L'Italien Max Biaggi, surnommé l'«Empereur romain» en raison de son ego prononcé, a pris mercredi sa retraite sportive après avoir su faire rebondir une carrière longtemps contrariée en 500cc puis en MotoGP par son compatriote Valentino Rossi.

«Je prends ma retraite en champion, au sommet de ma carrière», a-t-il annoncé sur le circuit de Vallelunga, près de Rome, où il a fait ses premiers tours de roue remarqués sur une moto de course à l'âge de 17 ans alors qu'il se destinait à une carrière de footballeur.

Premier Italien champion du monde de Superbike en 2010 sur Aprilia, cet homme de petite taille au regard pénétrant a réédité ce succès cette année à 41 ans.

Ce sixième sacre, après 4 titres en 250 cc de 1994 à 1997, force le respect, car le pilote avait quitté par la petite porte les Championnats du monde de vitesse - où ne ne figure pas le Superbike - après s'être heurté, parfois même physiquement, à «Vale» Rossi, qui, contrairement à lui, a volé de succès en succès dans toutes les catégories (neuf titres en 125 cc, 250 cc, 500 cc et MotoGP).

Doté d'un pilotage facile, simple et coulé, «Mad Max», un autre de ses surnoms, avait confirmé tout son potentiel lors de son passage sur les fougueuses 500 cc deux temps en 1998.

Vainqueur d'entrée au Japon sur une Honda privée, il avait rejoint Geoff Duke (en 1950) et Jarno Saarinen (en 1973) dans le club extrêmement fermé des pilotes ayant gagné leur première course en 500 cc. Deuxième en fin d'année derrière l'Australien Mike Doohan, premier à remporter cinq titres consécutifs en 500 cc depuis le «Campionissimo» Giacomo Agostini, Biaggi obtint une Yamaha d'usine, marque qu'il représentera jusqu'à fin 2002.

Biaggi le dauphin

Mais à la même époque, Rossi, titré en 125 cc et 250 cc, faisait une apparition remarquée dans la catégorie reine en 2000.

Deuxième derrière l'Américain Kenny Roberts Junior et devant... Biaggi, Rossi remportait le titre les deux années suivantes, en 2001 et 2002, toujours devant le Romain, 2e à chaque fois.

Possédant des caractères nettement opposés - Biaggi peu disert et Rossi très extraverti - les deux plus talentueux pilotes du plateau étaient considérés comme les meilleurs ennemis du monde.

Ce qu'ils allaient prouver sur la piste, comme lors du Grand Prix du Japon 2001, sur le dangereux circuit de Suzuka, où Biaggi donna un coup d'épaule à son rival à pleine vitesse dans la ligne droite des stands. Rossi répliqua par un doigt d'honneur à l'adresse du Romain.

Ces comportements leur valurent une réprimande de la direction de course. Les autorités et leurs chefs d'écurie renouvelaient l'avertissement quelques mois plus tard en Catalogne après une altercation entre les deux hommes dans l'escalier qui menait au podium...

Encore troisième en 2003 et 2004 sur une Honda privée après avoir été licencié par Yamaha, Biaggi finit 5e en 2005 sur la Honda officielle qu'il réclamait à cors et à cris pour rivaliser avec Rossi.

Après une année blanche en 2006, un nouveau départ en Superbike en 2007 lui permit de reprendre la bonne trajectoire alors que celle de Rossi commençait à zigzaguer.

Marié à Eleonora, Miss Italie 2002 et père d'Ines et de Leon Alexandre, le «pirate» prodiguera dorénavant ses conseils à Aprilia qui l'a fait tant gagner.