Malgré toute la désirabilité associée aux marques dites de prestige, et malgré le fait que celles-ci arrivent plus facilement à écouler des modèles à prix forts que les marques «normales», les BMW, Harley-Davidson et Ducati de ce monde ont toutes besoin de montures d'entrée de gamme abordables.

Chez Ducati, la nouvelle Scrambler est le tout dernier modèle à jouer ce rôle. Offerte à partir de 9395$, elle affiche la facture la moins élevée du catalogue italien, mais aussi la plus faible puissance. Aubaine ou attrape?

Pas cher, mais encore...

Qu'un modèle soit offert à un prix intéressant est une chose, mais qu'il vaille vraiment la peine d'être envisagé en est une autre. Ducati a longtemps proposé des machines abordables, mais dont la qualité et l'agrément de pilotage n'étaient pas à la hauteur de ceux des modèles plus chers. La marque italienne semble toutefois s'être débarrassée de cette mauvaise manie. La Scrambler en est peut-être le plus bel exemple, car contrairement aux Monster 821 et 899 Panigale «d'entrée de gamme» dont la facture reste quand même assez élevée (12 000$ et 16 000$), la petite Scrambler est accessible à presque toutes les bourses, puisque la moins chère des quatre versions est proposée à 9395$.

Une scrambler appelée Scrambler

L'origine du nom scrambler provient de la scène moto des années 50 et 60. Il décrivait à l'époque des machines passe-partout souvent considérées comme les ancêtres de la classe hors route. Il s'agissait de routières plus légères et agiles que puissantes pouvant occasionnellement s'aventurer hors route. Plus d'un demi-siècle plus tard, cette définition décrit parfaitement la nature de la nouvelle Ducati Scrambler. Sa construction est particulièrement simple et fait appel à un V-Twin refroidi par air (emprunté à l'ancienne Monster 796) prenant place dans un cadre en acier tubulaire. Des éléments de suspension très basiques sont utilisés à l'avant et à l'arrière et, outre l'ABS, il n'y a aucune aide électronique et aucun gadget.

La surprise

Techniquement, la Scrambler est donc plutôt anonyme. Produisant 75 modestes chevaux, elle s'adresse en principe à une clientèle novice, voire intermédiaire, mais décidément pas experte. Et pourtant, dès les premiers instants à ses commandes, même le chroniqueur difficile, grincheux et blasé rédigeant ces lignes s'est avoué franchement surpris par le plaisir de pilotage retiré de la nouvelle Ducati. Il ne s'agit pas d'un agrément provenant de performances fortes ou d'un comportement impeccable, mais plutôt d'une nature tellement simple et joueuse qu'elle semble ramener en enfance quiconque en prend le guidon. La Scrambler est incroyablement facile à piloter, extraordinairement maniable et animée par un moteur petit, mais génial.

Mission d'initiation

Physiquement, la Scrambler remplit très bien sa mission d'initiation. Sa selle est très basse, son poids est très faible, sa minceur est extrême et ses accélérations sont tout sauf intimidantes. Malgré tous ces aspects, son pilotage amuse franchement. Même la position de conduite fait sourire. Elle est inhabituelle, mais tellement simple et naturelle qu'on se demande pourquoi toutes les motos ne l'offrent pas. Quant aux performances, même si elles sont loin d'être spectaculaires, elles s'avèrent étonnamment plaisantes grâce à la poussée immédiate permise par le couple abondant du V-Twin. La sonorité de ce dernier est un peu discrète, mais il est généralement doux et tremble juste assez pour rappeler qu'il s'agit d'un bicylindre en V.

Un vrai jouet

L'environnement où la Scrambler est peut-être la plus amusante, c'est sur une route très sinueuse. Grâce à sa position qui donne une grande sensation de contrôle, à sa légèreté de direction extrême, à sa grande minceur et à sa très faible masse, elle se laisse manier avec une facilité stupéfiante et sans jamais réserver de mauvaises surprises. Sa précision n'est pas parfaite et la nature simpliste des suspensions n'en fait pas une moto qu'on sent «sur un rail», mais étrangement, dans ce cas, ces imperfections se transforment en irrésistible charme. Les capacités hors route sont limitées, mais sur une route de terre ou de gravier, la Scrambler trouve encore le moyen de franchement amuser.

Bien plus qu'un accessoire de hipster

La Scrambler est plus qu'une gentille petite moto d'entrée de gamme. Il s'agit d'un petit concentré de plaisir sur deux roues. Elle est un rappel que la simplicité a non seulement toujours sa place dans l'univers de plus en plus complexe de la moto, mais aussi qu'elle gagnerait décidément à être redécouverte. Ducati a accompagné le dévoilement de la Scrambler d'une campagne de marketing immense visant surtout à attirer les hipsters. Mais la nouvelle petite italienne est beaucoup plus qu'un accessoire pour jeunes barbus et tatoués. C'est une des motos les plus plaisantes du moment.

- Les frais de transport et d'hébergement ont été payés par Ducati.

Photos fournies par Joe Salas et Andrew Wheeler

La Ducati Scrambler 2015

Photos fournies par Joe Salas et Andrew Wheeler

La Ducati Scrambler 2015

Fiche technique

• Marque: Ducati

• Modèle: Scrambler

• Prix: Scrambler Icon: 9395$ (Scrambler Urban Enduro/Full Trottle/Classic: 10 995$)

• Garantie: 2 ans/kilométrage illimité

• Moteur bicylindre en V de 803 cc refroidi par air

• Transmission à 6 rapports, entraînement final par chaîne

• Poids (tous pleins faits) 186 kg

• Frein avant 1 disque avec étrier à 4 pistons et ABS

• Frein arrière 1 disque avec étrier à 1 piston et ABS

• Pneu avant 110/80-18

• Pneu arrière 180/55-17