Jeudi dernier, on soulignait le 35e anniversaire de la mort d'Elvis. Vous êtes fou du King et vous faites de la moto? Il ne vous reste qu'une chose à faire: célébrer sa mémoire en roulant jusqu'à Memphis.

La passion d'Elvis pour les motos n'était pas un secret. C'est pourquoi décider d'enfourcher sa deux roues pour aller rendre hommage au King à Memphis transforme l'expérience en un véritable pèlerinage. Pour tout motocycliste, les cinq jours de route qui mènent à Graceland se traduisent par une succession de chemins tout simplement majestueux.

On tend le passeport au douanier à l'entrée de la US 81. Direction sud, cette autoroute est l'une des plus belles de l'est des États-Unis. Large, montagneuse et animée par de longues courbes, les conducteurs adorent cette route qui conduit à un véritable paradis de la moto: le Blue Ridge Parkway.

Trônant au sommet des Blue Ridge Mountains, le Parkway est une interminable suite de zigzags qui s'étire sur 755 km. En parfaite condition, il est ponctué d'innombrables belvédères, de tunnels creusés à même le roc et d'impressionnants ponts. La route relie le Shenandoah National Park de la Virginie aux Great Smoky Mountains de la Caroline-du-Nord.

La queue du dragon

Un court segment de la US 129 fait ensuite traverser les voyageurs des États de la Caroline-du-Nord au Tennessee. Son surnom: la Tail of the Dragon, pour ses 318 courbes comprimées en un bout de route qui ne fait que 18 km. Ici, le virage en épingle est roi et le frein, le meilleur ami de l'homme.

Au-delà du plaisir à tourner la poignée des gaz dans ce mythique corridor, la prudence est le mot d'ordre. À l'entrée de la Tail, le Tree of Shame (arbre de la honte) le confirme. Tristement décoré à partir de morceaux de motos accidentées sur le circuit, l'arbre est un dur rappel des dangers de cette route.

À quelques kilomètres de là se trouve l'immense Smoky Mountain Harley-Davidson de Maryville. Dans un long périple comme celui-là, c'est ici qu'un entretien mécanique se fait, si nécessaire. Endroit particulièrement animé les week-ends avec sa gigantesque terrasse, une scène de spectacle, un restaurant et plusieurs bars, les hôtels des environs offrent même des rabais aux motocyclistes qui se rendent au concessionnaire pour y faire la fête.

Beale Street, un Studio et le King

Memphis étant le point culminant du voyage, il faut lui accorder au moins trois jours, dont un à Graceland. Parce qu'au-delà de la maison d'Elvis, il y a plusieurs expositions proposées juste en face du domaine, dont celle de sa collection farfelue de petits véhicules motorisés.

Sun Studio mérite aussi un arrêt. La courte visite replonge les visiteurs dans les racines du rock and roll. Les guides sont de véritables passionnés de musique et sur le plancher du studio, le X de ruban noir indique l'endroit exact où Presley a enregistré sa première chanson.

Finalement, un après-midi au soleil, une soirée et une nuit sont nécessaires pour voir tout de ce que Beale Street a à offrir. Dès midi, jusqu'à très tard dans la nuit, le son des guitares anime cette mythique artère de Memphis. Boire une Big Ass Beer, applaudir les amuseurs publics ou jouer aux échecs avec des vieillards qui en profiteront pour raconter l'histoire de la ville à leur façon, ce sont là des façons mémorables d'apprécier la rue piétonne.

Le retour

Si Graceland ne vous a pas suffisamment connecté avec le King et son histoire, quitter Memphis par le sud en direction de Tupelo, au Mississippi, est la voie à suivre. Deux heures de route sur la US 78 mènent directement à la maison où il est né, en 1935.

Ensuite, poursuivre sa route vers l'est conduit à Birmingham, au beau milieu de l'Alabama. Puis après avoir traversé Atlanta, l'autoroute 20 est le moyen le plus rapide pour rejoindre la 95 vers le Canada.

Histoire d'amoindrir la nostalgie du retour, pourquoi ne pas ajouter à son voyage deux jours à Virginia Beach. De là, on peut emprunter le majestueux pont-tunnel de Chesapeake Bay, long de 32 kilomètres, puis remonter par le Delaware.

En rentrant ensuite au Canada par la US 87, il faut prévoir une journée au parc des sculptures Storm King Art Center, grand de 500 acres, avant d'atteindre les montagnes des Adirondack, dont le paysage vient clore ce périple en beauté.

Manger... local!

Jusqu'au Tennessee, on croise des Sheetz dans presque chaque ville. Immense poste de ravitaillement de 20, voire 30 pompes à essence, c'est également un endroit prisé pour bien manger. Les pauses étant fréquentes, mais brèves en moto, grignoter sur le pouce est la meilleure option. Les États du Tennessee et du Mississippi sont aussi des paradis incontestés du combo côtes levées-salade de patate. Il faut garder l'oeil ouvert, car les routes secondaires débordent de petits kiosques où l'on mange pour quelques dollars.

Quand partir?

Puisque ce circuit traverse de grandes villes et inclut des attraits forts prisés par les touristes, il est préférable de le faire en mai, juin ou septembre. Le temps est agréable, et la circulation plus fluide. Voyager hors-saison permet aussi d'économiser sur les frais d'hébergement. Bien entendu, certains cowboys souhaiteront faire cette sinueuse boucle de 6000 km en solo. Par contre, l'isolement et le caractère austère et hasardeux de certains passages devront être pris en compte lors de la planification.

Photo : Charles-Édouard Carrier, collaboration spéciale

À l'entrée de la Tail of the Dragon, le Tree of Shame est tristement décoré à partir de morceaux de motos accidentées sur le circuit, un dur rappel des dangers de cette route.