La Suzuki GSX-R1000 propose une série d'améliorations en 2012, mais celles-ci n'incluent pas encore d'aide électronique au pilotage. Manque technique ou préservation du pilotage pur?

Dans l'arène du créneau sportif, la multiplication des avancées technologiques représente l'arme absolue.

Au point où prendre le moindre retard dans le domaine cause immanquablement le désintéressement d'une clientèle dont l'appétit est sans limite pour les chiffres et les caractéristiques. Il y avait maintenant quelques années que la populaire GSX-R1000 n'avait pas été revue et la nouvelle génération n'était pas encore tout à fait prête. Suzuki a donc cru bon de présenter une version peaufinée du modèle en 2012.

La liste des améliorations inclut des pistons allégés permettant au 4-cylindres de prendre ses tours un peu plus vite, une consommation d'essence légèrement réduite, un système d'échappement à un seul silencieux plutôt que deux, un frein avant équipé d'excellents étriers Brembo Monobloc et, enfin, une fourche de type Big Piston, le dernier cri en la matière.

Toutefois, ce que l'on ne trouve pas dans la série de modifications dont bénéficie la Suzuki GSX-R1000 en 2012, ce sont les gadgets électroniques à la mode, notamment le freinage antibloquant assisté par ordinateur et l'antipatinage. Même la puissance n'a pas été augmentée. Bref, en ces temps de sportives de plus en plus bardées d'aides électroniques au pilotage, la GSX-R1000 propose au contraire une formule «vieille école» où toutes les facettes de la conduite demeurent sous la responsabilité entière et unique du pilote.

Aux yeux des amateurs typiques de sportives, cette réalité confine la Suzuki au rang de monture dépassée, et ce, sans même qu'ils n'aient eu besoin de la piloter pour en décider. Or, même si, techniquement, ils n'ont pas tort, quelque chose cloche avec cette conclusion. Car, même après des douzaines et des douzaines de tours aux commandes de la moto sur la piste du Homestead-Miami Speedway, où la présentation à la presse de la GSX-R1000 s'est tenue, jamais je n'ai souffert de l'absence de ces aides. Et j'ai pourtant poussé le rythme assez fort, sans parler des nombreux «wheelies» monstres que je me suis payés ici et là sur les lignes droites du circuit floridien. Avec plus de 180 chevaux «sous le capot», c'était si facile...

Est-il justifié de qualifier de dépassée une telle machine, compte tenu que seule une infime minorité des propriétaires l'amèneront en piste et l'exploiteront de cette façon?

Oui et non. Oui, parce qu'il existe sur le marché de plus en plus de modèles à la fois plus puissants et plus avancés d'un point de vue technologique, ce qui, par définition, place la GSX-R1000 en retrait. Et non, parce qu'affirmer une telle chose est l'équivalent de considérer une voiture de Formule 1 comme dépassée parce qu'une nouvelle version roule encore plus vite. L'ancienne version reste quand même une Formule 1, non?

Le mérite au pilote

J'avoue franchement qu'il s'agit là d'une préférence toute personnelle, mais j'ai bien aimé le fait que le pilotage de la GSX-R1000 soit encore une affaire strictement humaine et que l'électronique n'ait rien à voir avec le verdict du chronomètre. Si tour rapide il y a, c'est au pilote que revient le mérite, et pas à un quelconque système lui ayant techniquement permis de ne pas perdre le contrôle. Après avoir piloté plusieurs modèles munis de dispositifs qui empêchent, très efficacement, d'ailleurs, la roue avant de se soulever et la roue arrière de patiner, il y avait même quelque chose de rafraîchissant à retrouver le contrôle entier d'une sportive.

Comprenons-nous bien: les aides au pilotage que sont l'ABS et le contrôle de traction sont aussi remarquables en termes d'efficacité et de sécurité qu'impresionnantes en tant que prouesses techniques. Pour ces raisons, l'ajout généralisé de ces aides techniques, non seulement sur les sportives de pointe, mais aussi, éventuellement, sur beaucoup d'autres types de motos est inévitable. D'ailleurs, la prochaine génération de la GSX-R1000 sera presque assurément munie de ces systèmes.

D'ici à ce que cela se concrétise, personne ne me fera dire qu'arriver à maîtriser une brute de cette espèce sans la moindre aide technique n'est pas extrêmement gratifiant.

L'ère de l'assistance et de la surveillance électronique n'en est qu'à ses débuts dans la moto, ce qui signifie aussi que celle du pilotage pur tire à sa fin. Or, c'est justement grâce à ses «manques» que la GSX-R1000 m'a permis de savourer celle-ci encore une fois. Probablement l'une des dernières...

Les frais de déplacement pour ce reportage ont été payés par Suzuki.

Photo fournie par Suzuki

Le pilotage de la GSX-R1000 est encore une affaire strictement humaine et l'électronique n'ait rien à voir avec le verdict du chronomètre.

FICHE TECHNIQUE

Suzuki GSX-R1000

Prix: 14 999$

Moteur: 4-cylindres en ligne de 999 cc refroidi par liquide

Transmission: 6 rapports, entraînement final par chaîne

Frein avant: 2 disques avec étriers à 4 pistons

Frein arrière: 1 disque avec étrier à 1 piston

Pneu avant: 120/70-17

Pneu arrière: 190/50-17

Photo fournie par Suzuki