Les salons se suivent et finissent par tous se ressembler, hélas. Même celui de Francfort, toujours impressionnant par sa diversité et sa superficie, ne peut échapper à ce désolant constat. Rien de vraiment nouveau, que du ressassé. Tenez, par exemple, toutes ces avant-premières mondiales présentées avant l'heure. Pourquoi les couvrir d'un voile jusqu'au moment de leur présentation officielle? Qu'est-ce qu'elles avaient encore à cacher? Très peu de choses, en fait. Un petit détail, tout au plus. D'ailleurs, parmi les quelque 8500 journalistes présents, plus des deux tiers connaissaient par coeur les caractéristiques des Porsche 911, Mercedes Classe B, Ferrari 458 Italia Spyder ou Mazda CX-5 alors qu'elles étaient toujours drapées.

Les nouveautés ne se dévoilent plus dans un salon, elles ne font que s'y produire avant que les usines ne vomissent leur production. Pour la presse spécialisée, l'effet-surprise n'existe plus depuis sans doute le dévoilement (ici le mot est bien choisi) de la Citroën DS en 1955... Pour preuve, quelques jours avant la tenue de cette grand-messe, Mini nous conviait déjà à prendre le volant de son Coupé. N'eût été l'embargo imposé aux essayeurs, peut-être auriez-vous eu, vous aussi, cette impression de déjà-vu. Et ne vous y trompez pas, la filiale britannique de BMW n'est pas la seule à agir ainsi. Ils le font tous, sans exception.

L'intérêt de cette grande fête de l'automobile se trouvait forcément ailleurs, mais où? Dans les prototypes? Certains avançaient des idées originales pour assurer notre mobilité urbaine et se conformer à des normes environnementales de plus en plus strictes comme les Audi Urban Concept, BMW i3 ou encore Volkswagen Nils. D'autres, plus réalistes, nous font espérer que leur calandre reniflera l'odeur de l'asphalte et non la poussière des musées. Parmi ceux-là, mon coup de coeur de ce salon: l'Alfa Romeo 4C Concept. Il s'agissait de la deuxième version de ce prototype (NDLR: la première a été présentée à Genève, l'hiver dernier) appelé à connaître les joies de la production en série. Forcément plus aboutie, cette 4C promet de commander la troupe Alfa dans sa reconquête de l'Amérique. Les amateurs de la marque milanaise et de pilotage en rougissent d'envie. Sur papier, cette italienne s'annonce admirable en tout. Son moteur 1,7 litre placé en position centrale lui assurera - c'est certain - l'agilité d'une toupie et son poids contenu (900 kilogrammes) applique à la lettre le mantra du créateur de Lotus, Colin Chapman, qui disait: «Light is right.»

J'ai craqué pour la 4c Concept, mais aussi pour l'Aston Martin Zagato à la fois belle et monstrueuse. Pour l'élégante Citroen DS5, sans oublier cette réincarnation de la Lancia Stratos (www.newstratos.com).

En quittant les allées des grands constructeurs, ce salon comporte plusieurs surprises. Le préparateur allemand Brabus (auteur d'une version spéciale de la Smart vendue chez nous) était l'un de ceux-là. Sur son stand, une Classe E alimentée par quatre moteurs-roues. J'ai eu beau regarder de près, le logo d'Hydro-Québec ne s'y trouvait pas.

Photo AFP

Le concept Alfa Romeo 4C, coup de coeur de notre chroniqueur au Salon de Francfort.

SERAIT-ON JALOUX, CHEZ PORSCHE?

«Mais il est grotesque, ce camion.» Première réaction à chaud d'un responsable de Porsche en découvrant le Maserati Kubang. Et d'en ajouter une couche: «Ce projet est voué à l'échec.» Ne disait-on pas la même chose du Cayenne lors de son lancement en 2002?

Photo AP

Le Maserati Kubang, une riposte non-voilée du constructeur italien à l'endroit de Porsche et de son Cayenne.