Mazda devance de quelques mois la sortie de son modèle-vedette, la 3, pour éviter de la voir s'enfoncer dans le ventre mou du peloton. C'est compréhensible, car cette dernière pèse pour plus de 50% dans les ventes de la marque japonaise au Canada. Le droit à l'erreur est totalement inexistant.

En plaçant côte à côte la future 3 et sa devancière, il n'est pas sûr que l'on pourra pratiquer le jeu des sept erreurs. La nouvelle version suggère la sportivité et prend le risque de l'originalité, ce qui lui permettra de s'imposer devant les autres compactes, pense-t-on. La nouvelle voiture est plus courte, plus basse, mais plus large que la génération antérieure. Ses porte-à-faux sont plus ramassés, mais l'empattement s'est allongé.

Comme le modèle qu'elle remplace, la compacte japonaise propose deux carrosseries: quatre ou cinq portes. Cette dernière n'est sans doute ni la plus populaire (32% des ventes) ni la plus aérodynamique des deux, mais elle est assurément la plus originale et la plus fonctionnelle.

Étonnamment, Mazda se montre plutôt discret sur le volume habitable de sa dernière création. Alors que la concurrence ne manque aucune occasion de rappeler que les passagers et leurs bagages bénéficieront de plus d'espace, le constructeur japonais n'en a dit mot dans une présentation de quelque 136 pages... Ce silence est compréhensible: la nouvelle mouture n'est guère plus spacieuse que l'ancienne. L'empattement plus long assure tout de même un meilleur dégagement aux jambes et aux genoux pour les occupants des places arrière. Une part du crédit revient aussi au dessin des sièges avant, dont la partie dorsale a été tailladée. Les proportions nouvelles de ce véhicule ont également permis de laisser plus d'espace pour les épaules, mais pas pour la tête. C'est particulièrement le cas à bord de la version Sport (cinq portes), qui fait bien moins bien dans ce domaine que la génération précédente. L'accès et la sortie sont même plus difficiles en raison de l'arc que dessine le toit. En revanche, la contenance du coffre s'est accrue et offre l'équivalent de 91 litres supplémentaires. Hélas, le rangement à bord est insuffisant.

Mazda préfère naturellement mettre l'accent sur les différents dispositifs de sécurité active offerts par la 3. Parmi ceux-ci, on trouve un affichage tête haute, des capteurs d'angles morts, l'avertisseur de sortie de voie ou encore le système intelligent d'aide au freinage en ville. La liste ne s'arrête pas là, mais le budget des consommateurs, si. En fait, près de trois acheteurs de Mazda 3 sur quatre ne bénéficieront vraisemblablement jamais de ces technologies, puisqu'elles seront uniquement offertes dans la version la plus chère. Qui plus est, elles campent pour la plupart dans un groupe d'options dont on ne connaît pas encore le prix.

Pour se démarquer de la concurrence, la 3 ne compte heureusement pas seulement sur ses avancées techniques - pour la catégorie, s'entend -, mais aussi sur la qualité de sa réalisation. Et bonne nouvelle, celle-ci est offerte dans l'ensemble de la gamme. On note immédiatement la présentation et le soin apporté aux détails de cette compacte, qui n'a rien à envier aux futures Mercedes CLA et Audi A3. D'ailleurs, sur certains aspects, la japonaise leur ressemble beaucoup, notamment dans la partie centrale de l'habitacle, avec cet écran grimpé à la manière de la petite Mercedes, ou dans l'organisation des commandes de climatisation/chauffage, à la Audi.

Confortablement assis, le conducteur fait face à un tableau de bord qui rappelle cette fois une ancienne création maison: la RX-8. Comme cette dernière, la 3 mêle gracieusement l'analogique au numérique. Au premier coup d'oeil, on s'y perd un peu, mais on met peu de temps à trouver ses repères. Toute aussi intuitive est cette molette - visiblement inspirée des constructeurs allemands - qui permet de naviguer dans les menus et sous-menus de l'écran central.

Un châssis finement réglé

L'apposition du sigle «SkyActiv» sur les Mazda 3 GS actuelles était en quelque sorte usurpée, notamment sur le plan du châssis. Ce dernier ne bénéficiait pas des avancées de ce programme, qui consiste en une série d'améliorations pratiques, souvent peu chères à réaliser et pas forcément très sophistiquées. Par exemple, on a allégé la structure, revu l'emplacement des points d'ancrage des suspensions ou encore amélioré l'aérodynamisme. Rien de bien compliqué, pour peu que les objectifs soient clairement établis dans le cahier de charges avant de lancer le projet, car en cours de route, c'est trop tard et cela ressemble à du bricolage. Comme l'était l'actuelle Mazda 3.

Pour la nouvelle, c'est différent. Celle-ci intègre en effet tous les éléments et permet notamment d'abaisser de façon spectaculaire - sur papier, à tout le moins - la consommation. Par exemple, Mazda estime que la version d'entrée de gamme, la GX, consommera jusqu'à 2 L/100 km de moins que le modèle de cette année. L'usage du deux-litres SkyActiv et d'une boîte comptant désormais six rapports expliquent cette performance à la pompe.

Pour Mazda, le renouvellement est d'importance et il est surtout délicat: il s'agit de hausser d'un cran l'agrément de conduite propre aux modèles antérieurs, tout en augmentant la sacro-sainte économie de carburant. L'objectif a été atteint. De toutes les compactes actuellement sur le marché, la 3 est sans conteste la plus tonique de la catégorie, y compris dans sa version de base. La plage d'utilisation plus large du moteur de deux litres permet de mieux exploiter ses performances, et la qualité de ses liaisons au sol font oublier que la 3 chausse de série des pneus de 16 pouces de série 60.

La direction à assistance électrique inscrit la 3 avec précision - et aplomb - dans les virages. Ce qui étonne encore plus est la neutralité de son comportement. Contrairement à d'autres compactes, la 3 ne sous-vire pas exagérément et maîtrise efficacement les mouvements de son châssis. D'ailleurs, les éléments suspenseurs filtrent bien les imperfections de la chaussée, et le freinage résiste bien dans le cadre d'un usage normal.

Au final, cette Mazda s'avère un numéro gagnant pour quiconque place le dynamisme au sommet de ses critères d'achat. Ses faibles gains en matière d'habitabilité pourraient cependant lui nuire auprès des familles à la recherche d'espace.

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Mazda Canada.

L'ESSENTIEL

> Fourchette de prix : 15 995$ à 26 995$ (2013)

> Garantie de base : 3 ans / 80 000 km

> Consommation réelle : 7,6 L/100 km (estimation)

> Visible dans les concessions : mois de septembre 2013

> Pour en savoir plus : www.mazda.ca

TECHNIQUE

> Moteur (essence) : L4 DACT 2 litres

> Puissance : 155 ch à 6000 tr/min

> Couple : 150 lb-pi à 4000 tr/min

> Poids : 1282 kg (GX, boîte manuelle)

> Rapport poids-puissance : 8,27 kg/ch

> Mode : traction

> Transmission de série : manuelle 6 rapports

> Transmission optionnelle : semi-automatique 6 rapports

> Direction / Diamètre de braquage (m) : crémaillère / 10,6

> Freins av-arr : disque / disque

> Pneus (av-arr) : 205/60R16

> Capacité du réservoir / Essence recommandée : 50 Litres / ordinaire

ON AIME

> Détails soignés

> Comportement sportif

> Direction téléphatique

ON AIME MOINS

> Accès/sortie des places arrière

> Innovations réservées au haut de gamme

> Dégagement à l'arrière