 sa cible favorite pour dénoncer la prolifération de ces véhicules qu'elle jugeait «lourds, encombrants, gourmands, socialement agressifs*». Évidemment, toutes ces allégations n'étaient pas totalement justifiées, comme l'a rapporté une étude réalisée l'année suivante par CNW**, groupe d'analystes américains, laquelle a conclu que le Range Rover Sport était 25% plus écologique qu'une Toyota Prius...

Sans revenir sur ces deux épisodes, les concepteurs de la seconde génération ont visiblement pris acte de certaines récriminations et corrigent - en partie - leur tir. Cette fois, la carrosserie du Sport est déposée sur un châssis étroitement dérivé du Range Rover et non du Land Rover LR4 comme l'était son prédécesseur. Par conséquent, on trouve plus d'aluminium, ce qui a permis de l'alléger de quelque 360 kg. Une performance impressionnante qui risque d'être totalement occultée par la présence d'un immense toit panoramique en verre dont les responsables de la marque se gardaient bien de taire le poids. Compréhensible, celui-ci doit être plutôt élevé.

Par rapport au modèle qu'il remplace, le Sport fend mieux l'air et adopte des dimensions encore plus imposantes... Il s'est ainsi allongé de 62 mm, élargi de 55 mm et abaissé de 50 mm.

Nouvelle configuration

Les proportions plus importantes du Sport profitent naturellement à ses occupants. L'habitacle offre en effet plus d'espace aux jambes et aux genoux en plus de recevoir - une première pour ce modèle - une troisième rangée de sièges. Voilà qui porte à sept le nombre de passagers pouvant grimper à bord. Mais pour accéder aux deux strapontins qui s'élèvent sur demande du plancher du coffre, il faut faire preuve d'une agilité digne d'un contorsionniste du Cirque du Soleil. L'accès se fait du côté droit, où le coussin de la banquette 1/3-2/3 coulisse pour favoriser au maximum le passage. Ces deux sièges de dépannage s'adressent avant tout à des enfants. La marque présente le Sport comme un 5+2, mais il est plus juste de le considérer comme un quatre ou six-places, car la place centrale n'est vraiment pas confortable.

Même si le Sport adopte sensiblement la même présentation intérieure que le Range Rover, ses concepteurs ont veillé à accentuer la fougue débridée de ce modèle en éliminant le sélecteur de vitesse en forme de molette rotative au profit d'un levier traditionnel. On note également la présence d'un volant de plus faible diamètre à la jante bien grasse, comme on les aime. On trouve aussi des palettes au volant pour commander le passage des rapports et des baquets finement sculptés à l'avant dans le but d'offrir un meilleur soutien latéral.

Parmi les autres particularités de ce modèle, mentionnons que le réceptacle réfrigéré sous l'accoudoir central est suffisamment spacieux pour accueillir une bouteille de champagne. Et que dire du système audio, qui compte rien de moins que 23 haut-parleurs et offre une puissance de 1700 W.

Comme celui du Range Rover, l'habitacle du Sport baigne dans le grand luxe. La finition est tout simplement impeccable et très valorisante et la présentation moderne, à défaut d'être des plus épurées avec cette mer de boutons et de commandes tapissés un peu partout.

Plus Range, mais aussi plus Sport

Pour le Sport, la ville passe avant les labours! D'ailleurs, à ce sujet, sachez que la ville de New York représente, à ce jour, son plus important marché métropolitain sur la planète.

Pour cette seconde mouture, les concepteurs du Range Rover Sport ont veillé à respecter les demandes de la clientèle. «Celle-ci nous demande de ne pas le changer, seulement de le rendre meilleur, souligne M. McFall. En d'autres mots, nos clients le souhaitent plus Range et plus Sport.»

Fidèle à la réputation de son constructeur, le Range Rover peut escalader des pentes à 35 degrés, traverser un gué profond de 85 cm et négocier des passages en fort dévers... Qu'à cela ne tienne, les dirigeants de la marque ont profité du lancement médiatique de ce modèle pour nous permettre de juger de ses qualités en tout-terrain. Armé d'un dispositif à quatre roues motrices efficace auquel est accolée une pléthore de béquilles électroniques, dont un contrôle électronique de descente, le Sport ne craint pas de baigner ses jantes dans les ornières les plus profondes et les plus vaseuses qui soient. Si ses performances méritent d'être saluées, il y a lieu de douter que ses éventuels propriétaires les mettent à profit. Surtout avec les pneumatiques de 22 po offerts sur ce modèle.

Par nature, un vrai tout-terrain se prête mal au pilotage à la Villeneuve. Or, dès sa sortie, ce modèle se présentait comme un authentique 4x4, capable d'offrir l'agrément de conduite d'une voiture sport. Et Range Rover est parvenu à résoudre en grande partie la quadrature du cercle. Lorsque l'on se hisse - il n'y a pas d'autre mot - à bord du Sport, rien ne laisse présager que ce salon roulant tendu de cuir peut escalader une pente de 35 degrés avant d'abattre le 0-100 km en 5 secondes. Fermement suspendu au-dessus de la route, le Sport fait preuve d'une étonnante agilité vu sa taille et son poids et a de quoi faire rougir plusieurs voitures sport de renom.

Pour mouvoir cet athlète de plus de 2 tonnes, Range Rover a recours à deux mécaniques, dont un V6, jusqu'ici inédit sur ce modèle. D'une cylindrée de 3 L, ce moteur suralimenté par compresseur occupe la place laissée vacante par le V8 atmosphérique de la dernière mouture. Selon Range Rover, ce V6 est un tantinet plus rapide (de trois dixièmes de seconde au 0-100 km/h), mais surtout beaucoup plus sobre à la pompe. Mais si ce moteur n'a pas la rage du V8 5 L compressé toujours au catalogue, il représente de loin le choix à retenir sur ce modèle. Du moins pour l'instant, puisque Range Rover a déjà annoncé son intention de proposer des versions hybrides (essence et diesel) de ce 3-litres pour le marché européen - commercialisation prévue dès l'an prochain - et n'exclut pas de les offrir sur le marché nord-américain, mais «celles-ci ne seront sans doute pas visibles avant 2016», d'avouer l'un des responsables de la marque rencontrés à l'occasion de ce lancement. De quoi réconcilier la marque avec les environnementalistes.

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Les frais d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par JLR.

* Des sympathisants de Greenpeace ont retardé la production du Range Rover Sport.



** Cette étude a calculé la consommation d'énergie globale des véhicules, de leur conception à leur mise au rancart.

On aime

> L'importante réduction de poids

> Le comportement étonnament dynamique

> La possibilité de voir débarquer un diesel prochainement

On aime moins

> La consommation importante (le V8 surtout)

> La fiabilité toujours à prouver

> La présence d'une 3e banquette, discutable

L'essentiel

> Marque/Modèle : Range Rover/Sport

> Fourchette de prix : 73 990 $ à 104 990 $

> Frais de transport et préparation : 1470 $

> Garantie de base : 4 ans/80 000 km

> Consommation réelle : 13,9 L/100 km

> Visible dans les concessions : Maintenant

> Pour en savoir plus : www.landrover.ca

Technique

> Moteur (essence) : V6 DACT 3 litres SC

> Puissance : 340 ch à 6500 tr/min

> Couple : 332 lb-pi à 3500 tr/min

> Poids : 2144 kg

> Rapport poids-puissance : 6,30 kg/ch

> Mode : Intégral

> Transmission de série : Semi-automatique 8 rapports

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction/Diamètre de braquage (m) : Crémaillère/12,6

> Freins av-arr : Disque/Disque

> Pneus (av-arr) : P255/50R19

> Capacité du réservoir/Essence recommandée : 105 litres/Super