Il faut se faire une raison, la Mini Cooper n'est plus une petite voiture. Pour satisfaire à des exigences de plus en plus sévères en matière de sécurité, la Mini a (beaucoup) grandi. Elle a poussé en longueur, en largeur et en hauteur. Une mutation susceptible de dénaturer l'esprit même de ce modèle ?

Ce phénomène - irréversible - touche l'ensemble des voitures, tout particulièrement les petites. Elles ne peuvent tout simplement s'empêcher de grandir pour devenir plus sûres. La Mini n'y échappe pas non plus.

Elle gagne 114 mm en longueur, 43 en largeur et près de 8 en hauteur. Et ça se voit! Ces augmentations - à moins que vous n'y voyiez là des gains - profitent à la sécurité, à l'aérodynamique, mais timidement aux quatre occupants qui s'inviteront à bord. À peine le quart de cet accroissement a été consacré à l'allongement de l'empattement (la distance entre les deux essieux). Le reste a essentiellement été mis à profit pour satisfaire aux normes de sécurité; lesquelles imposent notamment un capot plus long destiné à mieux répartir les zones d'impact lors d'un choc avec un piéton. Les «grenailles» iront au coffre dont le volume atteint maintenant un mirifique volume de 211 L...

Pour l'heure, la Cooper s'habille d'une carrosserie trois portes et la nomenclature de la gamme demeure la même avec des dérivés plus sportifs encore (S et John Cooper Works).

Une autre carrosserie, avec deux portes additionnelles, est en cours de préparation (voir La Presse+). Celle-ci va forcément mettre la marque en position de répondre aux attentes du public qui demande une plus grande polyvalence et davantage de volume habitable.

On s'assagit



Dans sa configuration «trois portes», la Mini fait mine de ne pas avoir grandi. Il est toujours aussi difficile d'atteindre que de s'extraire de ces places arrière. Mais une fois installé à bord, on note un progrès, surtout au niveau des épaules. Les petits se réjouiront peut-être d'apprendre que l'assise a été rehaussée de 20 mm, les plus grands du moelleux gagné par les sièges.

Les grands changements s'observent surtout des places avant, toujours un peu problématiques à régler. Les nostalgiques ne manqueront pas de relever que la Mini a perdu la fraîcheur et ce petit côté décalé qui la rendaient si attrayante, si particulière.

Le gros tachymètre jadis planté au centre déménage sous les yeux du conducteur, tandis que les interrupteurs des glaces intègrent les contre-portes. Pour préserver le côté «branché», Mini n'a pas trouvé mieux que de mettre en scène ce disque de lumières qui change de couleur en fonction de la situation de conduite ou les actions individuelles. Aussi kitch que les haut-parleurs «animés» d'une Kia Soul. Toujours dans la même optique, la Mini se démarre désormais à l'aide d'une touche écarlate de style aviation. Sympathique, mais est-elle bien solide? Tout comme l'armature du coffre à gants. Plutôt fragile, si vous voulez mon avis. Hélas, s'éclaircira à l'usure.

Sur une note positive, la Mini est plus facile à prendre en main, moins marginale qu'autrefois. Un changement choisi à dessein par BMW, maître de la marque, dans le but - bien évidemment - de ratisser une clientèle encore plus large.

Dommage pour les amateurs de coquetteries qui, depuis la fermeture de Saab, n'avait à vrai dire plus que Mini pour afficher leur différence.

Tout n'est pas perdu



Plus adulte, la Mini a cependant conservé son coeur d'enfant. Pour preuve, celui-ci bat au rythme de trois et non plus de quatre cylindres. Comme quoi tout n'a pas grandi sur cette auto. En toute franchise, voilà une bonne nouvelle puisque cette mécanique à elle seule va relancer l'intérêt à l'égard de la Cooper.

Celle-ci, rappelons-le, a toujours été mue par des motorisations souffreteuses au point d'inciter les consommateurs à opter pour la - chère - version S, plus endiablée. Aujourd'hui, on aurait tort de lever le nez sur ce gros trois-cylindres (1,5 L tout de même). Pas tellement plus puissant que la mécanique atmosphérique qu'il remplace, la force de ce 1,5 L suralimenté réside dans son couple généreux qui favorise aussi bien l'accélération que les reprises.

Doté des dernières avancées techniques (injection directe, coupure automatique à l'arrêt, calage variable des soupapes, la totale, quoi!), ce 1,5 L s'annonce à la fois plus dynamique et plus sobre. Tout cela se vérifie volant en main. Ce trois-cylindres étonne le conducteur dans un premier temps par la régularité de son rendement. Pas de secousse ni convulsion au démarrage ou au ralenti. Il faut dire que la Cooper a profité d'une refonte qui améliore l'insonorisation de son habitacle.

Nerveuse, cette mécanique remue la Cooper de sa position stationnaire avec aisance.

L'embrayage est progressif et souple, la commande de boîte d'une douceur mielleuse. L'ergonomie nouvelle du pommeau - moins massif - ajoute au plaisir. Tant mieux puisque l'étagement étonnamment long des trois premiers rapports invite, dans la circulation urbaine tout particulièrement, a de nombreux «embraye-débraye» pour maintenir le moteur dans sa plage de régime optimal. Cet étagement particulier vise - évidemment - à réduire la consommation de carburant, mais cela ne se passe pas tout à fait comme cela dans les faits. À moins de vouloir entendre un concert de klaxons derrière soi ou de faire l'impasse sur le comportement atypique de cette auto, il ne faut guère espérer moins de 7 L/100 km. Plus décevant encore, elle ne consomme que de l'essence super.

La faute n'incombe pas à la Mini, mais bien à qui se trouve à son volant. En effet, malgré ses dimensions et son poids accrus, l'auto n'a pratiquement rien perdu de sa proverbiale agilité. Certains ne manqueront pas de relever que ses voies plus larges lui assurent même une stabilité encore plus rassurante.

Son nouveau châssis accueille des éléments suspenseurs revisités. Ceux-ci préservent son comportement amusant et la précision de sa direction (assez vive, merci), tout en améliorant l'un des talons d'Achille des générations antérieures: le confort. Les réactions sur mauvais revêtement sont plus acceptables et le freinage toujours très mordant rassure son monde.

Moins sympathique et déjantée qu'autrefois, la «nouvelle» Mini paraîtra plus mature, plus bourgeoise et plus attrayante aux yeux de consommateurs qui, jusqu'ici, ne le considéraient même pas. Ce faisant, elle illustre aussi sans doute l'échec de la marque à vouloir se bâtir une gamme.



L'essentiel

> Marque: Mini

> Modèle: Cooper

> Prix de détail suggéré: 22 845 $ *

> Garantie de base: 4 ans / 80 000 km

> Consommation observée: 7,7 L/100 km

> Pour en savoir plus: www.mini.ca

* ce montant inclut les frais de transport et de préparation

TECHNIQUE

> Moteur L3 DACT 1,5 litre turbo

> Puissance: 134 ch entre 4 500 et 6 000 tr/min

> Couple: 162 lb-pi à 1 250 tr/min *

> Rapport poids-puissance: 9,13 kg/ch

> Poids: 1 224 kg

> Mode: Traction

> Transmission de série Manuelle 6 rapports

> Transmission optionnelle: Semi-automatique 6 rapports

> Direction / Diamètre de braquage (m): Crémaillère / 10,8

> Freins av-arr: Disque ventilé / Disque

> Pneus (av-arr): 175/65R15

> Capacité du réservoir / Essence recommandée: 40 / Super

* Possibilité d'atteindre 170 avec l'overboost

On aime

> Moteur 3 cylindres étonnant

> Prix attractif

> Comportement amusant

On aime moins

> Plus très «mini»

> Garnitures fragiles

> Étagement de la boîte (manuelle)