Certains amateurs commençaient à maugréer sur les réseaux sociaux, mais tout vient à point à qui sait attendre! Le Guide de la moto 2015, la 21e édition, est enfin arrivé en magasin la semaine dernière.

«On s'est vraiment démenés, nous a expliqué l'auteur et collaborateur de La Presse Bertrand Gahel. Le livre a été publié trois semaines après notre dernier essai, celui de la Kawasaki H2. Une seule personne au Canada l'a essayée, et c'est moi. Nous étions sept journalistes, avec une seule moto fonctionnelle. C'est tout ce que Kawasaki a été en mesure de nous fournir.»

En fait, la moitié des essais des nombreuses nouveautés de 2015 a été réalisée après le début du mois de mars, ce qui explique la date de publication tardive. «Les constructeurs sont eux-mêmes débordés, a affirmé Bertrand. Ce qu'ils nous ont présenté dans les salons était des coquilles non fonctionnelles. Ils travaillaient encore au développement des motos.» Dans le meilleur des mondes, les constructeurs voudraient dévoiler leurs nouveautés à l'automne, dans l'espoir de faire la une des publications spécialisées au printemps, la saison de prédilection des acheteurs de motos. «Mais il y a eu trop de nouveautés cette année, ce qui a créé un effet d'entonnoir, a poursuivi l'auteur. Bon nombre de présentations ont été repoussées parce que l'agenda des journalistes était tout simplement trop chargé.»

Bertrand Gahel explique ce tir groupé par le fait que l'industrie a cherché à se réinventer après la crise économique de 2008, qui a été cruelle pour le monde de la moto. «Tout le monde a réagi de la même façon, nous a-t-il expliqué. Tout part du K.-O. de 2008 et du chaos qui a suivi. Les motos ne se vendaient plus, celles qui étaient populaires ne l'étaient plus. Les baby-boomers ne dictent plus la marche à suivre à l'industrie. Les constructeurs ont mis trois ans à comprendre, et trois autres années à créer les nouveautés. Les solutions arrivent donc pas mal en même temps.» Résultat, on voit apparaître une flopée de motos originales qui adoptent une plus petite cylindrée et qui se vendent bien souvent nettement sous les 10 000 $.



Par respect pour les lecteurs

C'est ainsi qu'avec une année si riche en nouveautés, Bertrand Gahel a choisi d'attendre avant de donner le feu vert à la sortie de son guide, comme il l'avait fait en 2013. «On suit l'industrie. Si elle est plus lente, on est à sa merci, a-t-il reconnu. Je pourrais prendre une décision commerciale et fixer une date de sortie au calendrier. Mais les gens qui lisent le guide connaissent trop bien la moto pour qu'on puisse publier quelque chose d'incomplet. Ils vont se faire avoir une fois, mais on ne les reverra plus.»

Bertrand Gahel se dit parfaitement conscient du fait que plus de 10 000 lecteurs déboursent près de 40 $, bon an mal an, pour acheter son livre, ce qui représente en soi une anomalie sur la planète moto. «Les Québécois sont des amateurs de bébelles à moteur, a soutenu l'expert. Le tiers des motos neuves au Canada se vend au Québec, qui est l'un des endroits en Amérique du Nord où il y a le plus de motos par personne. De plus, nous avons la culture du guide, ce qui permet à un livre comme le mien de survivre, ce qui serait impensable ailleurs dans le monde.»

________________________

Le Guide de la moto 2015, 460 pages, 39,95 $

Image fournie par les Guides motocyclistes