Triumph est retourné à la planche à dessin pour ressusciter sa Trophy. La voici, après de longues années de labeur...

La croyance populaire veut que les motos les plus complexes à construire soient les sportives pures, celles-ci devant sans cesse repousser les limites de la performance. La réalité, toutefois, c'est que les modèles de la classe sport-tourisme sont considérablement plus laborieux à développer. Il a d'ailleurs fallu six longues années à Triumph pour accoucher de cette toute nouvelle génération de la Trophy, soit le double du temps de développement moyen chez les motos.

L'énergie déployée par la marque britannique pour produire la Trophy 2013 n'a pas été vaine. La nouveauté ajoute même une option fort intéressante à cette classe où l'on ne compte qu'une poignée de modèles. D'ailleurs, si l'on fait exception des Honda ST1300 et Yamaha FJR1300 en raison de leur âge avancé, la catégorie ne compte que deux options provenant de BMW, les très différentes R1200RT et K1600GT, ainsi que la Kawasaki Concours 14. Au sein de cette classe, la Triumph tente un peu de plaire à tout le monde en reprenant les éléments les plus prisés de ses rivales.

Son allure sobre, sérieuse et sans artifice rappelle celle de la BMW R1200RT. Par sa vivacité, son tricylindre en ligne rivalise, en termes de sensations offertes, avec le Twin Boxer de la RT, le six-cylindres en ligne de la GT ou même le V4 de la Honda. Son impressionnant niveau d'équipement n'est surpassé que par celui de la K1600GT, qui est par contre plus chère. Et ses 132 chevaux la placent dans la bonne moyenne de la classe en termes de performances. Clairement, l'intention de Triumph n'était pas de réinventer la moto de tourisme sportif, mais plutôt d'avoir une place dans la catégorie avec prudence.

Question d'équilibre

Sur les routes étroites et tortueuses où la marque de Hinckley a présenté sa nouveauté à la presse mondiale, cette prudence n'a pas empêché la Trophy de ne pratiquement commettre aucune faute et de très bien se tirer d'affaire à tous les niveaux.

Grâce à une très bonne selle, à une position équilibrée et à un écoulement remarquablement soigné du vent autour du pilote, elle offre un excellent niveau de confort sur un long trajet.

En matière d'équipements, elle propose une quantité aussi impressionnante que bien intégrée allant de l'obligatoire pare-brise à ajustement électrique jusqu'à l'ABS et à l'antipatinage, en passant par le système audio avec fonction Bluetooth et intégration iPod. Sans oublier les poignées et les selles chauffantes, l'ordinateur de bord, la suspension à ajustement électronique, le contrôle de vitesse, l'entraînement final par cardan et, bien entendu, les volumineuses valises rigides latérales.

La Trophy marque également des points grâce à la mécanique qui l'anime, un gros tricylindre de 1215cc suffisamment puissant, coupleux et caractériel pour pleinement satisfaire un pilote exigeant, et ce, même si ce moteur gagnerait à être un peu plus communicatif.

La nouveauté se démarque aussi grâce à une partie cycle solide, précise et admirablement légère de direction dont les limites sont tellement élevées qu'elles deviennent difficiles à cerner sur la route.

Mais c'est surtout en faisant bénéficier son pilote de toutes ces qualités d'une façon parfaitement intégrée et sans jamais que l'on ne sente que le sport a empiété sur le territoire du confort, ou vice-versa, que la Trophy séduit.

 

Photo fournie par Triumph

Bémols

Par définition, la prudence dont Triumph a fait preuve pour réaliser la nouvelle Trophy prive cette dernière de caractéristiques révolutionnaires, ce qui est un peu dommage compte tenu du fait que la marque disposait d'une feuille de papier bien blanche pour réaliser le projet.

La moto aurait pu, par exemple, être nettement plus légère plutôt que d'offrir une masse normale, donc considérable. Masse qui semble néanmoins disparaître dans toutes les situations sauf à très basse vitesse.

Elle aurait aussi pu être beaucoup moins timide d'un point de vue sensoriel. Une Triumph animée par un tricylindre ne devrait-elle pas toujours représenter une combinaison musicale? Pour le moment, on entend le trois-cylindres, mais seulement en conduite agressive, à haut régime.

La marque de Hinckley a choisi de tout faire pour séduire les motocyclistes conservateurs et connaisseurs qui achètent ces motos, mais sans jamais risquer de bousculer leur perception d'une sport-tourisme.

Bien qu'il semble légèrement aseptisé pour une Triumph, le résultat reste impressionnant. Après tout, la petite marque britannique a bel et bien réussi à offrir une touriste sportive parfaitement capable de rivaliser avec les meilleures machines de cette exclusive et complexe catégorie.

Les frais de transport et d'hébergement ont été payés par Triumph.

Bertrand Gahel est l'auteur du Guide de la Moto.

 

Photo fournie par Triumph

Bien qu'elle semble légèrement aseptisée pour une Triumph, la Trophy reste impressionnante.

FICHE TECHNIQUE

Triumph Trophy

Prix: 19 999$

Garantie: 2 ans/kilométrage illimité

Moteur: tricylindre parallèle de 1215 cc refroidi par liquide

Transmission: à 6 rapports, entraînement final par cardan

Poids: 301 kg

Frein avant: 2 disques avec étriers à 2 pistons

Frein arrière: 1 disque avec étrier à 2 pistons

Pneu avant: 120/70-17

Pneu arrière: 190/55-17

Photo fournie par Triumph