L'Outlander «profite d'une centaine d'améliorations», clame son constructeur. Un nombre important en apparence, mais dans les faits, Mitsubishi ne répond pas entièrement aux attentes.

Lâché par ses partenaires et incapable de nouer une alliance nouvelle, Mitsubishi se retrouve aujourd'hui seul. Et pas mécontent de l'être, tout compte fait. Cette période de réclusion lui a donné l'occasion de se regrouper, de se refaire une santé financière, d'investir dans les technologies et de redéfinir son identité. Grosse commande, mais les efforts commencent déjà à porter leurs fruits, comme en fait foi la courbe ascendante de ses ventes dans plusieurs régions du globe. Canada compris.

Avec méthode, le constructeur japonais effectue son retour et entend revisiter, un à un, tous ses modèles au cours des prochains mois. L'Outlander est le premier et Mitsubishi prétend - un peu pompeusement - avoir fait plus d'une centaine de changements. Certains sont importants, d'autres, beaucoup moins. On pourrait en débattre, mais tous s'accorderont pour dire que le plus visible concerne la plastique de cet utilitaire. Le véhicule étrenne les codes esthétiques des Mitsubishi de demain. Cette nouvelle signature n'a rien de singulier et ressemble plutôt à un «copier-coller» de véhicules existants ou anciens venus des groupes Ford et Toyota notamment. Mais ce manque d'inspiration ne nuira pas à la carrière de ce modèle et fera oublier sans peine les deux récents remodelages (2013, 2015) qui n'en faisaient pas une gravure de mode.

Une révision superficielle

Pour ajouter au nouveau vocabulaire esthétique de la marque, l'Outlander 2016 fait l'objet d'une série de raffinements qui visent essentiellement à rendre son utilisation plus confortable (meilleure insonorisation, réglages des éléments suspenseurs), plus valorisante (soins apportés aux détails) et plus fonctionnelle (dégagement sous le hayon et modularité de l'habitacle).

Bref, des modifications qui auraient dû figurer dans le cahier des charges initial du véhicule lors de son renouvellement. En effet, comment expliquer que parmi ces «améliorations» ne figurent pas les capteurs d'angles morts (même en option) ou qu'une tige métallique se charge toujours de maintenir le capot ouvert?

En fait, l'une sinon LA pièce de résistance de cette mise à niveau consiste en l'addition d'une boîte automatique à variation continue (CVT) comptant 8 rapports virtuels. Cette transmission vise bien sûr à améliorer la consommation de carburant, mais surtout à revaloriser la version quatre cylindres de ce modèle qui ne représente que 40% des ventes dans cette gamme. Mitsubishi estime, avec raison, que la croissance des ventes de ce modèle se trouve là. D'ailleurs, le quatre-cylindres de 2,4 litres est le seul à retenir, de série, les services de cette boîte. Le moteur V6, toujours offert et recherché pour sa capacité de charge (ou de remorquage), demeure pour sa part fidèle à une automatique à 6 rapports.

Une nouvelle boîte pour le quatre-cylindres, mais encore? Rien. Ce moteur est toujours alimenté par un système d'injection classique. Voilà qui fait sourire lorsqu'on pense que Mitsubishi fut l'un sinon LE précurseur de l'injection directe il y a quelques années.

Pas très puissant, ce 2,4-litres a cependant l'avantage de mouvoir une caisse allégée de quelques kilogrammes supplémentaires cette année. Bien vu. Cela a très peu d'incidence sur les performances pures, mais contribue d'une manière plus importante aux qualités dynamiques de son châssis renforcé par endroits.

Le rendement de ce groupe motopropulseur ne s'attire ni louange ni critique particulière. Il se contente d'exécuter correctement et, doit-on le préciser, plus discrètement son travail. La concurrence offre des mécaniques tantôt plus véloces, tantôt plus sobres que celle proposée par cette Mitsubishi. Cette dernière n'excelle en rien, mais a le mérite d'être homogène, pour peu que le relief de la route soit bien plat.

Dans le cas contraire, la présence de la boîte CVT se fait alors sentir et donne l'impression de «retenir» les chevaux (vapeur) avec un puissant élastique, en plus de se montrer lente à accepter l'idée d'exécuter un rétrocontact bien senti lors des manoeuvres de dépassement ou encore quand vient le moment de gravir une pente plus ou moins abrupte. Sur le plat, à vitesse de croisière, répétons-le, aucun problème et son fonctionnement ne porte flanc à aucune critique particulière.

On regrette tout juste que les magnifiques palettes montées au volant demeurent exclusivement réservées aux acheteurs de la version V6. Au sujet de la version V6 justement, c'est le statu quo. Elle conserve la même cylindrée (3 L) et sa boîte automatique à 6 rapports demeure la seule en service.

Anachronismes

Parmi les nombreux anachronismes de cette refonte, il y a le rouage intégral. Les versions V6 ont droit au plus sophistiqué offert (S-AWC), alors que celles animées du 2,4-litres sont équipées d'un dispositif dépourvu du vecteur de couple. Cette décision, encore une fois, apparaît plutôt surprenante et délibérée puisque le S-AWC est offert sur l'ensemble de la gamme Outlander aux États-Unis. Pas au Canada. Une décision dictée par le coût de revient, selon l'un des représentants de la firme. Celui-ci ajoute que cette politique pourrait être révisée dans les prochains mois, les prochaines années.

Quoi qu'il en soit, avec ou sans un «S», le rouage intégral de l'Outlander propose un certain nombre de paramètres que le client peut choisir à sa guise en appuyant sur un bouton. Ce dernier offre notamment, dans la configuration S-AWD, une fonction supplémentaire (Snow ou Neige) qui ne figure pas sur le rouage à quatre roues motrices de base.

En revanche, tous les deux comportent un mode Eco qui veille en quelque sorte à désaccoupler le train arrière lorsque le niveau d'adhérence est adéquat. À moins de rechercher à tout crin à diminuer la consommation, ce mode Eco déçoit plus qu'il n'enchante. En effet, le comportement du véhicule devient alors plus pataud, plus survireur (tendance à tirer tout droit dans les virages). Plus moche, quoi.

Le mode Normal permet à l'Outlander de retrouver sa belle agilité et son assurance dans les virages.

Hélas, peu importe le mode sélectionné, la direction à assistance électrique manque de ressenti ou plutôt de linéarité. Ferme en position centrale, elle s'allège ensuite trop rapidement. Une question de réglage, sans l'ombre d'un doute. En revanche, saluons le diamètre de braquage étonnamment court de ce véhicule, qui facilite grandement les manoeuvres dans les espaces réduits.

Ensuite, sur une note plus positive encore, on retient la qualité de l'amortissement et, surtout, l'insonorisation de l'habitacle, nettement supérieure à celle du modèle de l'an dernier.

5+2

Soucieuse de faire mousser les ventes des versions quatre cylindres, Mitsubishi n'a curieusement pas cru bon (encore) d'offrir une configuration sept passagers pour se démarquer ou tout simplement pour mieux rivaliser avec le Rogue (Nissan). Mitsubishi s'entête à réserver ces deux places additionnelles - taillées exclusivement pour des enfants en bas âge - aux acheteurs de la V6.

Parmi les transformations apportées, soulignons qu'il est désormais possible d'obtenir un plancher de chargement bien plat de façon beaucoup plus aisée. En effet, il n'est plus nécessaire de retirer les appuie-têtes pour rabattre en deux temps, trois mouvements les dossiers et assises de la banquette arrière (ou médiane, selon la configuration de l'habitacle). Le coffre, toujours accessible par un hayon construit d'une seule pièce, ne se soulève pas en passant le pied sous le pare-chocs comme pour certains de ses concurrents, mais il a le mérite d'offrir un seuil de chargement d'une hauteur raisonnable.

Les places arrière s'avèrent spacieuses et modulables - il est possible d'incliner les dossiers et de faire coulisser les assises sur des rails. Naturellement, il est également possible de condamner en tout ou en partie ces places pour augmenter encore l'espace de chargement.

La présentation intérieure ne casse rien sur le plan du design. Encore une fois, l'audace qui caractérisait Mitsubishi dans ce domaine a totalement disparu. En revanche, saluons la qualité d'assemblage et la diversité des matériaux employés pour l'aménagement de l'habitacle. De bonnes notes également aux espaces de rangement ainsi qu'à l'ergonomie des principales commandes. Les sièges avant sont confortables, mais ils le seraient davantage s'ils offraient un meilleur support latéral. L'écran de navigation, toujours trop petit, est d'une utilisation facile.

Utilitaire honnête offrant de surcroît une garantie généreuse, l'Outlander corrige plusieurs lacunes observées lors du renouvellement de ce modèle. Hélas, plusieurs autres demeurent et cette stratégie étapiste de Mitsubishi agace.

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On aime

> Confort et silence de roulement

> Gamme complète

> Garantie généreuse

On aime moins

> Révision encore trop timide

> Élasticité de la boîte CVT

> Direction peu linéaire

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Ce qu'il faut retenir

> Marque/Modèle: Mitsubishi Outlander

> Fourchette de prix: 25 998 $ à 38 498 $

> Frais de transport: 1600 $

> Garantie de base: 5 ans/100 000 km

> Consommation réelle: 10,7 L/100 km

> Visible dans les concessions: Dans quelques jours

> Moteur (essence): L4 SACT 2,4 litres

> Puissance: 166 ch à 6000 tr/min

> Couple: 162 lb-pi à 4200 tr/min

> Poids: 1535 kg (AWD)

> Rapport poids-puissance: 9,24 kg/ch

> Mode: Intégral

> Transmission de série: Automatique 8 rapports (CVT)

> Transmission optionnelle: Aucune

> Direction/Diamètre de braquage (m): Crémaillère/10,6

Freins (av-arr): Disque/Disque

> Pneus (av-arr): 225/55R18

> Capacité du réservoir/Essence recommandée: 60/Ordinaire

> Pour en savoir plus: www.mitsubishimotors.ca