Le constructeur de motos américaines Harley Davidson, qui traverse une passe difficile, a averti mardi que la guerre commerciale entre les États-Unis et ses partenaires allait rogner ses marges de profit en 2018.

Harley-Davidson a surpassé les attentes des analystes à Wall Street grâce à de bonnes ventes à l'étranger, notamment en Europe. Mais les expéditions ont baissé de 11 % au deuxième trimestre et la direction a averti que les nouveaux tarifs européens allaient rogner les marges à l'avenir.

La célèbre marque de motos, née il y a 115 ans, a abaissé son objectif annuel, disant ne plus s'attendre qu'à enregistrer une marge opérationnelle comprise entre 9% et 10% «en raison de l'impact attendu des tarifs douaniers». L'objectif était de 9,5% à 10,5% précédemment.

Pour compenser la stagnation de ses ventes en Amérique du Nord, Harley a adopté une stratégie d'exportation vers d'autres marchés, notamment l'Europe. Cette stratégie est compromise par le déclenchement par le président Donald Trump d'une guerre de tarifs avec l'Union Européenne.

Depuis le 22 juin, l'Union européenne a répliqué aux tarifs américaines en frappant une série de produits typiquement américains de droits de douane supplémentaires. C'est le cas de Harley-Davidson dont le siège est à Milwaukee (Wisconsin), l'État de différents ténors républicains, dont le chef des républicains à la Chambre des représentants Paul Ryan.

2200 $ de taxes supplémentaires par moto

Les taxes douanières européennes sont ainsi passées de 6% à 31% pour les produits de la marque entrant sur le marché européen, ce qui renchérit le prix au détail de chaque véhicule de 2200 dollars.

Le groupe a décidé pour le moment d'en supporter le coût au lieu d'augmenter le prix de ses motos et va également délocaliser une partie de sa production pour échapper à ces taxes.

Menacé de représailles par le président Donald Trump, Harley-Davidson a confirmé mardi qu'il allait dévoiler un plan de relance le 30 juillet qui détaillerait ses nouveaux sites de production.

Les marchés internationaux et en particulier l'Europe sont incontournables pour Harley-Davidson, dont les ventes sont en déclin aux États-Unis.

Au deuxième trimestre, les livraisons de motos ont plongé de 6,4% à 46 490 unités aux États-Unis, alors qu'elles ont augmenté de 0,7% à 31 938 exemplaires à l'international.

La progression est de 0,8% en Europe, région où Harley-Davidson veut séduire la génération des milléniaux (17-35 ans). Sa part de marché y a augmenté de 0,9% à 10,4%, alors qu'elle a diminué aux États-Unis à 48,4% contre 50,4% il y a un an.

Les résultats des prochains mois devraient davantage refléter le réel impact de la guerre commerciale sur Harley-Davidson car les nouvelles taxes douanières ne sont entrées en vigueur qu'une semaine avant la fin du deuxième trimestre.

Le groupe a dégagé un bénéfice net trimestriel de 242,3 millions de dollars, en baisse de 6,4% sur un an, pour un chiffre d'affaires de 1,71 milliard, en recul de 3,4%.