Cette petite berline résulte d'une collaboration ponctuelle et plutôt originale entre deux groupes indépendants - Toyota et Mazda - , restés à l'écart des grandes recompositions industrielles. Pour chacun des protagonistes, il était exclu de se lancer seul dans la réalisation d'une petite auto, trop difficile à rentabiliser à sa propre échelle. Ils se sont donc entendus pour concevoir trois modèles différents à partir de la même voiture.

Aux États-Unis, elle se nomme Scion iA. Pour compliquer les choses, au Canada, elle fait carrière sous une autre appellation: Toyota Yaris berline. Il importe de préciser ici le mot «berline», puisque cette Yaris n'a absolument rien à voir avec le modèle homonyme vêtu d'une carrosserie à hayon et, qui plus est, prend naissance en France.

La berline prend formes et couleurs de ce côté dans les nouvelles installations mexicaines de Mazda... Une première collaboration entre les deux constructeurs nippons. Et cela s'explique. Depuis longtemps déjà, les constructeurs estiment que les petites voitures «bon marché» sont devenues trop chères à construire. À cause des normes de sécurité qui alourdissent, allongent et renchérissent les automobiles et des exigences du public en matière d'habitabilité et de confort. Quoi de mieux que de partager le développement d'une nouvelle auto, surtout si celle-ci s'inscrit dans une catégorie réputée pour dégager de très faibles marges bénéficiaires?

Présentée à la presse avant sa jumelle, la Yaris berline doit sans doute ce privilège au report de la commercialisation de la Mazda 2, que tout le monde attendait le printemps dernier. Toyota propose donc la première le fruit de cette collaboration et invite depuis peu les consommateurs à la découvrir dans les salles d'exposition de ses concessionnaires.

Le moteur, la transmission, les éléments suspenseurs et le rouage d'entraînement proposés par la Yaris berline proviennent du rayon des pièces de Mazda. À l'occasion du lancement de presse de ce véhicule, la direction canadienne de Toyota avait du mal à préciser quel apport ses ingénieurs avaient eu dans l'élaboration de ce nouveau véhicule. Sans doute aucun.

Alors, elles sont pareilles? À plusieurs égards, oui. Les différences s'observent surtout du côté des accessoires, de la nomenclature de la gamme. En fait, à l'exception du hiéroglyphe de la marque estampillé sur le moyeu du volant ou de la calandre, tout laisse croire qu'il s'agit d'une Mazda. Toyota n'a pas l'air de s'en plaindre.

La présentation intérieure est d'une originalité certaine, surtout le tableau de bord. Jauges et compteurs se disputent une place autour du monocle central - difficile à consulter sous le soleil -, et les commandes regroupées dans l'environnement du conducteur s'avèrent en outre assez intuitives.

À l'arrière, les portières sont étroites, mais cela ne pose pas de problème pour accéder à la banquette. Première constatation: il y a de l'espace pour inviter deux personnes. Le dégagement pour la tête est suffisant, les genoux ne caressent pas l'arrière des baquets avant, sous lesquels nos orteils peuvent se détendre. La banquette se rabat, en tout ou en partie, appuie-tête compris, pour former un plancher de chargement relativement plat.

Pour se démarquer, la Yaris berline mise sur une nomenclature simple - deux déclinaisons - plutôt fournie en accessoires, mais chère. En fait, il est moins cher de se procurer une Corolla de base - plus spacieuse, mais moins bien équipée, il est vrai - que cette sous-compacte.

Les savonnettes

Sous le couvercle de plastique noir qui masque la culasse se cache le moteur 1,5 litre de Mazda. Alimentée par un système d'injection directe et dotée d'une distribution à calage variable des soupapes, cette mécanique comporte un taux de compression élevé (12:1), l'une des signatures de la technologie SkyActiv. Produisant 106 chevaux et 103 livres-pied de couple, cette motorisation affiche des prestations honnêtes sur le plan des accélérations et des relances.

En clair, le châssis n'a aucun mal à contenir la modeste cavalerie du moteur. Plutôt discret, la singularité de ce moteur de 1,5 litre repose surtout sur sa faible consommation, surtout lorsqu'il s'arrime à la boîte automatique. Pour l'agrément, on lui préfère néanmoins la boîte manuelle, plutôt agréable et qui permet de tirer toute la quintessence de cette petite cylindrée.

La modeste - et peu adhésive - monte pneumatique de la Yaris berline pénalise sans doute les qualités dynamiques de son châssis. Elle contribue assurément à allonger les distances d'arrêt - notamment sur une surface mouillée - , à accentuer la nature sous-vireuse de cette auto et à diluer le ressenti transmis par la direction, autrement brillante sur le plan de la précision. De véritables savonnettes, quoi!

En contrepartie, de bonnes notes vont à l'insonorisation de cette auto qui, contrairement à un certain nombre de ses rivales, filtre bien les bruits extérieurs. De cette première prise en main, on retient également une certaine fermeté des éléments suspenseurs au passage des irrégularités de la chaussée, mais pas au point de troubler la quiétude des occupants qui se trouvent assis à l'avant, du moins.

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On aime

• Confort acoustique

• Consommation raisonnable

• Présentation intérieure valorisante

On aime moins

• Pneus savonnettes

• Freinage

• Performances timides (avec transmission automatique)

L'essentiel

Marque/Modèle: Toyota Yaris

Fourchette de prix: 16 995 $ à 18 200 $

Coût de transport et de préparation: 1560 $

Garantie de base: 3 ans/60 000 km

Consommation réelle: 6,9 L/100 km

Pour en savoir plus: toyota.ca

Moteur (essence): L4 DACT 1,5 litre

Puissance: 106 ch à 6000 tr/min

Couple: 103 lb-pi à 4000 tr/min

Poids: 1082 kg

Rapport poids-puissance: 10,2 kg/ch

Mode: Traction

Transmission de série: Manuelle 6 rapports

Transmission optionnelle: Automatique 6 rapports

Direction/Diamètre de braquage (m): Crémaillère/11

Freins (av-arr): Disque/Disque

Pneus (av-arr): 185/60R16

Capacité du réservoir/Essence recommandée: 44 litres/Ordinaire