Le caoutchouc et le pétrole ont au moins deux choses en commun: leur demande augmente et ils coûtent de plus en plus cher. Comme ce sont les deux principales matières premières des pneus, devinez quel effet cela aura sur leurs prix. L'homme qui prendra bientôt la tête du fabricant de pneus Michelin affirme que le prix du caoutchouc et des autres matières premières est tel que la compagnie n'a «jamais vécu une pression aussi forte».

Des hausses du prix des pneus sont à prévoir, ce qui pourrait contribuer à une hausse des prix des voitures neuves.

Le directeur des finances Jean-Dominique Senard a été désigné futur président de Michelin vendredi dernier, durant l'assemblée annuelle des actionnaires du groupe industriel français à Clermont-Ferrand. Durant son allocution aux actionnaires, il a chiffré l'impact financier de l'inflation des matières premières: plus de 2,4 milliards de dollars canadiens en coûts supplémentaires en 2011, une pression qu'il a qualifiée d'«incroyable».

Ce n'est pas la première année où Michelin et les autres fabricants de pneus doivent composer avec des matières premières coûtant plus cher. Michelin, jusqu'à présent a toujours défendu avec succès ses prix et ses marges de profit, refusant pour l'essentiel de céder à l'exemple de certains concurrents. Cela avait été un sujet exhaustivement discuté durant l'assemblée annuelle de 2010.

Les pneus d'hiver plus chers à l'automne

Le journal économique parisien Les Échos rapporte que Michelin a déjà affirmé en avril dernier qu'il refilerait ses augmentations de coûts aux consommateurs. L'agence Reuters rapporte que Michelin a déjà augmenté le prix de ses pneus de camions au début de mai. La décision d'un gros joueur comme Michelin d'augmenter éventuellement ses prix aux constructeurs d'automobiles sera sûrement imitée par d'autres grands fabricants et cela sera un autre facteur contribuant à une hausse des prix des voitures neuves.

Au Québec, on devrait aussi, logiquement, voir une différence dans le prix des pneus d'hiver, l'automne prochain.

Selon Reuteurs, le prix du caoutchouc est retombé de 20% par rapport au record de février dernier (6,40$ US par kg), à la suite du séisme japonais et de son impact sur la fabrication de voitures dans ce pays. Les spéculateurs craignent aussi un essoufflement du marché chinois. Mais le prix est toujours bien plus haut que le niveau de l'an dernier à la même date, environ 3$ par kilo. Et la tendance lourde est à la hausse.

Selon le futur No 1 de Michelin, l'offre en caoutchouc n'est pas un soucis pour l'avenir. Il estime que de nombreuses plantations relativement récentes vont arriver d'ici peu à maturité. Par contre, la volatilité du prix est une source de préoccupation.

Sources: Les Échos; Reuters