Honda, Kawasaki, Suzuki et Yamaha n'aiment décidément pas que les motocyclistes mettent toutes les marques japonaises dans le même panier. Avec sa toute nouvelle H2 de route et sa version H2R de compétition - qui produirait quelque 325 chevaux et filerait à plus de 350 km/h -, Kawasaki laisse poliment savoir qu'il souhaiterait dorénavant être reconnu pour la performance de ses motos.

Le bon vieux temps...

Il y eut un temps où les marques japonaises dominaient le monde de la moto, un temps où les amateurs portaient fièrement les couleurs de l'un ou l'autre des quatre grands. Mais cette époque est passée et cette fierté s'est effritée, au point où l'on parle désormais simplement de motos japonaises. Afin de briser cette perception, chaque constructeur nippon essaie aujourd'hui de faire renaître l'identité pour laquelle il était jadis connu. Or, dans le bon vieux temps, ce qui signifie la décennie 70 dans ce cas, Kawasaki avait l'habitude de présenter les machines les plus performantes. Notamment les terrifiantes H2.

Photo fournie par Kawasaki

Un contexte actuel bien différent

Les problèmes associés au désir de produire à nouveau les motos les plus rapides du marché sont multiples. D'abord, de nombreuses marques offrent maintenant des machines d'environ 200 chevaux, ce qui est immense. Ensuite, la plupart des grands constructeurs se sont entendus pour ne pas dépasser les 299 km/h, question de ne pas trop attirer l'attention... Enfin, les règlements des championnats mondiaux limitent la cylindrée et la complexité des mécaniques. Ces contraintes expliquent d'ailleurs pourquoi les performances maximales des meilleures sportives sont assez semblables.

Photo fournie par Kawasaki

La faille

La solution qu'a trouvée Kawasaki pour contourner ces obstacles, c'est de construire une moto qui ne serait pas légale sur la route (donc libérée de l'accord de 299 km/h) et qui ne serait pas admissible en compétition non plus (donc libérée des règles de course). Ayant le champ complètement libre, le constructeur, qui est un géant industriel aux nombreuses divisions, a réuni son artillerie lourde. Les divisions des turbines à gaz, aérospatiales et des «technologies corporatives» ont donc uni leurs efforts pour créer une machine «qui marquera notre temps». Le résultat, c'est la H2R suralimentée de 325 chevaux qui serait capable de plus de 350 km/h.

Photo fournie par Kawasaki

La version de route

Illégale sur route et en compétition, la H2R (55 000 $ et uniquement sur commande) a finalement peu d'occasions de démontrer ses capacités. Pour cette raison, une version routière a aussi été conçue, la H2 de 27 500 $. Presque identique mécaniquement et visuellement, la H2 est limitée à près de 200 chevaux et respecte l'entente des 299 km/h. C'est la seule des deux qui a pu être évaluée, et ce, strictement en piste. L'expérience fut très surprenante en ce sens qu'elle n'a pas du tout révélé une sportive conventionnelle.

Photo fournie par Kawasaki

Une moto d'un autre genre

La H2 (comme la H2R) est la première moto de production suralimentée. Son système de compresseur est très compact et léger, mais il alourdit quand même considérablement la moto. Étrangement, on ne l'entend pratiquement pas à pleine vitesse en selle. Par contre, la livrée de puissance est très particulière, puisqu'elle n'est pas énorme à bas et moyen régimes, mais croît de manière exponentielle à partir de 8000 tr/min, ce qui est très excitant en ligne droite, mais qui complique les sorties de courbes où le décrochage de l'arrière est constamment géré par le contrôle de traction.

Photo fournie par Kawasaki

Pour pilotes avertis

En plus de cette livrée de puissance peu amicale, la réponse très abrupte de l'accélérateur complique encore plus le pilotage de la H2, dont le poids élevé ne fait rien pour faciliter le maniement en piste. La première impression renvoyée par la Kawasaki dans l'environnement du circuit est donc celle d'une sportive capricieuse, peu coopérative et exténuante à piloter rapidement. Puis, à mesure qu'on enfile les tours, on constate que les choses s'améliorent un peu chaque fois qu'on s'adapte un peu. Jusqu'à ce qu'on saisisse que la H2 est intransigeante: elle exige d'être pilotée d'une manière particulière, avec une très grande précision et une finesse extrême. Ce n'est qu'à ces conditions qu'elle obéit et devient plaisante.

Photo fournie par Kawasaki

Une machine d'un autre type

La H2 n'est décidément pas une sportive commune. Ce qu'elle a à offrir est difficile, voire impossible à quantifier. Elle est très rapide, mais ses 200 chevaux ne représentent pas un chiffre extraordinaire aujourd'hui. En réalité, son attrait se décrit en deux temps. Le premier est une exclusivité due à son nombre limitée et à son histoire. Et l'autre, c'est la satisfaction d'avoir élevé le niveau de pilotage jusqu'à celui exigé pour bien fonctionner. Il n'existe rien d'autre de semblable.

Les frais de transport et d'hébergement ont été payés par Kawasaki.

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Photo fournie par Kawasaki

Fiche technique

> Marque : Kawasaki

> Modèle : H2/H2R

> Prix : 27 500/55 000 $

> Garantie : 1 an/kilométrage illimité

> Moteur : 4 cylindres en ligne de 998 cc refroidi par liquide

> Transmission : à 6 rapports, entraînement final par chaîne

> Poids (tous pleins faits) : 238/216 kg

> Frein avant : 2 disques avec étriers à 4 pistons et ABS

> Frein arrière : 1 disque avec étrier à 2 pistons et ABS

> Pneu avant : 120/70-17

> Pneu arrière : 200/55-17