La défense Lincoln, c'est le titre d'un roman, d'un film, mais aussi du plan de redressement de la Ford Motor Company. Pour l'heure, ce n'est qu'un plan. «Un autre», diront les cyniques? C'est vrai. Les précédents ont tous échoué. Lamentablement.

Il faut savoir en effet que ce n'est pas la première fois que Ford cherche à redémarrer cette marque dont on ne saisit plus très bien aujourd'hui la raison d'être. En fait qu'est-ce qu'une Lincoln? De récente mémoire, on se souvient vaguement du succès monstre du Navigator dans les années 90 et encore.

Alors que toutes les autres marques de luxe ratissent l'ensemble de la planète pour satisfaire tous les Crésus, Lincoln, elle, se limite au seul territoire nord-américain. La marque de prestige de Ford ne rêve plus, depuis longtemps, de conquérir le monde. Pourtant, à certaines époques, elle disposait d'un catalogue de modèles, susceptibles de bien la représenter en plusieurs endroits du globe. Une occasion ratée. Une autre.

En lieu et place, Lincoln a cherché à se définir comme l'unique représentante des valeurs traditionnelles américaines en matière de luxe et de raffinement. C'est-à-dire? On n'en sait trop rien.

À sa défense, Lincoln a eu du mal à se positionner dans la galaxie Ford. Rappelez-vous l'époque pas si lointaine où la marque à l'ovale bleu comptait dans ses rangs d'autres marques bien plus prestigieuses à l'échelle internationale. C'était l'époque de PAG (Premier Automotive Group) qui regroupait alors Aston Martin, Jaguar, Land Rover et Volvo. Lincoln a perdu ses repères et vu ses ventes péricliter. De 193 009 unités produites en 2000 à moins de 85 000 aujourd'hui. Changement d'appellation de certains modèles (retour des initiales MK), codes esthétiques rajeunis et vente des éléments d'actif de PAG, rien n'a freiné la vertigineuse descente de Lincoln. Tous les plans de relance ont été des échecs.

On comprend pourquoi le «nouveau» plan de relance de Lincoln est accueilli avec autant de scepticisme aujourd'hui. Pourtant, celui-ci apparaît des plus réalistes. On ne rêve plus de conquérir le monde, ni de créer des architectures complexes et singulières. Les Lincoln de demain partageront les plateformes mécaniques de Ford, abandonneront les moteurs V8 et iront jusqu'à soulever leur capot à des mécaniques quatre-cylindres. D'ailleurs, pas plus tard qu'en 2014, Lincoln lancera sur le marché un multisegment compact de la taille des Mercedes GLK et Audi Q5 (nom de code MKC) dérivée de l'actuelle Focus... Une compacte de luxe se trouve aussi sur les tables à dessin de Max Wolff, un Australien de 39 ans, chargé de redéfinir l'identité visuelle des futurs produits de la marque américaine.

Mais d'ici là, Lincoln entend retrouver les feux des projecteurs dès le prochain salon automobile de Los Angeles au mois de novembre prochain. À cette occasion, la filiale de luxe de Ford entamera la première phase de sa renaissance en revisitant la plastique de ses MKS et MKT. Toutes deux inaugureront les nouveaux codes esthétiques de la marque. Dans la foulée, deux autres produits - MKZ et Navigator - seront renouvelés à leur tour. On a hâte de voir!

Question mystère

Qui fut le premier président des États-Unis à utiliser une Lincoln comme véhicule officiel?

Photo fournie par Ford

Max Wolff, l'homme chargé de revitaliser limage de Lincoln.

Photo archives Ford

La Lincoln Continental Coupe de 1940.