Design expressif pour les uns, formes futuristes pour les autres: le Murano de troisième génération aura la difficile mission de faire progresser Nissan dans un segment très encombré. Un tournant décisif pour le constructeur japonais qui, pour la première fois de son histoire, a dépassé le cap des 100 000 véhicules vendus au Canada.

Inspiré de l'étude Resonance, le nouveau Murano n'a plus grand-chose à voir, en matière de style, avec ses héritiers. D'ailleurs, Nissan revendique haut et fort ses nouvelles lignes anguleuses au possible, imaginées par son bureau de design californien basé dans un paisible quartier industriel de San Diego.

Pour cette audace esthétique qui ressemble clairement à un «véhicule de conquête», la direction de Nissan estime qu'elle contribuera à faire progresser son image de marque. Avec ses formes inusitées, le constructeur japonais souhaite non seulement attirer l'attention des consommateurs, mais encore s'assurer d'une forte présence dans la rue.

Au-delà du style, il y a la fonction, et dans ce domaine, le Murano revendique un Cx (coefficient de traînée aérodynamique) de 0,31. Il était autrefois de 0,37. Le dessin de la carrosserie y est sans doute pour beaucoup, mais ce gain est aussi attribuable à la protubérante calandre en V dont les volets se referment à haute vitesse dans le but de réduire la résistance au vent.

Pour la première fois de sa jeune histoire (ce modèle fait carrière depuis 2003), le Murano prend dorénavant forme aux États-Unis, plus précisément à l'usine de Canton, dans le Mississippi. Cette dernière assemble déjà plus de 2 millions de véhicules annuellement, dont l'Altima, la Xterra et l'Armada.

Un salon pour la famille

Sous les formes finement travaillées de sa carrosserie, il y a l'habitacle, ou plutôt le «social lounge (traduction libre: salon social), thème inauguré par le concept Resonance», rappelait Shiro Nakamura, vice-président et directeur de la création de Nissan, lors d'un entretien antérieur. Comme vous pouvez en juger par les photos accompagnant ce reportage, cela ressemble davantage à un salon scandinave avec cette teinte crème dominante (chez Nissan, on dit cachemire) et ces appliques de bois clair. Cette combinaison très tape-à-l'oeil est offerte seulement sur les versions SL et Platine à rouage intégral, les plus chères. Les plus économiques (S et SV) ne s'habillent qu'en gris foncé. Cela alourdit l'ambiance certes, mais cette présentation plus austère a le mérite de masquer les taches qui risquent inévitablement d'apparaître dans le contexte d'une utilisation normale. Pour illuminer l'habitacle, reste le toit panoramique offert de série sur toutes les versions, à l'exception de la S.

Seuls les anciens propriétaires du Murano prendront conscience, sans doute, que le tableau de bord est ancré plus bas pour améliorer la visibilité de l'avant. Dans sa partie centrale, on note la présence de l'écran tactile de navigation de 8 pouces, de série sur tous les modèles. Les concepteurs rappellent à notre bon souvenir que la beauté se trouve dans la simplicité et que le nombre de boutons associés aux systèmes de navigation et de climatisation est passé de 25 à 10. Bien vu, mais pourquoi ne pas avoir profité de ce réaménagement pour déplacer les quelques commandes campées à gauche du volant en des lieux plus conviviaux et plus accessibles? Et pourquoi ne pas avoir abandonné le frein d'urgence mécanique au profit d'un électronique, plus moderne et surtout plus compact?

Si l'empattement demeure le même (le véhicule est cependant plus long et plus large que son prédécesseur), le dégagement aux jambes à l'arrière a forci de quelques millimètres. Le dossier de la banquette se replie à plat (configuration 60/40) pour augmenter la surface de chargement, talon d'Achille des versions antérieures. À ce chapitre, le Murano n'a plus à rougir de la comparaison avec la concurrence.

À titre d'exemple, le futur Edge de Ford proposera un volume utilitaire sensiblement équivalent à celui du Nissan. Ce dernier offre légèrement plus d'espace derrière sa banquette, mais une fois celle-ci basculée, le Ford prend l'avantage.

Notons les nombreux accessoires de sécurité, comme l'écran de visualisation du périmètre, la fonction de détection des objets en mouvement ou la caméra de recul, tous indispensables en raison de la visibilité restreinte à l'arrière et de l'opulence des piliers.

Retenons le meilleur pour la fin de ce tour du propriétaire. D'abord, l'insonorisation de l'habitacle. Celle-ci a notamment été améliorée grâce à l'usage de glaces plus épaisses. Enfin, la grille des tarifs révisée à la baisse. En fait, il en coûte en général moins pour acquérir un Murano que l'an dernier et, qui plus est, il est mieux équipé.

Déjà vu

Design avant-gardiste, habitacle valorisant, le Murano en met plein la vue, sauf sur le plan technique. En fait, à l'exception d'une perte appréciable de quelque 60 kilos, la troisième génération ressemble à un copier-coller de la précédente.

L'architecture et le groupe motopropulseur demeurent les mêmes. C'est donc dire que seul le V6 de 3,5 litres se charge d'animer ce modèle proposé en configuration deux ou quatre roues motrices. Ces dernières reçoivent puissance et couple par l'entremise d'une boîte à variation continue (CVT) et offrent la possibilité d'engager manuellement ses rapports fictifs en jouant du levier, ce qui en soi représente une pratique tombée en désuétude depuis l'apparition des palettes au volant. D'ailleurs, où sont-elles?

La robustesse et la fiabilité du bloc V6 de 3,5 litres ne font aucun doute, mais à certains égards - et en exagérant un peu -, on se désole un peu qu'un véhicule aux allures avant-gardistes n'ait pas eu droit à un groupe propulseur plus «moderne» avec injection directe, voire avec désactivation des cylindres en prime. Néanmoins, Nissan prétend avoir abaissé la consommation de 20% par rapport à l'an dernier grâce aux gains réalisés au chapitre de l'aérodynamisme, du poids et des pneus. Une assertion que nous n'avons cependant pas été en mesure de vérifier.

Cela dit, l'avenir s'annonce peut-être plus prometteur, et qui sait si la motorisation hybride du concept Resonance (4 cylindres et moteur électrique) ne se retrouvera pas à brève échéance sous le capot.

Mais pour le moment, on s'est limité chez Nissan à reconduire une architecture technique connue autour d'un véhicule aux formes séduisantes. Voilà tout. Conséquemment, il n'y a pas de grosses surprises à attendre sur le plan dynamique. Sans être sèche, la suspension est tout de même assez ferme, surtout sur la version Platine grimpée sur des pneus de 20 pouces. Pour retrouver un peu plus de moelleux et économiser à l'achat de «semelles d'hiver», mieux vaut préférer les autres livrées, toutes chaussées de «18 pouces».

Hormis un silence de roulement plus feutré, une boîte CVT qui se comporte pratiquement comme une transmission dite conventionnelle avec ses changements de rapports «artificiels», la dynamique de conduite est sensiblement la même, à l'exception notable de la tenue de route. La présence de barres antiroulis plus grasses à l'avant comme à l'arrière permet au Murano de virer non seulement plus plat, mais aussi plus précisément. La direction n'a toujours pas la sensibilité espérée pour décrypter l'état et le niveau d'adhérence de la chaussée, et qui plus est, elle est affectée d'un léger flou en position centrale.

Il est vrai que l'innovation technique n'est pas le point fort de cette Nissan. Mais le constructeur japonais a néanmoins conçu ici un véhicule séduisant, plus accessible financièrement et qui promet d'être fiable. Qu'est-ce que le consommateur demande de plus?

- Avec la participation de Benoît Charette, rédacteur en chef de L'annuel de l'automobile 2015

On aime

> Style accrocheur

> Volume du coffre amélioré

> Meilleure insonorisation

On aime moins

> Statu quo technique

> Suspension ferme (avec pneus 20 pouces)

> Visibilité arrière problématique

L'essentiel

> Version à l'essai : Platinum (Platine)

> Fourchette de prix : 29 998 $ à 43 498 $

> Frais de transport et de préparation: 1 750 $

> Garantie de base : 3 ans / 60 000 km

> Consommation réelle : 9,9 L / 100 km (constructeur-4RM)

> Pour en savoir plus : www.nissan.ca

Fiche technique

> Moteur : V6 DACT 3,5 litres

> Puissance : 260 ch à 6000 tr/min

> Couple : 240 lb-pi à 4400 tr/min

> Rapport poids-puissance : 7,07 kg/ch

> Poids : 1822 kg

> Mode : intégral

> Transmission : automatique à variation continue (CVT)

> Transmission optionnelle : aucune

> Direction / Diamètre de braquage (m) : Crémaillère / 11,8

> Freins av-arr : disque / disque

> Pneus (av-arr) : 235/55R20

> Capacité du réservoir : 72 litres

> Essence recommandée : Ordinaire

> Capacité de remorquage maximale : 680 kg