MV Agusta Stradale 800 et Turismo Veloce 800: tourisme exotique

À moto, la forme que prend une machine apte au tourisme change au gré des philosophies des constructeurs. Pour Harley-Davidson, la grosse Electra Glide est irremplaçable tandis que chez BMW, l'efficacité de la K1600GTL est reine. Pour la petite, mais noble marque italienne MV Agusta, dont l'histoire déborde de championnats mondiaux, l'importance du sport est trop grande pour envisager une monture de tourisme lourde et massive. Alors, pourquoi ne pas déguiser une sportive en machine à kilomètres? Voilà ce que sont les nouvelles Stradale 800 et Turismo Veloce 800.

Tradition, identité et légende

Quand on construit des motos sous le thème de l'exotisme et qu'on appuie sa crédibilité sur des douzaines de championnats, dont plusieurs aux mains de légendes comme Giacomo Agostini, l'on se doit d'approcher le tourisme de manière appropriée. Ainsi, tant dans le cas de la Stradale 800 que dans celui de la Turismo Veloce 800, MV Agusta a choisi de transformer une base sportive jusqu'à la rendre apte à enfiler les kilomètres. D'ailleurs, si elles sont dévêtues, l'une et l'autre des italiennes affiche une partie cycle qui ressemblent à s'y méprendre à celle de la monture de circuit qu'est la F3800.

À la fois semblables et très différentes

Chacune compte un cadre mixte fait d'aluminium forgé et de treillis métallique et chacune est animée par un tricylindre en ligne de 798 cc. Cadre et moteur sont directement dérivés de ceux de la pure sportive F3800, tout comme les roues, les freins, le magnifique bras oscillant monobranche et même l'impressionnant arsenal d'aides électroniques au pilotage. Derrière ces similitudes se trouvent néanmoins des natures complètement différentes. Une rivale directe de la Ducati Hyperstrada, la Stradale se distingue par une position de conduite haute et avancée inspirée du monde du motocross, tandis que la Turismo Veloce se veut plutôt un genre de version allégée de la Ducati Multistrada 1200.

Le tourisme selon MV

Il faut s'entendre lorsqu'on parle de MV Agusta de tourisme. Dans le cas de la Stradale, on a plutôt affaire à du tourisme léger permis par une position un peu étrange, mais dégagée et qui ne taxe aucunement l'anatomie, par une bonne selle et par des suspensions souples à long débattement. La protection contre les éléments est par contre assez limitée. De son côté, la Turismo Veloce propose un ensemble beaucoup plus sérieusement adapté à la réalité des longs trajets. La position est tout aussi dégagée, mais nettement plus naturelle, la selle est excellente, les suspensions sont très souples et la protection offerte par le pare-brise ajustable est bien meilleure.

Plus ou moins équipées

Un peu plus urbaine que grande voyageuse, la Stradale est munie de valises latérales souples pratiques, mais de faible volume et sont dotées de fermetures éclair. La Turismo Veloce, par contre, peut être équipée d'une paire de valises rigides de 30 L chacune, ce qui est très généreux comme volume. Celles-ci se détachent pour révéler une magnifique partie arrière et ne laissent traîner aucun support derrière elles. De plus, la Turismo Veloce est munie d'une instrumentation comprenant un véritable système de communications avec, en option, connectivité Bluetooth et antenne GPS, des caractéristiques qui offrent au pilote et au passager une multitude de fonctions.

Machines à rouler

Sur la route, les deux MV ont en commun la solidité, la légèreté et l'étroitesse de leur partie cycle qui leur permettent d'atteindre confortablement un rythme clairement sportif sur une route sinueuse. Parce qu'elles sont des motos hautes munies d'un large guidon plat, elles ne se pilotent pas exactement comme une routière commune et demandent plutôt d'être maniées comme des motos de type aventure, voire hors-route dans le cas de la Stradale. Quant à leur tricylindre, il est réglé de manière à livrer plus de couple que sur la sportive F3, mais il reste performant et génère une délicieuse mélodie en pleine accélération.

Pas pour tout le monde

Ne serait-ce qu'en raison de leur facture assez élevée - la version Lusso mieux équipée de la Turismo Veloce 800 frôle les 23 000$ -, les MV Agusta de tourisme léger ne s'adressent pas du tout à la masse. Non seulement le constructeur italien en est conscient, mais c'est aussi exactement son intention, son but ultime étant de se positionner comme LA marque de prestige et de luxe. Les intéressés doivent être conscients du fait que le manufacturier est jeune et que le réseau de concessionnaire est restreint. Mais si leur plus grand désir est de posséder une monture rare, dessinée et construite de manière exotique ET confortable, les voilà servis.

Bertrand Gahel est l'auteur du Guide de la moto.

Les frais de transport et d'hébergement ont été payés par MV Agusta.