Après avoir régné sans partage pendant plus de trois décennies, le Range Rover est aujourd'hui exposé à la concurrence, en plus de devoir se conformer aux normes d'économie de carburant qui seront imposées à l'avenir aux États-Unis. Pour faire face à ces enjeux, la marque britannique Land Rover place la motorisation diesel au coeur de sa stratégie commerciale.

Depuis quelques semaines déjà, le constructeur anglais Land Rover propose un V6 turbodiesel (Td6) à bord de ses Range Rover et Range Rover Sport vendus en Amérique du Nord. D'une cylindrée de 3 L, ce moteur produit 254 ch et un couple de 440 lb-pi. De quoi suffire largement à mouvoir ces deux véhicules qui affichent un peu plus de 2000 kg à la pesée et capables de tirer une charge de quelque 3500 kg.

Les responsables de la marque estiment que cette mécanique représentera 40 % des ventes de ces deux modèles à plus ou moins long terme. Et pour s'assurer d'atteindre cet objectif, la présence de ce moteur sous le capot commande, dans le cas du Range Rover Sport, un supplément de 1500 $. Les acheteurs du Range Rover HSE économiseront pour leur part 8000 $ (sans compter les économies à l'utilisation) en optant pour le Td6 au lieu du V8 compressé. On regrette seulement que cette mécanique ne soit offerte que sur la version ordinaire du Range et non sur celle, plus spacieuse et plus confortable, à empattement allongé.

Conçu originalement par Ford - qui ne l'a jamais utilisé - et réhabilité par les motoristes de Land Rover, ce moteur suralimenté par un seul turbocompresseur (en Europe, il en compte deux) permet d'importantes économies de carburant par rapport aux moteurs à essence offerts au catalogue de la marque. À titre d'exemple, le plus « sobre » des V8 à essence qui l'animent aujourd'hui consomme en moyenne 15,9 L/100 km et rejette 299 g de CO2 par kilomètre parcouru. Le moteur Td6, lui, affiche un rendement autrement convaincant : 9,4 L/100 km et des émissions de 182 g/km de dioxyde de carbone. Land Rover n'entend pas s'arrêter là. D'ailleurs, une version diesel/hybride circule déjà sur certaines routes du monde, mais aucune décision n'a encore été prise quant à sa commercialisation en Amérique du Nord. Une question de temps, pensons-nous.

LE CHARME OPÈRE TOUJOURS

Les dimensions extérieures accrues permettent d'offrir encore plus d'espace intérieur et accentuent la réputation de salon roulant que s'est forgée le Range Rover. L'habitacle, inspiré de l'univers des bateaux de luxe et des avions privés, accueille et se fait, lui aussi, high-tech, avec des boiseries claires et des touches d'aluminium satiné. Les agencements de couleurs, soigneusement choisis, contribuent également à cette ambiance inimitable et personnalisable à souhait. Cette première impression très valorisante est rehaussée par une qualité de fabrication remarquable, et l'équipement ne souffre d'aucune lacune.

Le conducteur étant assis bien confortablement et bien haut, le Range Rover offre une vision panoramique exceptionnelle. On trouve cependant à redire sur le système de navigation, pas toujours très intuitif, et la disposition de certaines commandes. À cela s'ajoute une habitabilité moyenne étant donné les mensurations de ce véhicule. En revanche, les panneaux du coffre s'ouvrent sur un espace géant et modulable à souhait. Ce volume utilitaire est d'autant plus facile à charger en raison d'une surface parfaitement plane capable d'avaler vos paquets les plus encombrants de chez Holt Renfrew.

QUEL COUPLE !

Pour mémoire, rappelons que cette quatrième génération du Range Rover a fait l'objet d'une cure amincissante. Selon ses concepteurs, 420 kg ont été retranchés. Cela a été rendu possible en allégeant son châssis monocoque, qui passe de l'acier à l'aluminium. Cette précision apparaît utile dans la mesure où ce véhicule encore bien lourd est mû ici par une mécanique de 254 ch... Cela paraît bien peu, mais il faut regarder du côté du couple. Couplé à une boîte automatique à huit rapports d'une souplesse exquise, ce moteur remue sans effort apparent le Range de sa position statique. Plutôt feutré, jamais sonore, ce turbodiesel produit avec progressivité sa puissance et se révèle, à certains égards, plus rond que celui offert sur le dernier Q7 d'Audi. Même si le Range Rover Td6 ne vous donne pas le sentiment de chevaucher un obus, l'instantanéité de la réponse à l'accélérateur et la vigueur du couple de ce moteur permettent de signer des temps d'accélération et de reprise assez convaincants. Et que dire de sa performance à la pompe avec une moyenne légèrement inférieure à 10 L/100 km? Une économie substantielle.

Le Range fait sentir sa différence dans un tout autre domaine: le hors-route. Moins maniable que ses rivaux allemands, il les surclasse sans discussion dès qu'il s'agit de s'aventurer dans les sentiers. Ses deux tonnes et quelque escaladent en toute décontraction des pentes de 35 degrés et attaquent les descentes boueuses avec sérénité grâce à l'efficace HDC (Hill Descent Control), un système qui adapte automatiquement l'allure de la voiture en jouant sur l'ABS et la gamme courte de la boîte de vitesses, lesquels vous font paraître encore meilleur que vous ne l'êtes.

Doté d'une transmission intégrale permanente, le Range Rover ne craint pas de plonger sa carrosserie vernie dans les bourbiers les plus répugnants.

Que l'aventurier qui sommeille en vous se rassure, ce véhicule franchira avec une grande aisance toutes les difficultés pourvu que le chemin soit assez large et que ses pneus trouvent suffisamment d'adhérence. Ce sont vraiment les seules barrières qui peuvent limiter la progression de ce véhicule.

Sur la route, quelques kilomètres derrière le volant suffisent pour que les dimensions imposantes du Range cessent de nous intimider. À haute vitesse, le conducteur d'un Range Rover doit toujours composer avec une masse conséquente qui le rend un brin paresseux en entrée de courbe et sollicite durement des freins qui sont pourtant largement dimensionnés. Par contre, par rapport au modèle qu'il remplace, la conduite du Range Rover est aujourd'hui des plus agréables. Plus précise de direction, Sa Majesté se laisse aisément guider pour peu que l'on ne soit pas trop pressé. Le diamètre de braquage du véhicule lui permet de virer relativement court vu ses dimensions et les détecteurs d'obstacles veillent à le glisser dans les espaces de stationnement sans que cela fasse « boum ». Ajoutons aussi que la caisse ne bascule plus dans les virages comme autrefois, ni ne se déhanche sur les trous et les bosses rencontrés par ses énormes pneumatiques, des 20 po. Par contre, mieux vaut se méfier de ce mastodonte sur des routes sinueuses tant les sensations sont édulcorées par son gabarit, son confort et son silence.

Que doit-on conclure au sujet de ce Range Rover? Qu'il s'agit d'un utilitaire d'un caractère inimitable qui vous procure une sensation de bien-être qui ne vous abandonne pas et qui vous transporte, indépendamment de la nature du terrain, avec une suprême élégance. Un choix de coeur et maintenant de raison avec cette mécanique turbodiesel.

FICHE TECHNIQUE

L'ESSENTIEL

Marque / Modèle: Range Rover et Range Rover Sport Td6

Fourchette de prix: 82 990 $ à 108 490 $

Coût de transport et de préparation: 2070 $

Garantie de base: 4 ans / 80 000 km

Consommation réelle: 9,7 L/100 km

TECHNIQUE (MODÈLE ESSAYÉ)

Moteur : V6 DACT 3 L turbo-diesel

Puissance : 254 ch à 3500 tr/min

Couple : 440 lb-pi à 1750 tr/min

Poids : 2215 kg

Rapport poids-puissance : 8,72 kg/ch

Mode : Intégral

Transmission de série : Automatique huit rapports

Transmission optionnelle : Aucune

Direction/Diamètre de braquage: Crémaillère/12,1 m

Freins av.-arr.: Disque / Disque

Pneus av.-arr.: 255/50R20

Capacité du réservoir/Carburant recommandé: 89 L/Diesel

Capacité de remorquage maximale: 3500 kg

ON AIME

Moteur diesel convaincant

Présentation envoûtante

Aptitudes hors route

ON AIME MOINS

Système d'infodivertissement à revoir

Coût d'utilisation élevé

Comportement balourd (sauf Sport)