Elle n'est pas du genre à prendre la pose. La Jetta, berline allemande - assemblée au Mexique - la plus vendue sur notre territoire et dont la septième génération vient d'apparaître, se présente sans fard comme une voiture sérieuse. À la clé, un message sans fioritures, qui force l'empathie: en donner davantage pour moins cher. Pour simplifier, la nouvelle Jetta est une Volkswagen Golf redessinée, rallongée et, à certains égards, plus branchée. Est-ce suffisant?

Tout le monde ne se laisse pas porter par la vague des utilitaires. Pour preuve, le tiers des consommateurs canadiens achètent encore des autos... Pas question de les laisser tomber, surtout au profit de la concurrence. D'autant plus que ces autos assurent encore une part essentielle des immatriculations. Reste que, pour le constructeur qu'est Volkswagen, ces autos ne suffisent plus à soutenir une stratégie de développement. D'ailleurs, la réussite actuelle du constructeur allemand en Amérique repose largement sur ses utilitaires Atlas et Tiguan. La Jetta et plus encore la Passat reflètent une approche beaucoup plus traditionnelle de l'automobile et ne battent pas des records de vente, tandis que la Golf occupe une position intermédiaire.

Convalescence accélérée? 

Volkswagen, qui se remet plutôt bien du scandale entourant le moteur diesel (ventes en hausse de 35,2% au premier trimestre de 2018 par rapport à la période correspondante l'an dernier), renouvelle la Jetta pour la septième fois en 40 ans. Celle-ci doit à la fois rassurer les acheteurs et attirer l'attention sur un marché automobile très difficile où apparaîtront d'ici quelques mois les nouvelles Toyota Corolla et Mazda3. Pour ce faire, VW présente cette septième génération comme une auto sur laquelle on peut compter.

Si la critique n'a pas toujours été tendre face à l'américanisation de la précédente Jetta, celle-ci a parfaitement rempli sa mission. Le public a répondu présent, mais pas très longtemps.

Plus moderne dans sa conception - son châssis est désormais le même que celui des plus récents produits VW - et son allure qui propose une découpe plus plongeante du pavillon, la Jetta a grandi. Elle a été rallongée de 3,5 cm au niveau de l'empattement, et toutes les dimensions extérieures ont également été revues légèrement à la hausse. Dès lors, la Jetta revendique l'une des meilleures habitabilités du segment, peu importe la position occupée à bord. Le coffre n'a rien perdu de sa profondeur abyssale et demeure l'un des points forts de ce modèle dont le style impersonnel a traditionnellement le mérite de bien vieillir.

La présentation intérieure s'inscrit, elle aussi, dans un registre des plus traditionnels, ce qui ne l'empêche pas d'offrir des matériaux de bien meilleure facture que la génération précédente. Là encore, l'ambiance n'est pas à l'allégresse, malgré de louables efforts dans le choix des coloris.

Les ornements de piano noir et le jeu de lumière (10 teintes pour colorer l'ambiance à bord) viennent donner une petite touche de richesse à l'habitacle qui, sans surprise, s'inspire fortement des autres produits de l'univers Volkswagen.

Les sièges, plutôt fermes, s'apprécient au fil des kilomètres, et la position de conduite est tout simplement parfaite. À l'exception de quelques plastiques durs, la finition est irréprochable, les rangements sont nombreux, et l'ergonomie est sans faute.

Au Canada, trois déclinaisons (CL, HL, EL) de la Jetta composent le catalogue de la gamme. Une version GLi est en cours de préparation, et celle-ci sera vraisemblablement dévoilée dans le cadre du Salon de Los Angeles qui se déroulera à l'automne.

Contrairement au marché américain où nous en avons fait l'essai, la R-Line (nos photos et notre vidéo) représente un ensemble d'options (1700 $ et uniquement offerte avec le modèle HL) et non une variante distincte. Et puisque nous sommes à établir les différences entre notre Jetta et celle de nos voisins du Sud, mentionnons que toutes les déclinaisons proposées sur notre territoire bénéficient, de série, d'une boîte manuelle à six rapports. Cette dernière, sur le marché américain, se retrouve uniquement sur le modèle d'entrée de gamme.

Contrairement à bon nombre de ses concurrents, la direction de Volkswagen prétend que les consommateurs savent calculer. En effet, VW fixe le prix d'entrée de la Jetta à plus de 20 000 $ alors que plusieurs de ses rivales prétendent offrir un modèle de taille comparable - mais rarement offert chez les concessionnaires et moins équipé - pour près de 4000 $ en moins.

Des trois déclinaisons offertes, la HL (à partir de 24 095 $) apparaît comme la plus homogène puisqu'elle permet d'avoir accès à certains éléments de sécurité comme les capteurs d'angles morts ou le système de détection de changements de voie.

Pourquoi tout compliquer? 

L'architecture MQB sur laquelle reposent pratiquement tous les produits VW permet à la Jetta d'accéder à la modernité. Finement mise au point, éprouvée et fiable, cette plateforme se révèle à la fois plus rigide, plus légère et plus performante que celle (faussement baptisée NCS pour New Compact Sedan) sur laquelle se déhanchait la génération précédente.

La première impression qui se dégage au volant de la nouvelle Jetta est sans contredit son confort acoustique. Il s'agit sans doute de la compacte la plus silencieuse du marché.

Les réglages de la suspension - ni trop fermes ni trop souples - ne soulèvent aucune critique non plus, tant ceux-ci gomment efficacement les imperfections de la chaussée. Ils permettent aussi d'aborder les virages en toute neutralité, sans sous-virage chronique.

Il s'agit là d'une amélioration notable par rapport à l'ancienne Jetta qui trépignait davantage sur les mauvais revêtements.

Sur la version haut de gamme (EL), il est possible de paramétrer certains éléments comme la direction ou encore l'algorithme des rapports. Une proposition intéressante dans la mesure où elle permet de raffermir une direction parfois trop légère et plutôt inerte au point central.

Intégré à une automobile un brin plus légère, le moteur de 1,4 L suralimenté - reconduit du modèle précédent - réalise des performances plutôt convaincantes à la pompe avec une consommation moyenne de moins de 7 L/100 km. En dépit de l'absence de temps de réponse en conduite normale et d'une boîte automatique à huit rapports - hélas dépourvue de palettes au volant - douce et bien étagée, cette mécanique turbocompressée n'a rien d'un réacteur de fusée. Il faut compter près de 9 secondes pour atteindre les 100 km/h à la suite d'un départ arrêté, et les reprises sont correctes, sans plus. La boîte manuelle donne l'illusion de faire mieux, mais il n'en est rien et, contre toute attente, elle promet une économie d'essence comparable, sauf en ville.

Alors que les constructeurs ne parlent plus que de voitures «émotionnelles» - ce qui leur permet de les vendre plus cher -, sans doute faut-il reconnaître à Volkswagen le mérite de rappeler qu'avec cette Jetta, pour beaucoup d'acheteurs, le choix d'un véhicule requiert de la pondération, de l'efficacité et la tranquillité d'esprit avec des intervalles d'entretien (15 000 km) plus espacés et moins coûteux.

Les frais de transport liés à ce reportage ont été payés par Volkswagen Canada.

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La fiche technique

L'ESSENTIEL

Marque/modèle: Volkswagen Jetta

Fourchette de prix: de 20 995 $ à 29 095 $

Frais de transport et de préparation: 1645 $

Garantie de base: 48 mois/80 000 km

Consommation réelle: 6,9 L/100 km

Chez les concessionnaires: ces jours-ci

Concurrentes: Chevrolet Cruze, Honda Civic, Toyota Corolla

Pour en savoir plus: vw.ca



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TECHNIQUE


Moteur: L4 DACT 1,4 L turbo

Puissance: 147 ch à 5000 tr/min

Couple: 184 lb-pi entre 1500 et 3500 tr/min

Poids: n.d.

Rapport poids/puissance: n.d.

Mode: traction

Transmission de série: manuelle 6 rapports

Transmission optionnelle: automatique 8 rapports

Diamètre de braquage: 11,1 m

Freins (av.-arr.): disque-disque

Pneus (av.-arr.): 205/60R16

Capacité du réservoir: 50 L

Essence recommandée: ordinaire

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ON AIME

Confort acoustique

Économie de carburant

Coffre géant

ON AIME MOINS

Prix moins attrayants en apparence

Direction trop légère

Absence de palettes au volant (automatique)