Il y a longtemps que j'ai arrêté de compter le nombre de blagues sur le Juke. Ce véhicule, toujours aussi inclassable depuis ses débuts en 2011, est un éternel sujet de railleries en raison autant de son nom que de son design qui semble tout droit sorti d'un atelier où il se consommait des substances hallucinogènes. Qu'à cela ne tienne, le multisegment existe toujours et se vend tout de même passablement bien. Visite guidée d'un des véhicules qui polarisent le plus les opinions.

Son design

Si le dessin du Juke était une chanson, il serait probablement l'une de ces compositions expérimentales des années 70. Il faut s'arrêter pour observer les nombreux détails qui composent sa carrosserie, tant ils sont nombreux. Il y a clairement de la matière, probablement trop, et c'est dans cette abondance caricaturale que le multisegment s'ancre. Pour 2015, Nissan a légèrement redessiné sa calandre et lui a donné des diodes pour ses phares de jour, tracés en boomerang. Que l'on aime ou pas, il faut saluer l'audace de Nissan.

À bord

L'originalité de l'enveloppe se transpose évidemment dans l'habitacle du Juke. Le rouge vif proposé pour draper la console centrale ou le contrôle de la ventilation, que l'on fait alterner d'un toucher de bouton avec ceux de la conduite, en témoigne. L'assemblage est correct, mais la qualité de certains plastiques est franchement ordinaire. À l'avant, on prend facilement place à bord et les sièges sont très confortables et enveloppants. L'absence de volant télescopique est à déplorer. À l'arrière, l'espace est limité et l'accessibilité est compromise par l'étroite ouverture de la porte.

Sous le capot

Le Juke dispose de son propre moteur, un quatre-cylindres de 1,6 L turbocompressé apprêté différemment selon la version choisie. La version SL mise à l'essai dispose de sa variante de 188 ch. Bien qu'il soit plein de bonne volonté, ce quatre-cylindres se comporte comme un moteur turbo d'ancienne génération. Bruyant, il ne livre pas la puissance de manière particulièrement linéaire. Cette faiblesse incombe en partie à la boîte CVT qui donne une désagréable sensation de glissement malgré le fait qu'elle simule des changements de rapport.

Derrière le volant

Comme son design expressif l'annonce, ce Juke l'est tout autant derrière le volant. Le petit multisegment nous convie à une expérience de conduite dynamique. L'aplomb de sa tenue de route est indéniable, une caractéristique appuyée par son excellente direction, précise et rapide. La fermeté de ses suspensions n'est pas un irritant réel, mais il ne faut pas s'attendre à être traité comme un passager d'une Toyota Avalon. La transmission intégrale fait un boulot acceptable dans la neige, à condition de bien sélectionner le mode AWD (et non AWD-V).

Les technologies embarquées

La version SL s'avance équipée d'un système d'infodivertissement tout à fait conventionnel se déployant sur un écran tactile de 5,8 pouces. L'interface date un peu dans sa présentation, mais sa simplicité est salutaire. La sonorité fournie par Rockford Fostgate est à la hauteur de la réputation du fabricant, soit passablement ordinaire. Outre ces éléments, le Juke SL est proposé avec un système de caméra permettant une vision sur presque 360 degrés, un équipement que l'on apprécie en raison de la visibilité arrière et latérale problématique.

Verdict

Qu'importe l'image que l'on se fait de la création, le Juke est un véhicule nécessaire ne serait-ce que pour son côté complètement déjanté dans une industrie qui s'uniformise de plus en plus. Pour ce qui est du bilan de ses qualités intrinsèques, c'est un peu plus mitigé. Sa motorisation mériterait clairement une dose de raffinement. L'espace intérieur arrière ainsi que l'aire de chargement, très petits, en font une option pas particulièrement intéressante pour les jeunes familles. On peut cependant s'amuser à son volant sans trop craindre les pépins mécaniques.

Observations

> Malgré ses allures d'utilitaire, le Juke n'a pas un physique très imposant, il est plus court que la Nissan Versa Note de 3 cm.

> La lunette arrière inclinée peut donner un coup d'oeil intéressant de profil, mais ampute beaucoup sur l'aire de chargement qui n'est que de 297 L, soit 100 L de moins que celui de la petite Nissan Micra.

> Le ligne de toit qui fait un angle obtus en avant, est un inspiration directe de la 370Z, la sportive à propulsion de la gamme Nissan.

> La transmission intégrale du Juke peut être complètement désactivée au moyen d'un bouton pour que le moteur n'entraîne que les roues avant. Des deux modes 4RM, celui AWD est apparu plus adapté aux conditions enneigée que le AWD-V.

> Comme quelques véhicules sous-compacts, le Juke n'a pas réussi le test de collision frontale partielle de l'IIHS. Nissan devra donc retourner à la planche à dessin pour corriger le tir.