Que pensez de la Sentra de Nissan? À vrai dire, rien ou à tout le moins pas grand-chose! Comme toutes les générations précédentes, cette compacte vise les familles responsables, conscientes des vraies valeurs et que la chose automobile n'émeut guère. Cette approche très pragmatique a longtemps permis de faire passer certains défauts au second plan. Elle n'apparaît toutefois plus aussi évidente dans le contexte actuel. L'image de cette auto au-dessus des modes s'est troublée.

Autour de cette Nissan, la concurrence fait pas mal de remous. Lisse et dépourvue d'aspérité, la Sentra souffre comme toutes les générations précédentes de son style insipide. Nissan a, une fois de plus, tout fait pour que ce modèle ne se fasse pas remarquer. D'ailleurs, chez le constructeur, personne ne s'avance pour revendiquer la paternité du dessin de cette voiture également connu sous le nom de Sylphy.

La Sentra, qui n'est pas la première Nissan à jouer profil bas, n'est pas pour autant une auto mal dessinée ou qui pécherait par la maladresse de son style. Elle est plus enveloppée que celle qui l'a précédée et n'a rien d'un laideron. Ce qui dérange et met presque mal à l'aise, ce ne sont pas de supposées fautes de goût ni quelques bizarreries esthétiques qui firent, jadis, le sel de la marque. Le plus étrange, considérant le haut niveau de compétitivité de ce segment, c'est que Nissan fasse tout pour ne pas se faire remarquer et, de fait, y parvienne aussi bien.

Contrairement à sa devancière, la Sentra a une ligne on ne peut plus uniforme. Pas de décrochages, de contrastes qui retiennent le regard. Elle n'est ni ronde ni carrée, ni belle ni moche. Ses flancs sont un peu étriqués et son profil manque de dynamisme. Les yeux fermés, on a du mal à reconstituer mentalement les formes flottantes de ce modèle sur le terrain de stationnement d'un centre commercial.

Les dirigeants de la marque expliquent que, pour réussir sur le marché, le classicisme est de rigueur. On souscrirait volontiers à cette analyse si la Ford Focus ou les nouvelles Kia Forte, Hyundai Elantra ou même Dodge Dart avaient opté elles aussi pour une présentation effacée. Mais ce n'est pas le cas. Il reste peut-être un ultime espoir: une version SE-R dont la venue semble encore hypothétique.

Le choix de Nissan, ou plutôt l'absence de choix clairement affichés a quelque chose d'incompréhensible de la part d'une entreprise reconnue pour son originalité. La Sentra reflète plutôt en apparence les complexes d'un constructeur sur la défensive, obnubilé par la nécessité de rassurer la clientèle, de ne choquer personne.

Heureusement, on ne saurait résumer la Sentra à ses tristes atours. L'intérieur vaut mieux que l'extérieur. L'habitacle fait moins vieux jeu et est tout aussi ergonomique que par le passé. Le minimalisme a ses vertus et la Sentra veille à nous le rappeler avec ses commandes qui tombent (au sens figuré) sous la main. Rien de compliqué ici. On lui reconnaît également des matériaux plus clairs et agréables à toucher, et de l'espace à revendre. À l'arrière surtout. En revanche, on se désole du faible maintien des sièges.

La Sentra s'affiche à un prix de départ très attractif. Toutefois, pour bénéficier des petites douceurs de notre véhicule d'essai - une SV à 17 548$ -, il faut consentir un déboursé de plus de 5000$. Un conseil, soyez à l'image de cette voiture: minimaliste et conservateur. Privilégiez la version SV, mais sans les options.

Anémique rime-t-il avec économique?

Dans le cadre de cette refonte, la Sentra a perdu un peu de poids. Comme ses concurrentes. Toutefois contrairement à ces dernières, elle a aussi égaré quelques chevaux en route. Le 1,8-litre qui l'anime désormais développe 10 chevaux et 19 livres-pied de moins que le 2-litres qui équipait la génération antérieure. Regardez ce qui se fait ailleurs. On abaisse la cylindrée, mais on augmente le rendement. On ne réduit pas tout. Nissan ne raisonne pas de la même manière et nous invite plutôt à interpréter sa démarche comme un gain pour l'économie de carburant. En théorie, les cotes de consommation affichées par ce modèle s'apparentent à celle d'un véhicule hybride. Mais dans la «vraie vie», tout le monde sait très bien aujourd'hui qu'il est impossible de consommer aussi peu. D'ailleurs, comme en font foi nos mesures réalisées en hiver, la Sentra ne se détache pas du peloton des compactes en matière de sobriété. En revanche, elle est totalement lâchée par celles-ci au rayon des performances. Même si la transmission à variation continue (CVT) veille à garder le moteur dans le rythme, le 1,8-litre se contente de grogner plutôt que de mordre. Indolente, cette mécanique exige une bonne dose d'anticipation quand vient le moment de doubler ou d'accélérer. Peut-être sera-t-il possible d'extraire plus de puissance ou, à tout le moins, d'avoir le sentiment d'en tirer davantage de la boîte manuelle à six rapports offerte de série?

La Sentra n'est pas très rapide et c'est sans doute mieux ainsi. Son châssis manque tout autant de dynamisme et contrôle difficilement les mouvements de caisse. La Sentra sous-vire dès qu'un virage est négocié un peu trop rapidement et la direction manque de rappel. Plus confort que sportif, alors? Oui, si l'on veut, mais cela n'en fait pas la «Rolls-Royce» des compactes pour autant. Sur une chaussée abîmée, les éléments suspenseurs peinent à absorber les trous et les bosses avec sérénité. Quant au freinage, il ne pose pas problème. Ouvrons ici une parenthèse pour rappeler que les disques à l'arrière sont offerts en option. Les modèles d'entrée de gamme bénéficient tous de tambours. Cela paraîtra archaïque aux yeux de certains, mais force est de reconnaître que cette solution est largement suffisante considérant les performances, en plus de s'avérer plus économique à l'entretien.





ON AIME

- Dégagement à l'arrière

- Ergonomie

- Volume du coffre





ON AIME MOINS

- Sous-motorisée et sans raison de l'être

- Sièges manquent de support

- Comportement sans saveur





L'ESSENTIEL

Fourchette de prix: 14 848$ à 22 998$

Garantie de base: 3 ans/60 000 km

Frais de transport et de préparation: 1567$

Consommation réelle: 7,1 L/100 km (essai hivernal)

Visible dans les concessions: Maintenant

À considérer: Hyundai Elantra, Toyota Corolla

Pour en savoir plus: www.nissan.ca





TECHNIQUE

Moteur (essence): L4 DACT 1,8 litre

Puissance: 130 ch à 6 000 tr/min

Couple: 128 lb-pi à 3 600 tr/min

Poids: 1287 kg

Rapport poids-puissance: 9,9 kg/ch

Mode: Traction

Transmission de série: Manuelle 6 rapports

Transmission optionnelle: Automatique CVT

Direction/diamètre de braquage (m): Crémaillère/10,6

Freins avant/arrière: Disque/Tambour (Disque: option)

Pneus avant/arrière: 205/55R16

Capacité du réservoir de carburant/carburant recommandé: 50 litres/Ordinaire

Photo fournie par Nissan